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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. 
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 
Oswiecim, Pologne. 
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

René, Michel, Aondetto naît le 20 janvier 1911 à Aubervilliers [1] (Seine-Saint-Denis – 93).

Il est marié et père d’un enfant.

Pendant un temps, il habite au 74, rue Saint-Blaise à Paris, 20e arrondissement (75).

Il est ajusteur-outilleur et d’études (?) chez Hispano-Suiza, boulevard Brune dans le 14e arrondissement.

Militant communiste, il est élu secrétaire du comité de section du 14e arrondissement et délégué de la fédération de Paris du Parti communiste au 9e congrès d’Arles en 1937.

Militant syndicaliste CGT, il est délégué d’atelier. Licencié illégalement le 10 décembre 1938, il retrouvedu travail aux établissements SNCAC (anciennement Farman), rue de Silly à Boulogne-Billancourt [2] (Hauts-de-Seine – 92). Au moment de son arrestation, l’adresse enregistrée est le 167, rue de Silly (anciennement rue Silly), à Boulogne-Billancourt ; à vérifier…

L’occupation venue, il continue son activité militante.

Le 11 août 1941, la police française (Renseignements Généraux) l’arrête sur son lieu de travail où il est « trouvé en possession de carnets de souscription en faveur du Parti dissous. En outre, de nombreux tracts, brochures et papillons (sont) saisis au cours de la visite domiciliaire ». Après un interrogatoire à la Préfecture, il est conduit au dépôt de la préfecture (sous-sol de la Conciergerie, île de la Cité) dans la nuit du 12 au 13 août. Inculpé d’infraction au décret du 26-09-1939 (dissolution et interdiction du PC), il est transféré à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e). Pour échapper au Tribunal spécial (les tracts trouvés en sa possession sont en langue allemande et destinés aux soldats de la Wehrmacht), René Aondetto refuse l’assistance d’un avocat et ne fera pas appel de la décision du tribunal.

Le 14 août 1941, il comparaît – seul – devant la 14e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine. Condamné à six mois de prison et 50 F d’amende, il est transféré à Maison d’arrêt de Fresnes (94), puis le 6 février 1942 (vérifier…) à la Maison centrale de Poissy (Yvelines – 78).

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Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916. 
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

À l’expiration de sa peine, il n’est pas libéré : le 13 février 1942, il est dans un groupe de vingt-quatre « militants communistes » – composé pour moitié de futurs “45000” – transférés au dépôt de la préfecture de police de Paris (sous-sol de la Conciergerie, île de la Cité). Le 25 mars, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif.

Le 16 avril, René Aondetto fait partie d’un groupe de détenus transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir – 28), où il est enregistré sous le matricule n° 60.

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Entrée du camp de Voves. 
Date inconnue, probablement après mars 1943.

Le 10 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, René Aondetto est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif. « Dans notre wagon, la décision fut prise d’établir un roulement de façon que chacun à son tour puisse s’oxygéner un peu. »

René Aondetto – qui a lu avant-guerre le récit publié d’un artiste antifasciste évadé du camp de Dachau – sait un peu à quelle violence s’attendre, mais il vivra quand même l’arrivée et la découverte du camp avec une « sorte d’écœurement ».

Le 8 juillet 1942, René Aondetto est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45175 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Depuis la niche (« coya ») où il a réussit à s’installer, René Aondetto est témoin de l’épreuve subie par le jeune René Lamboley, roué de coups par les Kapos [3].

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, au cours duquel ils déclarent leur profession, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. René Aondetto doit travailler à la sablière.

Le 13 juillet – après les cinq premiers jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – René Aondetto est dans la moitié du convoi qui est ramenée à Auschwitz-I après l’appel du soir.

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». 
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre » 
Carte postale. Collection mémoire Vive.

Là, il est assigné au Block 22 et travaille au Kommando de terrassement, partageant souvent le sort de Maurice Rideau. Selon une note du 15 juin 1943, il est alors à la Serrurerie (Schlosserei), assigné au Block15a. Il est ensuite assigné au Block 18a et affecté au Kommando de menuiserie de la DAW (Deutsche AusrüstungsWerke, société SS, usine d’armement entre autres).

