JPEG - 60.3 ko
Droits réservés.

Raoul, Alphonse, BERTRAND – dit “Poil de carotte” ou “Carotte” – naît le 11 mai 1905 à Boulogne-(Billancourt) [1] (Hauts-de-Seine – 92), chez ses parents, Raoul, Louis, Bertand, 26 ans, et Érnestine Berthe Lebocq, 25 ans, son épouse, tous deux marchands de vin, alors domiciliés au 19, chaussée du Pont. Son frère Henri y naît 21 juillet 1906.

En avril 1912, la famille habite au 133, rue de Paris à Pantin (Seine / Seine-Saint-Denis). En février 1914, ils sont domiciliés au 47, Grande Rue aux Mureaux (Seine-et-Oise / Yvelines), où le père de famille est débitant de boisson, peut-être également hôtelier. Ayant les pieds plats et atteint de claudication, celui-ci a été exempté de service militaire et n’est pas mobilisé au début de la Première Guerre mondiale. Cependant, il décède chez lui en début d’après-midi le 16 septembre 1914, âgé de 35 ans. Raoul a 9 ans.

En 1924, Raoul Bertrand s’engage volontairement pour trois ans au 1er dépôt des équipages de la Flotte, à Cherbourg, participant à deux ans de campagne en Extrême-Orient sur la canonière Balny. Il est “libéré” avec le grade de quartier-maître mécanicien.

En 1927, âgé de 22 ans, Raoul Bertrand habite avec sa mère au 15 bis, rue Thiers à Colombes [1] (92).

Dans cette période, il est embauché comme ajusteur-outilleur à la Société Alsthom, 223, boulevard de Valmy à Colombes.

Le 26 novembre 1927, à la mairie de Bougival (Seine-et-Oise / Yvelines), il se marie avec Gilberte Louise Tremblay, née le 3 juillet 1908 dans cette ville.

Le 14 septembre 1928, Gilberte Bertrand, met au monde leur fille Gilberte (elle aussi…), Berthe, Louise, née à Colombes.

En juillet 1930, habitant au 4, rue Rouget-de-l’Isle à Colombes, Raoul Bertrand postule (sans suite) pour un emploi de mécanicien aux Postes et Télégraphes (P et T) à Paris. En 1931, son frère Henri et Christiane, son épouse,  mariés en décembre 1929, les ont remplacés auprès de leur mère, au 15 bis rue Thiers.

De 1932 à la mi 1935, Raoul et Gilberte Bertrand habitent au 2, rue de Strasbourg à Colombes. Son épouse est alors vendeuse dans un bazar de Colombes (aux Nouvelles Galeries ?).

En juillet 1935, ils emménagent au 124, avenue d’Enghien à Épinay-sur-Seine (Seine / Seine-Saint-Denis), où son Gilberte tient un débit de boissons, tandis qu’il conserve son emploi chez Alsthom. Raoul sollicite l’autorisation d’y créer, dans la cour arrière, un colombier de pigeons voyageurs, démarche qui enclenche la rédaction de plusieurs rapports (routiniers) de contrôle. En octobre suivant, cette autorisation lui est accordée par arrêté du préfet de police. En avril 1936, il a trois pigeons entraînés et vingt pigeons non entraînés.

Cette année-là, Raoul Bertrand se fait remarquer dans son entreprise pour ses prises de parole en faveur du mouvement social. Il est membre de l’Union locale CGT de 1936 à 1938.

En octobre 1937, la famille déménage au 9, avenue Calmel à Bois-Colombes (92).

Cette année-là, Raoul Bertrand adhère au Parti communiste, au sein de la cellule d’entreprise. Il y devient également délégué du personnel. Il se fait alors de nouveau remarquer dans son entreprise comme responsable de plusieurs arrêts de travail et d’une grève. Il a une altercation avec le directeur de l’usine quand celui-ci le reçoit pour la présentation d’un cahier de revendications. Le 9 juin 1937, il est renvoyé, licenciement qui déclenche un début de manifestation de la part du personnel.

