- Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.
Maxime André Collet naît le 26 août 1909 à Paris 14e (6 rue Émile Dubois), fils d’Alcindor Sylvio Collet, 32ans, employé de chemin de fer, et de Juliette Rigolet, 31 ans, son épouse, domiciliés au 9 rue Carnot à Levallois-Perret [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92).
Maxime Collet devient ouvrier fumiste, « travaillant régulièrement ».
Adhérent au Syndicat général unitaire (CGT) du Bâtiment, il est membre des Jeunesses communistes de France (J.C.).
Début janvier 1930, il quitte le domicile de ses parents, au 221 rue Marius Aufan, pour emménager au 19 rue Kleber à Levallois, .
Le 20 avril, Maxime Collet est arrêté par des agents du commissariat de Levallois pour vente du journal L’Avant-Garde effectuée sur le marché, un numéro qui faisait l’objet d’une ordonnance d’une saisie par un juge d’instruction pour « provocation de militaires à la désobéissance dans un but de propagande anarchiste ». Conduit au commissariat, il est relaxé après vérification de domicile, sans aucune suite judiciaire.
Le 28 septembre suivant, il est arrêté devant La Chope de la Bellevilloise, rue Boyer, lors d’une bagarre suivant la proclamation des résultats de l’élection législative complémentaire dans le 20e arrondissement. Il habite alors au 67 rue Jules Guesde à Levallois. Il est de nouveau relaxé sans suite.
Pendant un temps, habitant alors au 26 rue Notre-Dame-de-Nazareth, il est employé comme magasinier à la Société de Constructions Aéronautiques d’hydravions Lioré et Olivier (LeO) ; ateliers rue de Villiers à Levallois ?
De la classe 1928, c’est seulement le 15 octobre 1930 qu’il rejoint le 18e régiment de chasseurs à cheval à Haguenau afin d’y effectuer son service militaire.
Le 21 décembre 1930, un article qu’il aurait participé à rédiger sur son employeur précédent paraît dans le journal soviétique Pravda de Moscou, alertant les Renseignements généraux de la préfecture de police. « Les entreprises d’aviation Lioret et Olivier sont en train de construire des avions de chasse et des hydroplanes de guerre. En ce moment, on fabrique en hâte des avions de chasse géants D27. Chacun de ces avions est muni de quatre mitrailleuses. Trois avions de chasse de ce type ont été envoyés en Chine. Toutes les entreprises Loiret et Olivier travaillent surtout pour les voisins de l’Union soviétique. Ces derniers temps, on a envoyé beaucoup d’avions en Roumanie. Le Gouvernement français se prépare d’abord à envoyer contre l’Union soviétique la Roumanie et la Pologne, et c’est pourquoi elle leur fournit des armes de toutes sortes. À cause de cela, beaucoup de nos camarades parlent souvent de quitter l’usine. Mais ce n’est pas là une situation (sic). C’est justement dans ses heures où se forgent les instruments de guerre que nous devrons renforcer notre influence afin qu’au moment décisif, nous puissions frapper douloureusement les impérialistes. »
Dès lors, selon une prescription de l’état major de la région de Paris, Maxime Collet est soumis à surveillance durant sa présence sous les drapeaux. Il est hospitalisé à l’infirmerie de sa garnison du 26 août au 3 octobre 1931. Une semaine plus tard, il est envoyé en congé libérable.
À partir du 1er octobre 1932, il occupe seul une chambre dans un “garni” (hôtel) au 30 rue Cavé, à Levallois-Perret. Devenu menuisier en bâtiment, il est en chômage à la fin novembre 1932. Il fait partie du Comité des Chômeurs de Levallois.
Le 16 février 1933, Maxime Collet participe à des voies de fait et des déprédations (violation de domicile et bris de clôture) au consulat de Pologne à Paris. Arrêté avec d’autres, il est incarcéré à la Maison d’arrêt de la Santé où il entame une grève de la faim, prévenant de son initiative (Jean ?) Chauvet, du Secours Rouge international. Alerté, Jacques Duclos demande une intervention de l’avocat du militant afin que celui-ci cesse cette forme de protestation. Suites inconnues…
Le 5 octobre 1935, à la Mairie de Levallois-Perret, Maxime Collet, 26 ans, se marie avec Marcelle Marguerite Vidal, née le 8 octobre 1906 à Paris 11e, 28 ans, sans profession (?), domiciliée au 11 rue Trézel à Levallois-Perret ; ils s’installeront chez elle. Ils auront un fils, Jean Julien Pierre, né le 11 juillet 1936.
Au moment de son arrestation, Maxime Collet est toujours domicilié au 11 rue Trézel.
Le 27 juin 1941, Maxime Collet est arrêté et interné administrativement à la demande du commissaire de police de Levallois, qui le signale comme se livrant à la propagande clandestine, puis il est conduit le jour même à l’hôtel Matignon à la disposition des “autorités allemandes”. Il est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Maxime Colletest sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet, Maxime Collet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45384 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Maxime Collet est très probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
En effet, à une date restant à préciser, il est admis au Block 28 (“convalescents”) de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I.
Il meurt à Auschwitz le 1er février 1943, selon une copie du registre de la morgue (Leichenhalle) relevée clandestinement par la résistance polonaise interne du camp, et où est inscrit le matricule n° 45384 (ce local de regroupement temporaire des cadavres est situé au sous-sol du Block 28).
Il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 24-12-1987).
Notes :
[1] Levallois-Perret : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 382 et 399.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2002), citant : Témoignage de Madame Faurie, veuve de Paul Faurie, de Levallois-Perret (FNDIRP, 10-2-1987) – Archives municipales de Levallois-Perret – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (liste – iincomplète – du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : dossier individuel au cabinet du préfet (1 W 600-17602).
Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94), carton “Association nationale des familles de fusillés et massacrés”, fichier des familles.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 26-11-2023)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.