Louis Bresolin naît le 14 février 1909 à Bassano (Italie), fils de Luigi Bresolin, 50 ans, et de Felicita Bordignon, 43 ans.
Il arrive en France avec sa famille le 12 octobre 1926, arrivant de Vicense (Italie).
En 1931, il habite avec ses parents chez son frère aîné, mineur, et sa belle-sœur au n° 10 de la cité des mines à Valleroy, dans le bassin minier de Briey (Meurthe-et-Moselle – 54) ; leur père est cantonnier communal.
En 1936, il est marié avec Pierrina Peni, née en 1912 à Genacs (?), avec qui il s’est installé ; peut-être ont-ils un enfant…
Louis Bresolin est machiniste (wattman) à la mine de fer de Valleroy. Pendant un temps, il est secrétaire du syndicat CGT des mineurs.
Le 4 janvier 1935, le préfet de Meurthe-et-Moselle donne un avis favorable à sa naturalisation française de Louis Bresolin, le commissaire spécial ayant indiqué qu’ « il est membre de la Société de Secours Mutuels de Valleroy (…) société (qui), bien qu’étant plutôt à tendance antifasciste, ne s’occupe pas de politique ».
Dans la nuit du 4 au 5 février 1942, un groupe de résistance communiste mène une action de sabotage contre le transformateur électrique de l’usine sidérurgique d’Auboué qui alimente également dix-sept mines de fer du Pays de Briey. Visant une des sources d’acier de l’industrie de guerre allemande (Hitler lui-même s’en préoccupe), l’opération déclenche dans le département plusieurs vagues d’arrestations pour enquête et représailles qui concerneront des dizaines de futurs “45000”.
À une date restant à préciser (février), Louis Bresolin est arrêté (par la Feldgendarmerie ?) ; à vérifier…
Son nom figure – n°52 – sur une « liste communiquée le 19 (février ?) au soir à la KK (Kreiskommandantur) de Briey par le sous-préfet » pour préciser la nationalité de cinquante-trois hommes : Louis Bresolin est désigné comme français.
Le 23 février, il fait partie des vingt-cinq otages transférés par la police allemande au centre de séjour surveillé d’Écrouves, près de Toul (54), en attente « d’être dirigés sur un autre camp sous contrôle allemand en France ou en Allemagne » ; ils y rejoignent quatorze autres otages arrivés la veille.
Et, effectivement, le 5 mars, Louis Bresolin est parmi les trente-neuf détenus transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Louis Bresolin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46223 selon les listes reconstituées (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Louis Bresolin.
Il meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942, alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à la suite de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès (Sterbebücher) en deux jours (probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [1]) ; l’acte de décès établi par l’administration SS du camp indique « bronchopneumonie » pour cause mensongère de sa mort.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 20-09-2007).
Notes :
[1] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 150 et 153, 368 et 397.
Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
Jean-Claude et Yves Magrinelli, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, Jarville, avril 1985, page 247, 345.
Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy ; cotes W1304/23 et WM 312 (recherches de Daniel Dusselier).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 132 (31580/1942).
Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier individuel relevé par Ginette Petiot en janvier 2017 (21 p 430.390) ; liste de détenus français morts au camp de concentration d’Auschwitz relevée par le S.I.R. d’Arlosen, page 4, n° (26 P 821 – Auch. 1/7).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 20-06-2020)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.