Suzanne, Mélanie, Clotilde, Potet naît le 1er avril 1894 à Hamelet « par Corbie », 15 km à l’Est d’Amiens (Somme), où ses parents sont bonnetiers. Elle a deux frères et une sœur. Elle va à l’école communale à Hamelet jusqu’au certificat d’études.
Le 20 avril 1914 à Hamelet, Suzanne se marie avec Alexis Camille Petit, né le 17 juillet 1889 à Hamelet. Quatre mois plus tard, le 1er août 1914, l’Allemagne mobilise et déclare la guerre à la Russie. Dans le cadre d’un jeu d’alliances croisées, le gouvernement français décrète la mobilisation générale le même jour à 16h. L’Allemagne déclare la guerre à la France le 3 août. Camille Petit est mobilisé sur le premier front de guerre. Caporal au 254e régiment d’infanterie, il est tué à Cumières (Meuse) en août 1914. Bien qu’ayant eu rapidement connaissance de la mort de son époux, Suzanne ne sera reconnue veuve de guerre que le 23 mai 1916.
- Le nom de Camille Petit – premier époux de Suzanne –
sur la plaque commémorative (1914-1918)
apposée dans la mairie d’Hamelet.
Après l’armistice, les hommes valides ne sont plus nombreux dans les villages, encore moins dans sa région, théâtre des tristement célèbres et meurtrières « Batailles de la Somme ».
Le 29 mars 1921 à Hamelet, Suzanne épouse Henri, Théodule, Albert, Maillard, né le 9 avril 1883, à Cavron-Saint-Martin (Pas-de-Calais), menuisier-ébéniste, son aîné de onze ans et lui-même ancien combattant [1]. Il vient de divorcer d’avec Marie Anne Brefort, épousée le 21 avril 1909 à Boulogne-sur-Mer, avec qui il a eu une fille, Anne Marie, née le 17 février 1910 (âgée de 32 ans et demeurant à Lille au moment de l’arrestation de son père).
- Henri et Suzanne.
Collection Pascal Maillard. Droits réservés.
Henri et Suzanne Maillard déménagent ensuite en banlieue parisienne. Henri s’installe comme artisan menuisier d’Art et de Bâtiment, spécialité dans les escaliers.
- Collection Pascal Maillard. Droits réservés.
Son atelier est installé à l’arrière de la maison qu’ils font construire au n°1, allée du Plateau de Gagny à Gagny [2] (Seine-Saint-Denis) et au n°25, allée des Châlets, à Clichy-sous-Bois (la maison fait l’angle des deux rues, à la limite des deux communes).
- Collection Pascal Maillard. Droits réservés.
C’est là que naît leur fils, Vladimir, Henri, le 17 juin 1930.
Suzanne est ouvrière dans un atelier de fabrication de fleurs en tissu et papier (elle est déclarée sans profession au moment de son arrestation). Vladimir va à l’école communale de Gagny.
- On peut supposer que les fleurs qui ornent le vélo
de Vladimir ont été confectionnées par Suzanne…
Collection Pascal Maillard. Droits réservés.
À l’approche de la guerre, les commandes de l’atelier de menuiserie s’effondrent. Les factures impayées et l’absence de revenus poussent Henri vers la faillite : il est contraint de vendre sa maison et l’atelier pour une bouchée de pain.
Vers juin 1941, la famille déménage pour s’installer dans une maison en location au 3, rue Guerbette, proche de la gare par la rue Clémenceau.
Officiellement, Henri installe un atelier de menuiserie dans la cave du pavillon. Il trouve du travail chez un autre artisan, puis comme employé dans les ateliers communaux de Gagny.
Dans des circonstances restant à préciser, les Maillard ont rejoint le Front national [3]. Ils hébergent au moins un militant clandestin qui émet depuis leur pavillon « à l’aide de postes de TSF des messages et mots d’ordre destinés aux éléments communistes », en l’occurrence des textes souvent “chiffrés” amenés à leur domicile, « presque journellement », par Alice Boulet, agent de liaison venue de Paris en prenant le métro jusqu’au terminus Mairie de Montreuil, puis par autobus.
