Alice Viterbo, née Lumbroso est cantatrice et a chanté à l’Opéra de Paris. À la suite d’un accident d’automobile quelques années avant la guerre, elle est amputée d’une jambe et porte une prothèse. Elle est obligée de renoncer à la scène. elle ouvre un cours de chant et de diction à Paris.

Alice Viterbo arrive au fort de Romainville le 15 décembre 1942. Les survivantes croient se souvenir qu’elle appartenait à un réseau gaulliste.

D’après Charlotte Delbo : « Elle ne se plaignait jamais, marchait sans canne dans les chambrées, chantait, crane. »

Et elle ajoute : « Et même si elle avait dit au commandant du fort qu’elle était unijambiste, il ne l’aurait pas rayée de la liste au départ. »

Alice Viterbo a été prise à la course du 10 février 1943. elle faisait un effort surhumain pour courir. Elle était entraînée par Hélène Solomon sur qui elle s’appuyait. Il était déjà extraordinaire qu’elle ai pu tenir tout au long de cet appel général, depuis trois heures du matin, en plein hiver polonais. elle est tombée, a été tirée hors du rang et jetée au block 25, l’antichambre de la mort.

Alice Viterbo a duré au block 25 plus qu’aucune autre. Elle est restée droite. Pendant des jours, ses camarades du convoi l’ont vue au grillage de la fenêtre.

Marie-Claude Vaillant-Couturier se souvient de l’avoir encore vue après qu’elle-même avait été prise comme secrétaire au revier, c’est-à-dire après le 24 février. Alice Viterbo a dû mourir le 25 ou le 26 février.

Alice Viterbo n’avait pas de famille. Elle avait donné à Marie-Claude Vaillant-Couturier l’adresse d’amis à Paris. Mais après le typhus, Marie-Claude n’a pu se souvenir de leur nom.

Alice Viterbo est un exemple de grand courage.

Source

- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier – pages 288-289