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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Angelo (Angel), Ermino, Bolognini naît le 2 mai 1913 à Sotto il Monte (Italie), fils aîné de Giovanni Bolognini et de Maria Rigamonti. Il aura un frère et quatre sœurs.

À partir du 19 novembre 1924, la famille habite au 329, cité de la Mine à Mancieulles, dans le bassin minier de Briey (Meurthe-et-Moselle – 54). En 1932, sa sœur habitera à Nancy comme bonne à tout faire.

En 1932, Angel Bolognini est manœuvre à la mine de Saint-Pierremont, comme son père. Au moment de son arrestation, il est déclaré comme ouvrier mineur ou chargeur-mineur à Mancieulles.

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Mancieulles. Les deux puits, accumulateurs et stock
de la Société anonyme des mines de fer de Saint-Pierremont.
Prenant en compte l’importance des travailleurs immigrés,
la légende est également rédigée en polonais et en italien.
Carte postale des années 1900. Collection Mémoire Vive.

Le 28 juin 1933, le préfet de Meurthe-et-Moselle donne un avis favorable à la naturalisation française des parents d’Angel : Giovanni et et Maria Bolognini.

Angelo Bolognini est marié et a un enfant.

Selon une liste manuscrite de quarante-quatre internés établie ultérieurement par le chef du centre de séjour surveillé d’Écrouves, Angel Bolognini – sans être adhérent du Parti communiste – reste syndiqué après l’automne 1939, période de scissions au sein de la CGT.

Le 4 octobre 1941, Angel Bolognini est interné au camp français d’Écrouves, près de Toul (54), probablement à la suite d’un arrêté pris par le préfet de Meurthe-et-Moselle. Il en est peut-être libéré le 19 février 1942. Mais…

Dans la nuit du 4 au 5 février 1942, un groupe de résistance communiste mène une action de sabotage contre le transformateur électrique de l’usine sidérurgique d’Auboué qui alimente également dix-septmines de fer du Pays de Briey. Visant une des sources d’acier de l’industrie de guerre allemande (Hitler lui-même s’en préoccupe), l’opération déclenche dans le département plusieurs vagues d’arrestations pour enquête et représailles qui concerneront des dizaines de futurs “45000”.

Le nom d’Angel Bolognini figure – n°20 – sur une « liste communiquée le 19 (février ?) au soir à la KK (Kreiskommandanturde Briey par le sous-préfet » et précisant la nationalité de cinquante-trois hommes : il est désigné comme français.

Le 22 février, Angel Bolognini fait partie d’un groupe de quatorze otages transférés par la police allemande au camp d’Écrouves, en attente «  d’être dirigés sur un autre camp sous contrôle allemand en France ou en Allemagne ». Le lendemain, ils sont rejoints par vingt-cinq autres otages.

Et, effectivement, le 5 mars, Angel Bolognini est parmi les trente-neuf détenus transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Angel Bolognini est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45265 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Angel Bolognini est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.
Le 1er novembre 1942, à l’infirmerie, Block 7, Angel Bolognini reçoit un comprimé d’aspirine. il y est encore inscrit le 5 novembre.On ignore la date exacte de sa mort à Auschwitz-Birkenau ; probablement avant la mi-mars 1943 [1].

Notes :

[1] La date de décès inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant d’Angel Bolognini, c’est le 5 novembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 368 et 396.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 514.
- Laurent Delayen, arrière petit-neveu de Henri Creutzer (message 12-02-2008).
- Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy, cotes W1304/23 et WM 312 ; fiches du centre de séjour surveillé d’Écrouves (ordre 927 W) ; recherches de Daniel Dusselier.
- Jean-Claude et Yves Magrinelli, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, Jarville, avril 1985, page 348.
- Liste de détenus ayant reçu des médicaments à Birkenau, transmise par André Nouvian.
- Bureau d’information sur les anciens prisonniers, Musée d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne, relevé dans les archives (message, 01-2009).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-05-2010)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.