À la mi-mars 1942, exploitant des informations obtenues lors des enquêtes ayant précédé et suivi les arrestations de l’affaire Pican-Cadras, des inspecteurs de la brigade spéciale 1 (BS1) des Renseignements généraux de la préfecture de police commencent la filature d’un résistant qu’ils désignent provisoirement comme « Ambroise », du nom de la rue Saint-Ambroise (Paris 11e) où il a été repéré la première fois, alors qu’il rencontrait le responsable non-identifié (?) d’un atelier de gravure situé au 81 rue Saint-Maur (situé peut-être dans l’arrière-cour), entre la rue Saint-Ambroise et l’avenue de la République. Onze policiers en civil suivent alors tous les contacts qui s’enchaînent entre militants et artisans clandestins, repérant notamment les adresses où ceux-ci pénètrent (les “logeant”). Sans le savoir, Arthur Tintelin met d’abord les inspecteurs sur la piste de l’appareil technique de propagande du Parti communiste clandestin, le réseau des “imprimeurs”, plus précisément sur les ateliers de gravure et de photogravure qu’il coordonne et dont il rémunère les artisans. Puis, d’autres filatures permettent aux inspecteurs de repérer différentes ramifications de l’organisation clandestine, pour lesquelles le couple Pitiot (considéré comme “charnière”) sert d’agents de liaison ; Renée, pour la “branche technique“, Gustave, pour la “branche politique”.
Repérée par des inspecteurs de la BS 1 des R.G. le 30 avril 1943 lors d’un rendez-vous avec Jacqueline Quatremaire, Alice Boulet est également prise en filature, permettant aux policiers de “loger” les Maillard.
Dans la nuit du 17 au 18 juin 1942, le commissaire Fernand David, chef de la brigade, déclenche le vaste “coup de filet” policier concluant trois mois de surveillances et filatures par l’arrestation d’une soixantaine de personnes, appartenant soit au réseau des “imprimeurs”, soit à celui des Jeunesses communistes clandestines de la région parisienne.
Le 18 juin 1942, le couple Maillard et leur jeune fils sont arrêtés par des inspecteurs de la BS 1 qui font irruption chez eux à cinq heures du matin. Au cours de leur perquisition, les policiers n’ont pas besoin de beaucoup chercher pour trouver un appareil manipulateur (permettant l’envoi de messages en morse ?), deux postes émetteurs à ondes courtes, un dans l’entrée, un autre dans la cuisine, l’antenne extérieure pouvant émettre jusqu’à 35 km à la ronde. Par chance, les Maillard n’ont pas d’hôte clandestin ce jour-là.
Aux Renseignements généraux, les policiers décident d’envoyer Vladimir, âgé de douze ans, chez sa grand-mère maternelle, à Hamelet. En l’embrassant, Henri Maillard dit à son fils : « Regarde-moi bien, et souviens-toi que tu as devant toi un honnête homme. ».
Le 20 juin, le couple Maillard est envoyé au Dépôt.
Le 25 juin, détenue dans la « cellule 15 », Suzanne écrit « au Directeur » pour solliciter la possibilité d’être escortée jusqu’à son domicile afin d’y prendre du linge propre et des affaires de toilette ; suite inconnue… Le lendemain, détenue dans la « cellule 14 », Alice Boulet formulera la même demande écrite.
Le 13 juillet, le commissaire principal David demande au service de l’identité judiciaire de mesurer et photographier (méthode Bertillon) soixante-quatre personnes de l’affaire Tintelin détenues au Dépôt ; Henri Maillard passe devant l’appareil le 14 août, et Suzanne le lendemain.
- Photo anthropométrique
prise par le service de l’identité judiciaire le 15 juillet 1942.
© Archives de la préfecture de police, Paris. Droits réservés.
Le 22 juillet, le dossier de procédure “Tintelin et autres” est transmis au SIPO-SD (police de sûreté nazie) de Paris, 11 rue des Saussaies.
Le 5 août 1942, trois membres de la M.O.I. (Main-d’Oeuvre immigrée) lancent deux grenades sur des militaires allemands qui s’entraînent au stade Jean-Bouin (Paris 16e) : deux d’entre eux sont tués, et vingt sont blessés, dont cinq grièvement. Cet attentat est le plus meurtrier commis à Paris durant l’Occupation.
Le 10 août, par mesure de représailles, Carl Oberg, chef supérieur de la SS et de la police (HSSPf) en France décide l’exécution de quatre-vingt-treize otages sélectionnés en différents lieux de détention ; pour différentes raisons, cinq ne pourront pas l’être.