La même année, il entre à l’usine de la Société d’Emboutissage et de Constructions Mécaniques (SECM), « les Avions Amiot », une entreprise de construction aéronautique installée le long du boulevard du Havre (aujourd’hui boulevard Charles-de-Gaulle), à Colombes.

Raoul Bertrand devient responsable de la section communiste de Colombes et de sa région (à vérifier…), ainsi que du journal local La Voix Populaire. À une date restant à préciser, il est élu conseiller municipal communiste de Colombes.

En octobre 1938 et jusqu’au moment de son arrestation, Raoul Bertrand est domicilié au 7, boulevard (de) Valmy à Colombes.

Lors de la journée nationale de grève du 30 novembre 1938, lancée pour protester contre l’abandon des acquis sociaux du Front populaire, il est considéré comme l’un des principaux meneurs dans son entreprise.

Dans le cadre de la mobilisation générale de septembre 1939, Raoul Bertrand est “affecté spécial” sur son poste de travail dans l’usine d’avions Amiot, produisant pour la Défense nationale. Mais, il en est “rayé” par mesure disciplinaire en raison de son activité politique, et envoyé le 10 novembre dans un régiment d’ouvriers d’artillerie. Il est décoré de la Croix de guerre pour son engagement sur le front lors de la campagne de France. N’ayant pas été fait prisonnier, il rejoint son domicile après sa démobilisation.

Entre temps, en février 1940, sur requête du préfet de la Seine, le conseil de préfecture déchoit dix élus de Colombes, dont Raoul Bertrand, de leur mandat municipal pour n’avoir pas « répudié catégoriquement toute adhésion au Parti communiste » (loi du 20 janvier 1940).

JPEG - 301 ko
Dans Le Matin, du 29 février 1940.

En octobre 1940, Raoul Bertrand subit une première arrestation, à la suite de laquelle il est détenu à Puteaux [1] pendant une semaine (au commissariat ?).

Dans la soirée du 8 février 1941, trois gendarmes de la brigade de Colombes exerçant une surveillance près du long viaduc ferroviaire de la ligne de Paris-Saint-Lazare à Ermont-Eaubonne, qui longe en surplomb l’avenue Ménelotte, remarquent trois hommes arrivés de la rue du progrès pour s’arrêter près d’un pilier de ce viaduc. Ayant aperçu les gendarmes, ceux-ci s’esquivent vers l’avenue Gambetta. Puis ils sont repérés de nouveau en revenant au viaduc à partir de la rue Saint-Hilaire. Quand les gendarmes s’apprêtent à les interpeller, deux d’entre eux s’enfuient. Le troisième est appréhendé : Émile V., maçon de 35 ans, qui est alors escorté à la brigade pour vérification d’identité et d’adresse. « Fouillé, il a été trouvé en possession de deux oriflammes de couleur rouge portant au milieu, en jaune, une faucille et un marteau. Ramené aussitôt près du pilier du viaduc où il avait été vu la première fois, nous avons constaté qu’un tract venait d’y être apposé, et cet individu a reconnu que c’était lui-même qui l’avait collé, aidé de ses deux camarades. À proximité, nous avons retrouvé un pot de colle ainsi que des tracts épars sur la chaussée. Sur notre invitation, il nous a conduit aux endroits où d’autres tracts venaient d’être apposés, notamment rue du Progrès, avenue d’Argenteuil, boulevard Marceau, avenue Ménelotte, etc. » Plus de trente affichettes n’ayant pu être décollées sont lacérées par les gendarmes. Ces tracts et “placards” portent plus de dix textes différents, un des imprimés caricaturant Pétain défilant devant une “Galerie des ancêtres” avec un petit cheval de bois. Interrogé à la brigade, le militant déclare : « [Delauffre] s’est présenté chez moi et m’a demandé de l’accompagner pour coller des affiches du parti communiste. Le même jour, vers 21 heures, en compagnie de Delauffre et d’un autre individu que je ne connais pas, nous nous sommes retrouvés boulevard Marceau à Colombes et nous avons commencé le collage des affiches. Delauffre portait les affiches, l’inconnu le pinceau, et moi le pot de colle. »

