Archives de la préfecture de police de Paris. Droits réservés.

Archives de la préfecture de police
de Paris. Droits réservés.

Raymonde, Marcelle, Salez (dite “Mounette) naît le 6 mai 1919, aux Lilas [1] (Seine / Seine-Saint-Denis), chez ses parents, Eugène Salez, 34 ans, serrurier, et Marthe Gadbin, 26 ans, son épouse, couturière, domiciliés au 68 rue de Paris, à proximité de la capitale. Elle est présentée au service de l’état civil par son père, en présence de Jean-Baptiste Gadbin, employé de Tramway. Raymonde a une sœur aînée, Yvonne, née en 1912.

Mounette va à l’école primaire des Lilas jusqu’au brevet élémentaire, puis elle apprend le métier de secrétaire. Pendant un temps, elle habite chez ses parents.

Elle travaille depuis peu quand éclate la Deuxième Guerre mondiale. Mais il y a déjà plusieurs années qu’elle appartient à la Jeunesse communiste. Aussi, dès l’Occupation, elle rejoint l’organisation clandestine qui entraîne la jeunesse dans la lutte contre l’occupant.

En juin 1940, elle trouve un emploi de sténo-dactylo ou comptable aux établissements Le café Hanot, sis au 2 rue Antoine-Bourdelle (Paris 15e).

Le 14 juillet 1941 : manifestation d’étudiants au quartier latin. Une petite jeune fille déplie soudain un drapeau tricolore, qui s’élève au-dessus des têtes, boulevard Saint-Michel. Celle qui tient le drapeau, c’est Mounette.

Paris. Le bas du boulevard Saint-Michel ; on devine le carrefour avec le boulevard Saint-Germain. À droite, la librairie de Paul Boulinier. Carte postale “voyagée” en 1950. Collection Mémoire Vive.

Paris. Au bas du boulevard Saint-Michel ; on devine le carrefour avec le boulevard Saint-Germain.
À droite, la Librairie du Quartier latin de Paul Boulinier, au n° 20 du boulevard et à l’angle de la rue Serpente.
Carte postale “voyagée” en 1950. Collection Mémoire Vive.

Paris. Le haut du boulevard Saint-Michel ; à gauche, le lycée Saint-Louis. Cartes postale “voyagée” après-guerre. Collection Mémoire vive.

Paris. Le haut du boulevard Saint-Michel ; à gauche, le lycée Saint-Louis.
Cartes postale “voyagée” après-guerre. Collection Mémoire vive.

Les agents l’arrêtent. Elle passe vingt-quatre heures au poste central de police du 5e arrondissement, place du Panthéon, avant d’être relâchée. C’est là qu’elle fait la connaissance d’Albert Paul Geusquin, dit “Bob”, né le 7 avril 1921 à Paris 13e, alors domicilié au 114 rue de la Glacière.

Ils se revoient et décident de se mettre en ménage. Le 1er septembre suivant, Raymonde Salez loue sous son nom une chambre au 7e étage du 32 bis rue de la Bidassoa. Peu après, elle quitte son emploi pour se consacrer entièrement à la propagande communiste clandestine.

Selon Charlotte Delbo (source à vérifier) : « Avec son [sic] groupe de jeunes FTP [Francs-tireurs et partisans], elle prend part à l’attaque de la librairie allemande, au coin du boulevard Saint-Michel et de la place de la Sorbonne, au début de 1942. » Cependant, il y a erreur sur la date : c’est le 21 novembre 1941 qu’a lieu l’attentat à la bombe organisée par Pierre Georges, avec six jeunes de l’“Organisation spéciale” (O.S.), contre la Librairie Rive Gauche “franco-allemande” – l’ex-Café d’Harcourt, entre le boulevard Saint-Michel et la rue Champollion, réquisitionné pour la Propaganda Staffel…  La boutique est dévastée : vitrines brisées, matériel et stocks de livres de propagande nazie et collaboratrice détruits.

La place de la Sorbonne, sans doute peu après la Libération. La Librairie Rive Gauche était située à droite. Carte postale non datée, collection Mémoire Vive.

La place de la Sorbonne, sans doute peu après la Libération.
La Librairie Rive Gauche était située à droite.
Carte postale non datée, collection Mémoire Vive.