Le même jour, 10 août, Suzanne Maillard fait partie du groupe des détenues de son affaire – dont dix-neuf femmes déportées avec elle – mises à la disposition des Autorités allemandes et transférées au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas [X] (Seine / Seine-Saint-Denis), premier élément d’infrastructure du Frontstalag 122, gardé par la Wehrmacht.
Elle est la première des futures “31000” enregistrées ce jour-là, avec le matricule 606.
Le lendemain 11 août, après avoir été rassemblés pendant la nuit au fort de Romainville, 88 hommes sont conduits au fort du Mont-Valérien, sur la commune de Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine), pour y être fusillés dès l’aube ; parmi eux, trente hommes extraits du Dépôt, des membres du réseau des imprimeurs et de celui de jeunes communistes parisiens (Affaire Ambroise/Tintelin), dont Henri Maillard… Les corps sont incinérés et les urnes funéraires dispersées dans différents cimetières.
Ce jour-là, le journal collaborationniste Le Matin publie un « Avis » signé d’un responsable SS : « Malgré plusieurs avertissements, le calme a de nouveau été troublé sur certains points de la France occupée. Des attentats ont été perpétrés contre des soldats allemands par des terroristes communistes à la solde de l’Angleterre. […] J’ai en conséquence, fait fusiller 93 terroristes qui ont été convaincus d’avoir commis des actes de terrorisme ou d’en avoir été complices ».
Le 22 janvier 1943, Suzanne Maillard est parmi les cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne : leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquant « 22.1 Nach Compiègne uberstellt » (transférée à Compiègne le 22.1). Le lendemain, un deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du Fort qui les y rejoint, auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention (sept de la maison d’arrêt de Fresnes et une du dépôt de la préfecture de police). À ce jour, aucun témoignage de rescapée du premier transfert n’a été publié concernant les deux nuits et la journée passées à Royallieu, et le récit éponyme de Charlotte Delbo ne commence qu’au jour de la déportation… Mais Betty Jégouzo confirme ce départ en deux convois séparés, partis un jour après l’autre du Fort de Romainville. Toutes passent la nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur C du camp.
Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille. Comme les autres déportés, la plupart d’entre elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte, dans l’entassement du wagon et les secousses des boggies (ces mots ne sont pas toujours parvenus à leur destinataire).
En gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir. Le train y stationne toute la nuit. Le lendemain matin, après avoir été descendues et alignées sur un quai de débarquement de la gare de marchandises, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) où elles entrent en chantant La Marseillaise.
Il n’existe pas de certitude absolu concernant le numéro matricule sous lequel Suzanne Maillard y est enregistrée (probablement le 31627, selon une correspondance avec l’enregistrement au fort de Romainville). Le matricule de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche.
Pendant deux semaines, elles sont en quarantaine au Block n° 14, sans contact avec les autres détenues, donc provisoirement exemptées de travail dans les Kommandos.
Le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration, pour y être photographiées selon les principes de l’anthropométrie : vues de trois-quart, de face et de profil (la photo d’immatriculation de Suzanne Maillard n’a pas été retrouvée).
Le 12 février, les “31000” sont assignées au Block 26, entassées à mille détenues avec des Polonaises. Les “soupiraux” de leur bâtiment de briques donnent sur la cour du Block 25, le “mouroir” du camp des femmes où sont enfermées leurs compagnes prises à la “course” du 10 février (une sélection punitive). Les “31000” commencent à partir dans les Kommandos de travail.
Suzanne Maillard meurt de dysenterie au Revier (“hôpital”) [6] de Birkenau, le 14 mars 1943, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Ch. Delbo indique la mi-avril), avec comme cause mensongère « Grippe bei Herzschwäche » (grippe due à une faiblesse cardiaque).
La maman de Suzanne et le jeune Vladimir apprennent la terrible nouvelle par un courrier de Christiane Charua/Borras daté du 27 octobre 1945 (celle-ci signe également l’attestation nécessaire aux démarches administratives). La nouvelle se répand très vite dans le petit village d’Hamelet, soulevant une telle émotion dans la population que le Conseil Municipal décide rapidement d’attribuer le nom de Suzanne Potet à l’une des rues du village.
- …à Hamelet.