Donnant immédiatement suite à cette déclaration, les gendarmes se rendent, dans la nuit, à 3 heures 30, au domicile de Modeste Delauffre, caoutchoutier de 36 ans, ex-militant de la cellule des Champarons à Colombes, et commencent par l’interroger. Celui-ci nie toute participation au collage nocturne, son alibi étant la présence chez lui de Louis Cocu, venu jouer aux cartes dans la soirée avec lui est son épouse. Confrontés (dans les locaux de la brigade ?), Émile V. et Delauffre maintiennent leurs versions respectives des faits. Les gendarmes mettent Modeste Delauffre en état d’arrestation afin de le conduire au procureur de la République, cependant, ils remettent leur suspect au commissaire de police de la circonscription de Colombes. Une perquisition opérée par les policiers au domicile de celui-ci amènera la découverte de matériel d’imprimerie, de tampons humide et de papier pour tracts.

Également conduit au commissariat, Émile V. y est de nouveau interrogé, avec une grande brutalité, par cinq policiers, dont deux inspecteurs de la brigade spéciale anticommuniste des Renseignements généraux qui se sont déplacés spécialement.

Ce 9 février, Adolphe Guyot, plombier de 31 ans, militant connu et déjà arrêté deux fois, est également appréhendé, puis longuement et brutalement interrogé au commissariat de Colombes. Par la suite, pour procéder aux divers interrogatoires et confrontations, plusieurs personnes sont détenues au commissariat pendant quelques jours ; en plus des menaces et des coups, la privation de nourriture fait partie des techniques utilisées pour briser les volontés. Alors que d’autres inculpés « passent aux aveux » et donnent le schéma de leur organisation, Adolphe Guyot, qui semble être leur responsable, persiste à nier, même lors des confrontations. Parmi les suspects arrêtés, Marc Maximilien Valette, manœuvre de 32 ans, sera libéré en juin, mais décèdera chez lui le 5 septembre suivant : il serait mort fou à la suite des coups reçus… Marcel Conrad, tôlier de 21 ans, qui refuse de parler, est relaxé au bout de deux jours de garde à vue, mais il a deux incisives brisées et subira une opération du tympan, avec une incapacité de travail de trois mois.

Le 15 février 1941, Raoul Bertrand est arrêté (de nouveau), par des policiers du commissariat de Colombes, en l’absence de son épouse. Lors de son interrogatoire, il est frappé par un inspecteur, selon le témoignage ultérieur de sa fille.

Au total, 22 personnes sont appréhendées dans cette opération policière étendue aux communes voisines de Courbevoie et Bois-Colombes. Cinq d’entre elles sont laissées en liberté provisoire. Les autres – dont également Arthur Lepetit et Gabriel Royer, futurs “45000” – inculpées d’infraction au décret du 26 septembre 1939, sont conduites au Dépôt, à la disposition du procureur de la République.

En attendant leur procès, les hommes sont écroués en détention préventive à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e), les femmes à la prison de la Petite Roquette (Paris 11e).

Le 23 mai, la procédure judiciaire concernant Raoul Bertrand débouche sur un non-lieu. Néanmoins, amené à la préfecture de police le lendemain, il doit signer – afin de ne pas être immédiatement interné – un texte dicté par les policiers selon lequel il « déclare désapprouver formellement l’action communiste clandestine sous toutes ses formes. [Et s’engage] à ne [se] livrer dans l’avenir, directement ou par personnes interposées, à aucune activité communiste ».

Raoul Bertrand tente alors d’échapper à la surveillance de la police et se rend à Cherbourg (Manche). Mais, ne trouvant pas de travail, il doit revenir à Colombes.

Il est alors embauché par la société Bédouin et Lambert, à Paris 20e, fabricant de moules métalliques pour toutes industries.