Librairie Rive gauche, 1941, Extrait d’un diaporama sur le site du Musée de L’Ordre de la Libération. © MRN/fonds photographique dit du Matin, 1997.

Librairie Rive gauche, 1941,
Extrait d’un diaporama sur le site du Musée de L’Ordre de la Libération.
© MRN/fonds photographique dit du Matin, 1997.

Albert Geusquin quitte leur domicile après l’arrestation de Frezcura (???) le 17 avril, dont le nom avait été prononcé par le “terroriste” Kermen à la prison de la Santé (???).

À la mi-mars 1942, exploitant des informations obtenues lors des enquêtes ayant précédé et suivi les arrestations de l’affaire Pican-Cadras, des inspecteurs de la brigade spéciale anticommuniste (BS1) des Renseignements généraux de la préfecture de police commencent la filature d’un résistant qu’ils désignent provisoirement comme « Ambroise », du nom de la rue Saint-Ambroise (Paris 11e) où il a été repéré la première fois, alors qu’il rencontrait le responsable non-identifié (?) d’un atelier de gravure situé au 81 rue Saint-Maur (situé peut-être dans l’arrière-cour), entre la rue Saint-Ambroise et l’avenue de la République. Onze policiers en civil suivent alors tous les contacts qui s’enchaînent entre militants et artisans clandestins, repérant notamment les adresses où ceux-ci pénètrent (les “logeant”). Sans le savoir, Arthur Tintelin met d’abord les inspecteurs sur la piste de l’appareil technique de propagande du Parti communiste clandestin, le réseau des “imprimeurs”, plus précisément sur les ateliers de gravure et de photogravure qu’il coordonne et dont il rémunère les artisans. Puis, d’autres filatures permettent aux inspecteurs de repérer différentes ramifications de l’organisation clandestine, pour lesquelles le couple Pitiot (considéré comme “charnière”) sert d’agents de liaison ; Renée, pour la “branche technique“, Gustave, pour la “branche politique”.

À la mi-mai, sous un nom d’emprunt, Raymonde Salez déménage, louant une chambre au 203 bis, avenue Daumesnil, près de la place du même nom (aujourd’hui place Félix Éboué) à Paris 12e, 8e étage, couloir de gauche, porte de droite. Elle continue son activité de plus belle.

Le 13 mai, les inspecteurs de la BS 1 la repèrent lors d’un rendez-vous avec Camille Baynac, membre du triangle de direction des Jeunesses communistes de la région parisienne (pseudonyme « André Mallet »), à 15 h 15, à l’angle de la rue Albouy (aujourd’hui rue Lucien Sampaix, Paris 10e). Avant de l’avoir identifiée, les policiers désignent Raymonde comme la « femme Magenta » ; Baynac, dont elle semble être l’agent de liaison, est lui provisoirement nommé « Daumesnil »).

Dans la nuit du 17 au 18 juin 1942, le commissaire Fernand David, chef de la BS1, déclenche le vaste “coup de filet” policier concluant trois mois de surveillances et filatures par l’arrestation d’une soixantaine de personnes, appartenant soit au réseau des “imprimeurs”, soit à celui des Jeunesses communistes clandestines de la région parisienne.

Le 19 juin 1942, alors qu’elle rentre chez elle au retour d’une mission en zone occupée (selon Ch. Delbo), Raymonde Salez est arrêtée à son domicile par des inspecteurs BS 1. Son fiancé, Albert Gueusquin a échappé au “coup de filet”. Raymonde s’en sent plus légère [2].

Le jour même, Raymonde Salez est interrogée à la préfecture de police par les inspecteurs de la BS 1, , sur deux fausses cartes d’identité, deux tracts imprimés et deux projets manuscrits, trouvés à son domicile, au sujet desquels elle prétend ne pas pouvoir répondre, et refuse de reconnaître sa présence aux les rendez-vous constatés lors des filatures.

Paris. La préfecture de police vue depuis Notre-Dame. Carte postale des années 1900 (le bâtiment est alors la caserne de la Garde républicaine). Coll. Mémoire Vive.

Paris. La préfecture de police vue depuis Notre-Dame.
Carte postale des années 1900 (le bâtiment est alors la caserne de la Garde républicaine). Coll. Mémoire Vive.

Avec les autres femmes de son “affaire”, Mounette est écrouée au dépôt de la préfecture de police, dans la Conciergerie du Palais de Justice, sur l’île de la Cité. Elle s’y trouve le 28 juin, détenue dans la cellule 17.

