Léon, René, Campion naît le 17 juin 1898 à Paris 19e, chez ses parents, Louis Campion, 23 ans, polisseur, et Louise Bonnet, son épouse, 24 ans, bijoutière (?), domiciliés impasse Dupuits.
Pendant un temps, il habite avec ses parents au 11, rue du Perche (Paris 3e) et commence à travailler comme ajusteur-mécanicien.
Le 16 avril 1917, il est incorporé comme canonnier de 2e classe au 48e régiment d’artillerie, qu’il rejoint le 1er mai. Le 6 juin 1918, il passe au 176e régiment d’artillerie de tranchée, puis au 276e R.A. Le 2 mai 1919, il passe au service automobile de la 38e division d’infanterie, au sein du 20 régiment du train (… des équipages). Le 26 mai 1920, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite, et se retire au 2, rue Portefoin à Paris 3e.
À la mi-mai 1936, il habite seul au 18, rue Jules-Tréfousse à Chaumont (Haute-Marne – 52). Il est artisan graveur.
Le 30 octobre de cette année, à Chaumont, il se marie avec Hélène Léonie Leclère, née le 3 octobre 1913 dans cette ville. Ils auront cinq enfants
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 3 rue Ledru-Rollin à Chaumont.
Le 22 juin 1941, Léon Campion est arrêté parmi une soixantaine de militants communistes et syndicalistes interpellés en quelques jours dans la Haute-Marne [1].D’abord détenu à la prison de Chaumont, il est transféré le 27 juin au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Léon Campion est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet, Léon Campion est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45324 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).
- Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Léon Campion.
Il meurt à Auschwitz le 27 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Le 6 mars 1947, la mention portée en marge de son acte de naissance fixe la date de son décès au 2 novembre 1942 (à vérifier…).
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Chaumont, sa commune de résidence.
Le 6 novembre 1948, à Chaumont, Hélène se remarie avec Jésus Endrino.
Notes :
[1] L’ “Aktion Theoderich” : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante. En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht. Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. 131 d’entre eux, arrêtés entre le 21 et le 30 juin, font partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942 (dont 15 futurs “45000”).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 366 et 398.
Archives départementales de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 19e arrondissement à la date du 17-06-1898 (V4E 10577, acte n°1561 (vue 30/31).
Club Mémoires 52, Déportés et internés de Haute-Marne, Bettancourt-la-Ferrée, avril 2005, p. 11.
Archives départementales de la Côte-d’Or, Dijon, cote 1630 W, article 252.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 157 (25397/1942).
Raymond Jacquot, site internet Mémorial GenWeb, 2002.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 27-09-2020)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.