Le 4 juillet 1943, comme les autres “politiques” français (essentiellement des “45000” rescapés), il reçoit l’autorisation d’écrire (en allemand et sous la censure) à sa famille et d’annoncer qu’il peut recevoir des colis.

À la mi-août 1943, René Aondetto est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) au premier étage du Block 11 – la prison du camp – pour une “quarantaine”. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins indirects des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

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Auschwitz-I. La cour séparant le Block 10 – où se pratiquaient 
les expérimentations “médicales” sur les femmes détenues – 
et le Block 11, à droite, la prison du camp, avec le 1er étage 
de la “quarantaine”. Au fond, le mur des fusillés. 
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel, – qui découvre leur présence – et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont pour la plupart renvoyés dans leurs Blockset Kommandos d’origine.

Le 14 mars 1944, René Aondetto est enregistré au Block 21 (celui de la chirurgie) de l’ “hôpital” (Revier,HKB) d’Auschwitz,

Le 3 août 1944, il est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” en préalable à un transfert.

Le 7 septembre 1944, René Aondetto est dans le petit groupe de trente “45000” transférés – dans un wagon de voyageurs ! – au KL [4] Gross-Rosen, dans la région de Wroclaw, où ils arrivent de nuit. Enregistré sous matricule 40966, René Aondetto est affecté au Kommando de l’usine Siemens avec une dizaine de “45000”.

Le 10 février 1945, il est dans un groupe de détenus évacués vers le camp de Leitmeritz (Litomerice). Séparé des autres français, et particulièrement de son camarade René Bordy [5] qui est à ses côtés depuis leur arrivée à Auschwitz, il se retrouve isolé en tant que “45000” : Gérard Girardi et les frères Beckman sont aussi dans ce transport, mais dans d’autres wagons. Les conditions du transfert sont intenables : « dans des wagons à ridelles, accroupis, impossible de se redresser. La folie et la mort sont dans les wagons ”. Dans ce sous-camp, Kommando du KL Flossenbürg spécialisé dans l’armement et les huiles minérales, René Aondetto est affecté au tunnel, une usine souterraine d’armement lourd. N’arrivant pas à se remettre du dernier transfert, à bout de force, devenu un “musulman”, il est admis au Revier fin avril. Après une ultime tentative ratée d’évacuation en train, les malades y sont ramenés.

C’est là que René Aondetto est libéré le 9 mai 1945 par l’armée soviétique. Il est soigné à Theresienstadt (Terezin, en Tchéquie) par des résistants tchèques et les services infirmiers de l’Armée rouge.

Le 22 juin 1945, « Décharné, épuisé », il est rapatrié par avion et descendu sur un brancard à l’aérodrome du Bourget.

Il est longuement hospitalisé à la Salpêtrière à Paris, puis à Menton. Jusqu’en 1975, il subit une longue période d’invalidité, d’opérations et de souffrances.

Le 13 mars 1958, après de nombreuses démarches et un premier refus du Ministère, il est homologué comme “Déporté Résistant”. Il est également décoré de la Médaille militaire, de la Croix de guerre avec palme, de la Croix du combattant volontaire.

Entre février 1973 et novembre 1975, il rassemble ses souvenirs dans quatre cahiers non publiés.

René Aondetto décède le 6 avril 1996.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 12, 17, 358, 374 et 393. 
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : – Témoignages et pièces officielles fournis par René Aondetto – Correspondance avec Roger Arnould et Claudine Cardon-Hamet. 
- Archives de Paris, archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 5 juin au 22 septembre 1941, cote D1u6-5857. 
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir. 
- Archives de la préfecture de police de Paris, carton BA 2374 (occupation allemande – camps d’internement…). 
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; communication du 23-01-2009.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 16-07-2012)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Aubervilliers et Boulogne-sur-Seine : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Boulogne-Billancourt : créée sous le nom de Boulogne-sur-Seine en 1790, la commune prend le nom de Boulogne-Billancourt en 1926, le rattachement de Billancourt datant de 1859. Jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[3] René Lamboley meurt à Auschwitz le 6 décembre 1942, selon un document du camp.

[4] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.

[5] René Bordy, transféré à Hersbrück, y meurt le 28 mars 1945.