Déclaré orphelin avant ses quinze ans, le conseil familial réuni au Tribunal pour enfants décide de confier Vladimir à son oncle Raoul, frère aîné de Suzanne, qui habite à Amiens. À partir de ce jour, le garçon abandonne son premier prénom et prend celui de son père, pour lui rendre hommage. Il tourne aussi cette triste page de son histoire et fondera une nouvelle famille quelques années plus tard, avec Gilberte qu’il épouse en 1951.
Mais le jeune Henri n’est pas au bout de ses peines : la propriétaire de la maison qu’il occupait avec ses parents réclame les loyers impayés entre la date de leur arrestation et celle où les époux Maillard ont été officiellement reconnus décédés et victimes de guerre. Cette procédure éprouvante durera plusieurs années avant qu’il obtienne gain de cause. Et, bien qu’il soit reconnu comme “Orphelin de guerre” et “Pupille de la Nation”, il devra encore se battre jusqu’en 1963 pour faire valoir ses droits à l’indemnisation allemande, devant sans cesse prouver son identité, celle de ses parents et la réalité de leurs activités dans la Résistance. Il n’obtiendra pour sa mère qu’une carte de déportée politique (non reconnue comme Résistante).
Brillant linotypiste, il est rapidement sollicité pour travailler au quotidien Le Courrier Picard, créé à la libération par quelques résistants amiénois et géré en coopérative ouvrière. Il y travaillera toute sa vie.
Henri Maillard décède en 1989, à 59 ans (au même âge que son père), profitant bien peu de sa préretraite. Son épouse, Gilberte, profondément chagrinée par sa disparition, décède quelques années plus tard.
« Jamais, dans notre vie, mes frères et ma sœur n’avons pu lui poser les questions, si importantes pour nous, sur l’histoire de nos grand-parents. C’était le passé, il était interdit d’en parler. Pour nous cacher sa terrible histoire et sa grande peine, il nous à inondait de bonheur. À aucun moment de notre vie, nous n’avons manqué de quoi que ce soit. J’ai tout de même bravé cet interdit en cachette, sans qu’il en soit au courant, et j’ai pu retrouver de précieux renseignements sur l’histoire de la famille Maillard à Gagny. Il n’y a que quelques années seulement que j’ai découvert, après des recherches, le cimetière de Thiais, là où repose mon grand-père. » Pascal Maillard
Après son exécution au Mont-Valérien, le corps d’Henri Maillard (père), fut incinéré au cimetière du Père-Lachaise et ses cendres furent transportées au cimetière parisien de Thiais. Pour honorer la mémoire des fusillés du Mont Valérien qui y reposent, le Souvenir Français a édifié et entretient constamment leurs tombes, ainsi que la stèle en marbre sur laquelle est gravé « ICI REPOSENT 18 PATRIOTES FUSILLES PAR L’OCCUPANT MORTS POUR LA FRANCE EN 1942 ».
En octobre 1945, encore dans le doute concernant le sort de Suzanne et souhaitant honorer la mémoire de son mari, le conseil municipal de Gagny décide d’attribuer le nom de Henri Maillard, “Mort pour la France”, à l’ancienne rue Brodelet [7].
- Plaque de la rue Henri Maillard, à Gagny.
Plus récemment, le gouvernement français a fait édifier au Mont-Valérien un monument commémoratif portant les noms de tous les résistants et otages qui y donnèrent leur vie pour la France et la liberté entre 1940 et 1944. Inauguré le 20 septembre 2003 dans l’enceinte du fort militaire face à la chapelle, ce monument est une énorme cloche en bronze sur laquelle sont inscrits en relief les noms des 1006 fusillés.
Les noms de Henri et Suzanne Maillard sont gravés sur la stèle dédiée par « La Ville de Gagny à ses morts glorieux 1939-1945 » et apposée dans le cimetière, rue du général Leclerc (anciennement rue de Montfermeil).
- Dans le cimetière communal de Gagny, juillet 2008.
Suzanne Maillard est déclarée “morte en déportation” à l’état civil (JORF n° 163 du 16 juillet 1994).
IV A. Action Stadion Conc. Extrait de la liste d’otages, traduction de l’Allemand
NOM : Maillard
PRÉNOM : Henri, Théodule, Albert
DATE DE NAISSANCE : 9.4.1883
LIEU DE NAISSANCE : Caveron-Saint-Martin (sic) (P.-de-C.)