Le 29 juin, connaissant ses relations avec Albert Gueusquin, désigné par plusieurs camarades torturés, Jean Hénoque, directeur de la brigade anti-terroriste (BS 2) interroge à son tour Raymonde Salez. Celle-ci déclare qu’elle ignorait les actions armées de son ami et que lui ignorait sa propre activité. Le rapport établit est transmis au Sonderkommando Fuer Capital-Verbrechen (IV B.) à l’Hôtel Bradford.

Avec les autres femmes de son “affaire”, Mounette est écrouée au dépôt de la préfecture de police, dans la Conciergerie du Palais de Justice, sur l’île de la Cité. Elle s’y trouve le 28 juin, détenue dans la cellule 17.
Le 13 juillet, le commissaire principal David demande au service de l’identité judiciaire de mesurer et photographier (méthode Bertillon) soixante-quatre personnes de l’affaire Tintelin détenues au Dépôt ; Raymonde Salez passe devant l’appareil le 15 juillet.

Photographie anthropométrique, 15 juillet 1942. Archives de la préfecture de police de Paris. Droits réservés.

Photographie anthropométrique, 15 juillet 1942.
Archives de la préfecture de police de Paris.
Droits réservés.

Le 22 juillet, le dossier de procédure “Tintelin et autres” est transmis par les services de la BS 1 au SIPO-SD (police de sûreté nazie) de Paris, 11 rue des Saussaies. Parallèlement, Raymonde Salez est tenue « à la disposition des autorités allemandes » (Sicherpolizei Dienstelle).

Le 5 août 1942, trois membres de la M.O.I. (Main-d’Oeuvre immigrée) lancent deux grenades sur des militaires allemands qui s’entraînent au stade Jean-Bouin (Paris 16e – quartier Saint-Cloud) : deux d’entre eux sont tués, et vingt sont blessés, dont cinq grièvement. Cet attentat est le plus meurtrier commis à Paris durant l’Occupation.

Entrée du stade Jean Bouin (Paris 16e) dans les années 1940. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Entrée du stade Jean Bouin (Paris 16e) dans les années 1940 ; du côté de l’avenue de la Porte Molitor ?
Carte postale, collection Mémoire Vive.

Le 10 août, par mesure de représailles, Carl Oberg, chef supérieur de la SS et de la police (HSSPf) en France décide l’exécution de quatre-vingt-treize otages sélectionnés en différents lieux de détention ; pour différentes raisons, cinq ne pourront pas l’être.

Le même jour, 10 août, Raymonde Salez fait partie du groupe des détenues de son affaire – dont dix-neuf femmes déportées avec elle – mises à la disposition des Autorité allemandes et transférées au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas [1] (Seine / Seine-Saint-Denis), premier élément d’infrastructure du Frontstalag 122, gardé par la Wehrmacht. Elle y est enregistrée sous le matricule n° 631.

L’unique entrée du Fort de Romainville (Haftlager 122), surplombée par un mirador. © Musée de la résistance nationale (MRN), Champigny-sur-Marne (94).

L’unique entrée du Fort de Romainville (Haftlager 122),
surplombée par un mirador.
© Musée de la résistance nationale (MRN),
Champigny-sur-Marne (94).

Le lendemain 11 août, après avoir été rassemblés pendant la nuit au fort de Romainville, 88 hommes sont conduits au fort du Mont-Valérien, sur la commune de Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine), pour y être fusillés dès l’aube ; parmi eux, trente hommes extraits du Dépôt, des membres du réseau des imprimeurs et de celui de jeunes communistes parisiens (Affaire Ambroise/Tintelin), dont Camille Baynac, Jean Compagnon, Yves Despouy… Les corps sont incinérés et les urnes funéraires dispersées dans différents cimetières.

Ce jour-là, le journal collaborationniste Le Matin publie un « Avis » signé d’un responsable SS : « Malgré plusieurs avertissements, le calme a de nouveau été troublé sur certains points de la France occupée. Des attentats ont été perpétrés contre des soldats allemands par des terroristes communistes à la solde de l’Angleterre. […] J’ai en conséquence, fait fusiller 93 terroristes qui ont été convaincus d’avoir commis des actes de terrorisme ou d’en avoir été complices ».