Le 13 septembre 1941, Marie Dubois, agent de liaison entre la zone non-occupée, Bordeaux et Paris, est arrêtée pour vol à l’étalage dans les grands magasins de la Samaritaine, alors qu’elle est porteuse d’une « lettre suspecte », d’un carnet de rendez-vous et d’une forte somme d’argent (13 000 francs) dont elle ne peut justifier la provenance. Le larcin est classé sans suite par le commissaire de police du quartier Saint-Germain-l’Auxerrois, mais celui-ci avise ses collègues des Renseignements généraux (BS 1). Amenée à la Préfecture, Marie Dubois « observe un mutisme total et ne fournit aucun renseignement permettant d’orienter les recherches » [2]. Cependant, la perquisition effectuée à son domicile légal, boulevard de la Gare, amène la découverte de tracts communistes et, plus grave, de plusieurs biographies manuscrites de militants, qui seront arrêtés les jours suivants, dont Clément Toulza (fusillé comme otage le 31 mars 1942), Raoul Bertrand, Constant Le Maître, Maurice Coulin et René Espargilière (trois autres futurs “45000”).

Le 16 septembre, Raoul Bertrand est donc arrêté à son domicile par la police française pour la troisième fois. Il est écroué à la Santé le 21 septembre. Le 6 février 1942, il bénéficie d’une main-levée, mais…

Le 7 février, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif, sur une préconisation des Renseignements généraux, qui le considèrent comme un « militant communiste et propagandiste actif » ayant « participé à la reconstruction d’un groupement communiste clandestin ». Pendant un temps, Raoul Bertrand est détenu au dépôt de la préfecture (Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité).

Le 17 février, son épouse écrit au préfet de police afin de solliciter sa libération, pour qu’il puisse reprendre un emploi nécessaire à sa survie et à celle de leur fillette de 13 ans.

Le 16 avril, Raoul Bertrand fait partie d’un groupe de détenus enregistrés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir), où il reçoit le matricule n° 59.

Le 10 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments
du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Raoul Bertrand est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Raoul Bertand est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I), peut-être sous le numéro 45234, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Raoul Bertrand.

Il meurt à Auschwitz le 21 octobre 1942 [3], d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Le 11 janvier 1945, Gilberte Bertrand, son épouse, est entendue au cours de la procédure d’épuration contre le commissaire Guillaume. Le 10 mars suivant, elle est entendue au sujet de l’arrestation de son mari dans la procédure contre Piget (?).

Le 6 novembre 1945, Madame veuve Bertrand est entendue en commission rogatoire dans l’affaire contre l’inspecteur Touze.

Sa mère, Ernestine, décède à Issy-les-Moulineaux le 8 janvier 1950.

Fin 1955/début 1956, sa veuve dépose une demande d’attribution du titre de déporté politique, lequel lui sera accordé (carte n° 110 122 677).

Gilberte Bertrand se remarie le 11 février 1961 à Chabannes (Ardèche). Elle décède à Valence (Drôme) le 22 août 1985.

Raoul Bertrand est déclaré “Mort pour la France”.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 6-08-1987).

Notes :

[1] Billancourt et Colombes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant Raoul Bertrand, c’est le mois de février 1943 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 355, 381 et 395.
- Claudine Cardon-Hamet, notice réalisée pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” du nord des Hauts-de-Seine, citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier national) – Lettres de sa veuve à Roger Arnould, documentaliste de la FNDIRP (11 et 18/1/1972) – Témoignages de Jean Guilbert (45639), et de Georges Brumm (45305) – Lettre de Robert Guérineau, ancien résistant (24/2/1991).
- Archives départementales des Hauts-de-Seine (AD 92), site internet du conseil général, archives en ligne : registre des naissances de Boulogne-Billancourt, année 1905 (E NUM BOU N1905), acte n° 364 (vue 51/142).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “Occupation allemande” (BA … ?) ; dossier individuel au cabinet du préfet (1w141-36475) ; dossier individuel dans la sous-série des Renseignements généraux (G A art. 140-81672) ; dossier d’épuration de Paul Guillaume, commissaire de Colombes (77 W 4360-294139)
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 82 (36897/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 28-05-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.