La fin du Front populaire
À partir de 1938, alors que les menaces de guerre exacerbent les tensions, le Parti radical au pouvoir abandonne le Front populaire, appuyant la politique de revanche patronale : la répression s’abat sur les militants politiques et syndicaux.
Ainsi, de futurs “45000” sont sanctionnés pour leur participation à la grève du 30 novembre 1938, lancée par la CGT pour protester contre la remise en cause de certains acquis de 1936, notamment la semaine de 40 heures. Plusieurs d’entre eux sont licenciés et inscrits sur des “listes rouges” patronales qui les privent de travail. Beaucoup sont également fichés par la police française à cette occasion et leur participation à cette grève, mentionnée dans leur dossier, sera retenue par les Allemands parmi les motifs justifiant leur désignation comme otages communistes.
La “drôle de guerre”
Le 26 août 1939, face à la mauvaise volonté des négociateurs anglais et français, Staline décide d’accepter le pacte de non-agression proposé par Hitler et prévoyant – dans des accords secrets – un partage de la Pologne.
En France, bien que soutenant alors la mobilisation, la presse et la propagande communistes sont aussitôt interdites et ses diffuseurs interpellés. Les premières arrestations de futurs “45000” remontent à cette période, comme celle d’Henri Asselineau.
Le 3 septembre, suite à l’invasion de la Pologne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre au IIIe Reich, mais sans la mener sur le territoire allemand : les Polonais livrent bataille seuls. Le 26 septembre, Édouard Daladier, Président du Conseil ayant signé les accords de Munich livrant la Tchécoslovaquie à Hitler, promulgue un décret-loi qui dissout et interdit le Parti communiste français, ainsi que toutes les organisations considérées comme liées de près ou de loin à la IIIe Internationale. Les militants actifs du PCF sont arrêtés. Le 20 janvier 1940, les élus communistes qui n’avaient pas répudié toute appartenance au Parti communiste à la date du 26 octobre sont déchus de leurs mandats, tel le député Robert Philippot.
La répression par le régime de Pétain
En juillet 1940, profitant de la défaite, le maréchal Philippe Pétain installe à Vichy “l’État français” qui met fin à la IIIe République. Il fait le choix de la collaboration avec le Reich nazi et s’entoure d’hommes de droite et d’extrême-droite. Accusant le Front populaire d’être responsable de la défaite, il annonce la Révolution nationale et prétend redresser la France par un régime autoritaire et paternaliste, fondé sur l’encadrement de la société civile, la suppression des libertés publiques, des partis et des syndicats indépendants, l’exclusion et la répression de tous ceux qu’il considère comme faisant partie de “l’Anti-France” : les étrangers, les Juifs, les communistes, les francs-maçons. Dès lors, arrestations, internements dans des camps, peines de prisons résultants de lois d’exceptions se multiplient, à l’initiative du régime de Vichy ou sur ordre des Allemands.
La collaboration anticommuniste
Jusqu’en juin 1941, l’occupant laisse le régime de Pétain se charger de la persécution des Juifs et de la répression des communistes. Ainsi, donne-t-il son accord pour l’organisation par la préfecture de police de Paris d’une vague d’arrestations dans les milieux communistes de la capitale et de la banlieue visant 180 syndicalistes et anciens élus (parmi lesquels plusieurs futurs “45000”) internés au “centre de séjour surveillé” d’Aincourt le 5 octobre 1940.
À partir du 22 juin 1941, la collaboration policière s’accélérera et s’amplifiera.