L’engagement dans la résistance
Les militants politiques et syndicaux d’avant guerre entrent en Résistance dans le prolongement de leurs activités passées et pour défendre les valeurs pour lesquelles ils s’étaient toujours battus. Rejoignant leurs aînés, les plus jeunes s’engagent dans le combat patriotique parce qu’ils refusent la domination de leur pays par les Allemands, pour combattre les nazis dont l’idéologie et les pratiques les révulsent, parce qu’ils rejettent le régime de Vichy et la collaboration.
Ces engagements prennent des formes variées : certain(e)s sont isolé(e)s, d’autres rejoignent divers réseaux ou mouvements de résistance.
Les futurs “45000” impriment et diffusent clandestinement des “papillons”, des tracts, des journaux. Cette action de propagande est la mieux connue de la police française : elle permet de justifier les poursuites judiciaires, puis les internements. Quand les fichiers auront été transmis à l’occupant, elle servira à la désignation des otages.
Mais ces résistants de la première heure participent également à des manifestations et à d’autres formes d’action contre le régime de Vichy et l’occupant.
Ils organisent une résistance revendicative, syndicale, s’opposant à la surexploitation du travail et aux transferts de production qui créent la pénurie alimentaire. Ils sabotent la production destinée à la machine de guerre allemande.
Ils cachent des Juifs, organisent le passage aux nouvelles frontières des prisonniers de guerre évadés ou facilitent le franchissement de la ligne de démarcation. Ils abritent des clandestins, cachent des armes ou sont “agents de liaison” dans des groupes de résistance. D’autres font directement partie des premiers groupes armés de la Résistance, réalisant des sabotages sur des installations allemandes, participant à des attaques contre des membres de l’armée d’occupation. Alertés par les persécutions nazies en Allemagne et en Pologne, beaucoup de Juifs (jeunes souvent) sont parmi ces premiers résistants.
Otages et résistants
La désignation comme otage ne signifiait nullement que les futurs “45000” n’étaient pas eux-mêmes des résistants. Faute de témoignages, il est difficile de connaître le détail des actions clandestines menées par les disparus, mais les éléments biographiques recueillis permettent de considérer que la plus grande partie d’entre eux avait participé, avant leur arrestation, à diverses actions contre le régime de collaboration et l’occupant.
Certains s’étaient engagés dans la Résistance dès la première heure, comme Olivier Souef, un des dirigeants des étudiants communistes à la Sorbonne, participant avec ses camarades à la manifestation du 11 novembre 1940.
Si les deux tiers des “45000” ont été arrêtés après l’attaque allemande contre l’Union soviétique, les militaires allemands ont recherché et désigné comme otages des militants actifs dans la clandestinité depuis le début de l’occupation, c’est-à-dire dès l’été 1940.
D’autres otages, pour la plupart socialistes ou radicaux, avaient été choisis par les Allemands parce qu’ils figuraient dans les fichiers de la police française comme ayant des “sympathies communistes” en raison de leur participation aux comités du Front Populaire ou parce qu’ils étaient soupçonnés d’hostilité envers les occupants. Certains étaient des Résistants.
Quelques résistants patriotes, pouvant se réclamer du gaullisme et généralement hostiles au communisme, ont également été désignés par la Felkommandantur de Caen en mai 1942.
Enfin, parmi les 50 Juifs arrêtés comme tels et intégrés au convoi du 6 juillet, une proportion importante était des résistants, engagés soit dans la résistance communiste ou dans divers réseaux ou mouvements, soit agissant de manière isolée.