La plupart des futurs “45000” et “31000” étaient des hommes et des femmes engagés dans le mouvement social et politique
Les premiers engagements des plus âgés d’entre-eux remontent aux années 1920. Les hommes avaient connu la Première guerre mondiale, les massacres de la guerre de mouvement, l’horreur des tranchées ; un conflit absurde, épouvantablement meurtrier, déclenché par le déchaînement des nationalismes européens et qui avait incendié une partie du monde, apporté le malheur dans les familles en enrichissant les industriels fournisseurs des armées. Dénonçant cette guerre comme le fruit d’impérialistes rivaux et voulant construire une paix définitive grâce à une réconciliation entre les peuples fondée sur l’internationalisme, de nombreux “45000” militèrent à l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC).
Parallèlement, la victoire des Bolcheviks en Russie, en novembre 1917, leur fit espérer qu’un vieux projet d’égalité et de justice sociale allait pouvoir enfin se concrétiser avec l’extension de la révolution à toute l’Europe.
Condamnant les partis socialistes français et allemands qui – malgré leur puissance électorale – n’avaient pas réussi à faire triompher le socialisme, ni su empêcher la guerre, certains “45000” et “31000” adhèrent à la Section française de l’Internationale communiste (SFIC), futur Parti communiste français, dès sa création en décembre 1920. D’autres les rejoignent plus tard. Tous veulent participer à bâtir un monde meilleur, une société plus humaine et plus fraternelle, à l’exemple d’une Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) idéalisée. La scission politique entre socialistes et communistes s’accompagne d’une scission syndicale au sein de la Confédération générale du travail (CGT) avec la création de la CGTU où les “45000” vont militer jusqu’à la réunification de 1936.
Engagements des années 1930 : antifascisme et Front populaire
Les engagements les plus nombreux parmi les “45000” et les “31000” se produisent au milieu des années 1930, lorsqu’il s’agit de combattre l’extension du fascisme en Europe et de soutenir le Front Populaire.
À la suite des États-Unis et comme la plupart des pays, la France connaît une profonde crise économique, sociale et politique. Le fascisme se propage en Europe. Après l’Italie de Mussolini dès 1922, c’est le tour de l’Allemagne où le Parti nazi triomphe avec l’arrivée de Hitler au pouvoir, le 30 janvier 1933.
En France, les ligues d’extrême-droite s’agitent. Réagissant aux violentes manifestations de ces groupes le 6 février 1934 devant la Chambre des députés, des futurs “45000” et “31000“participent aux contre-manifestations du 6 et du 9 février, à la grève générale et aux manifestations du 12 pour que la France ne bascule pas à son tour dans le fascisme. Ils soutiennent le Rassemblement populaire antifasciste qui unit alors socialistes, communistes et radicaux, et qui triomphe aux élections législatives de mai-juin 1936. Devenus des militants actifs du Front populaire pour “le Pain, la Liberté et la Paix“, nombre d’entre eux prennent part aux grèves avec occupation des usines.
Lorsqu’en juillet 1936, le général rebelle Franco déclenche la guerre civile en Espagne, aidé par Hitler et Mussolini, ils sont présents dans les manifestations de solidarité avec le peuple espagnol : vingt futurs “45000” s’engagent dans les Brigades internationales pour défendre la République espagnole du “Frente popular” et combattre l’encerclement de la France par des pays fascistes.