ADRESSE : 3, rue Guerbette, Gagny
PROFESSION : Menuisier
SITUATION DE FAMILLE : Marié
ENFANTS – NOMBRE : 1 — ÂGES : 12 ans
NATIONALITÉ : Français
RACE : Aryen
ARRÊTÉ LE : 20.6.1942 À : Paris (sic)
RAISONS DE L’ARRESTATION : Aide apportée à des communistes
AUTORITÉ QUI A ORDONNÉ L’INCARCÉRATION : Préfecture de Police
AUTORITÉ COMPÉTENTE PENDANT L’INCARCÉRATION : IV A 1
INCARCÉRÉ À : Dépôt de la Préfecture de Paris
RAISONS DE LA DÉSIGNATION COMME OTAGE
PASSÉ ET ACTIVITÉS POLITIQUES : M. fut arrêté parce qu’il recevait presque quotidiennement à son appartement la visite de la communiste Boulet. Il est accusé d’avoir aidé celle-ci dans ses activités communistes. (Cf. Opération IV A 4452/42. Action Ambroise.) (mention manuscrite Fusillé le 11.8.1942.
MAILLARD Henri, Théodule, Albert, né le 9 avril 1883, à Caveron-Saint-Martin (sic) (P.-de-C.), menuisier, demeurant 3, rue Guerbette, à Gagny (S.-et-O.), pour détention de deux postes émetteurs clandestins de radio. En outre, il était en liaison avec des militants communistes réfugiés dans l’illégalité (Affaire Tintelin).
Notes :
[1] Henri Maillard est adhérent à l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC).
[2] Gagny : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[3] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN”, jusqu’à son changement d’appellation le 1er juin 2018).
[4] Suresnes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne” (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[5] Les Lilas : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne” (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[6] Revier , selon Charlotte Delbo : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. ». In Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24. Le terme officiel est pourtant “hôpital” ; en allemand Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus ou Krakenbau (KB). Dans Si c’est un homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”.
[7] La rue Brodelet : il s’agit de la forme francisée du patronyme d’un riche propriétaire du 19e siècle d’origine anglaise, M. Broadley, habitant Gagny pendant la Restauration, du temps où le baron Roger en était maire. Son épouse, Madame Brodelet, châtelaine du château de Maison-Blanche à Gagny, a laissé à sa mort, en 1820, une rente annuelle de 800 francs destinée à aider les deux sœurs de charité qui assuraient alors les fonctions d’institutrices. Il était courant que la charité des “bienfaiteurs” et “bienfaitrices” envers leur commune de domicile soit ainsi reconnue par la dénomination d’une rue après leur décès. (source : Éric Guichard, Archiviste de la Société Historique du Raincy et du Pays d’Aulnoye)
Sources :
Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), page 189.
Marion Queny, Un cas d’exception : (…) le convoi du 24 janvier, mémoire de maîtrise d’Histoire, Université Lille 3-Charles de Gaulle, juin 2004, notamment une liste réalisée à partir du registre de Romainville (copie transmise par Thomas Fontaine), pages 197, 218.
Archives départementales des Yvelines (78), Montigny-le-Bretonneux : archives de la police de Seine-et-Oise, propagande par TSF (300w48).
Pascal Maillard, leur petit-fils, messages 11-2010 (documents en pièces jointes).
Ministère de la Défense, site SGA – Mémoire des hommes, première guerre mondiale.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrit, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué) ; 120 actes retrouvés pour les « 31000 » ; tome 3, page 760 (15391/1943).
Bureau d’information sur les prisonniers, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau : acte de décès au camp de Suzanne Maillard (15391/1943).
Serge Klarsfeld, Le livre des otages, Les éditeurs français réunis, Paris 1979, page 111.
Site de l’association Mémoire et création numérique, animée par François Tanniou, Alexis Sevaille et Sophie Raoult, Les plaques commémoratives, sources de mémoire (aujourd’hui désactivé – nov. 2013).
Micheline Pasquet, Société d’Histoire de Gagny, Gagny Magazine, mars-avril 2008, page 25 (« Gagny autrefois »).
Micheline Pasquet, Les ouvrières des fleurs de soie à Gagny, article dans La Gazette du site Histoire-Généalogie, juin 2010.
- L’ancien pavillon des Maillard à Gagny,
à la limite de Clichy-sous-Bois, en juillet 2008.
MÉMOIRE VIVE
(dernière modification, le 22-08-2024)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).