Le 22 janvier 1943, Raymonde Salez fait partie des cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquant « 22.1 Nach Compiègne uberstellt » : « transférée à Compiègne le 22.1 »). Le lendemain, un deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du Fort qui les y rejoint, auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention (sept de la maison d’arrêt de Fresnes et une du dépôt de la préfecture de police de Paris). Toutes passent la nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur C du camp.

Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille. Comme les autres déportés, la plupart d’entre elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte, dans l’entassement du wagon et les secousses des boggies (ces mots ne sont pas toujours parvenus à leur destinataire).

TransportAquarelle

En gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir. Le train y stationne toute la nuit. Au matin du 27 janvier 1943, quand les 230 femmes sont conduites vers le camp de femmes de Birkenau après leur descente du train, Mounette marche en tête de la colonne des déportées avec Jackie Quatremaire et Paulette Gourmelon. C’est elle qui entonne La Marseillaise que toutes les autres reprennent : la première fois, la seule fois que des femmes sont entrées à Birkenau en chantant.

Portail du secteur B-Ia du sous-camp de Birkenau (Auschwitz-II) par lequel sont passés les “31000” (accès depuis la rampe de la gare de marchandises et le “camp-souche” d’Auschwitz-I…). © Gilbert Lazaroo, février 2005.

Portail du secteur B-Ia du sous-camp de Birkenau (Auschwitz-II) par lequel sont passés les “31000”
(accès depuis la rampe de la gare de marchandises et le “camp-souche” d’Auschwitz-I…).
© Gilbert Lazaroo, février 2005.

Raymonde Salez y est enregistrée sous le matricule 31645. Le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche.

Pendant deux semaines, elles sont en quarantaine au Block n° 14, sans contact avec les autres détenues, donc provisoirement exemptées de travail.

Le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration, pour y être photographiées selon les principes de l’anthropométrie : vues de trois-quart, de face et de profil (la photo d’immatriculation de Raymonde Salez n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz avant l’évacuation du camp en janvier 1945. Réalisé le 3 février 1943, le portrait d’immatriculation de cette détenue a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz avant l’évacuation du camp en janvier 1945.
Réalisé le 3 février 1943, le portrait d’immatriculation de cette détenue a disparu.

Le 12 février, les “31000” sont assignées au Block 26, entassées à mille détenues avec des Polonaises. Les “soupiraux” de leur bâtiment de briques donnent sur la cour du Block 25, le “mouroir” du camp des femmes où sont enfermées leurs compagnes prises à la “course” du 10 février (une sélection punitive).

Le Block 26, en briques, dans le sous-camp B-Ia de Birkenau ; perspective entre les châlits. La partie inférieure, au ras du sol, est aussi une “couchette” où doivent s’entasser huit détenues. Les plus jeunes montent à l’étage supérieur, où il est possible de s’assoir. Photo © Mémoire Vive.

Le Block 26, en briques, dans le sous-camp B-Ia de Birkenau ; perspective entre les châlits.
La partie inférieure, au ras du sol, est aussi une “couchette” où doivent s’entasser huit détenues.
Les plus jeunes montent à l’étage supérieur, où il est possible de s’assoir.
Photo © Mémoire Vive.

Les “31000” commencent à partir dans les Kommandos de travail.

Au début de mars, épuisée par la dysenterie, Mounette est admise au Revier [3] de Birkenau.

Raymonde Salez meurt à Auschwitz – sous-camp de femmes de Birkenau – le 4 mars 1943, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Charlotte Delbo : En juillet 1943, celles qui ont tenu jusque-là ont eu le droit d’écrire. Annoncer la mort des camarades est leur principal souci : « Il faut qu’on sache… » Les parents qui reçoivent alors la lettre ne savent comment annoncer la nouvelle à la famille atteinte : la leur est morte, la mienne vit… Ils craignent aussi de ne pas comprendre : la lettre est en allemand et celle qui écrit, pour tourner la censure, use de circonlocutions, d’allusions : « J’ai beaucoup de chagrin pour la maman de notre chère Mounette… » Madeleine Dechavassine fait aviser la sœur de Mounette et celle-ci attend des mois avant de parler à sa mère, qui ne veut pas la croire. N’ayant pas reçu d’avis de décès, elle espérera jusqu’au retour des rescapées.

Après la guerre, à une date restant à préciser, le Conseil municipal des Lilas donne son nom à une rue de la commune.

Au-dessus de la petite porte du 68, rue de Paris, coincée entre deux auvents de commerces, une plaque indique : « Ici habitait la patriote Raymonde SALEZ âgée de 24 ans tombée face à l’ennemi en Mars 1943 ».

Les 26 avril 1953, 20 janvier 1957 et 8 mars 1959, sa mère, Marthe Salez, est candidate sur la liste du PCF aux élections municipales aux Lilas. Elle décède le 9 mai 1962 à Paris 18e.

Notes :

[1] Les Lilas : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Albert (ou Robert, « Bob ») Gueusquin : d’août à mars 1942, Albert Gueusquin, vingt-et-un ans (né à Paris en 1921), assure la liaison entre les Jeunesses communistes clandestines (JC) et leurs groupes armés. Sous les ordres de Pierre Georges (le colonel Fabien), il joue un rôle essentiel. Avec les “politiques”, telle Odile Arrighi, il choisi les futurs combattants, non sans avoir soupesé défauts et qualités puis contrôlé la fiabilité des candidats. C’est lui qui prévient Pierre Georges que celui-ci est probablement “grillé” sur la région parisienne après qu’un résistant ait été arrêté par la police française au cours d’une action armée. Pris le 9 mars 1943 à Dreux (Eure-et-Loir), interrogé par la BS2 “antiterroriste”, Bob Gueusquin sera fusillé par l’armée allemande le 9 juillet suivant au stand de tir d’Issy-les-Moulineaux (dit aussi « de Balard », à la Porte de sèvres (Paris 15e).

[3] Le Revier, selon Charlotte Delbo : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. ». In Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24. Le terme officiel est pourtant “hôpital” ; en allemand Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus ou Krakenbau (KB). Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation KB.

Sources :

- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), pages 260-261, et 299 (message jeté du train par Madeleine Doiret).
- Monique Houssin, Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis : un nom, une rue, une histoire, AMRN 93, Les éditions de l’Atelier/Les éditions ouvrières, Paris 2004, page 120.
- Cécile Desprairies, Paris dans la Collaboration, éditions du Seuil, Ve, Saint-Michel, pages 109-110.
- Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Automne 1941, Nouvelles études contemporaines, éditions Fayard, février 2004, pages 110, 288 (tableau des actions), 369.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : affaires traitées par la BS 2 (GB 103), dossier Salez Raymonde ; exécutions par les autorités allemandes, de A à La (BA 2297), dossier Gueusquin.
- Thomas Fontaine, Les oubliés de Romainville, un camp allemand en France (1940-1944), avec le concours du Conseil général de Seine-Saint-Denis, éditions Tallandier, 2005, pages 74 à 86.
- Site internet : https://surlatouche.fr/histoire-stade-jean-bouin/
- Serge Klarsfeld, Le livre des otages, Les éditeurs français réunis, Paris 1979, pages 74 à 79, puis fiches d’otages allemandes et françaises (Camille Baynac, page 159), puis pages 171 à 174.
- Serge Klarsfeld et Léon Tsevery, Les 1007 fusillés au Mont-Valérien parmi lesquels 174 Juifs, Association des fils et filles des déportés juifs de France, mars 1995.
- Les fusillés (1940-1944), Dictionnaire biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otage ou guillotinés pendant l’Occupation, sous la direction de Claude Pennetier, Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty et Delphine Leneveu, Éditions de l’Atelier, 2015 ; Geusquin Albert, Paul [dit Bob], pages 847-848.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrit, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué) ; 120 actes retrouvés pour les « 31000 » ; tome 3, page 1060 (12799/1943).
- Auschwitz 1940-1945, Les problèmes fondamentaux de l’histoire du camp, ouvrage collectif sous la direction de Wacław Długoborski et Franciszek Piper, éd. du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau à Oświęcim, Pologne, version française 2011, volume IV, La Résistance, Henryk Swiebocki, pages 134 à 136.
- Site de l’association Mémoire et création numérique, animée par François Tanniou, Alexis Sevaille et Sophie Raoult, Les plaques commémoratives, sources de mémoire (aujourd’hui désactivé – nov. 2013).

MÉMOIRE VIVE

(dernière modification, le 22-08-2024)

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