Paul, Marie, Eugène, Olivier, COPIN naît le 9 février 1913 à Saint-Julien-en-Jarez, près de Saint-Étienne (Loire)chez ses parents, Eugène Copin, 30 ans, épicier, et Marie Hélène Augustine Guédon, 24 ans, son épouse, domiciliés au 35 Grande Rue.
Titulaire du Certificat d’études primaires, Paul Copin a une formation de comptable.
En 1936, il est archiviste-documentaliste à l’usine d’aviation Nieuport (au 48-52 boulevard Gallieni, devenue Société nationale de constructions aéronautiques de l’Ouest – SNCAO – en décembre 1936). La police le connaît comme « secrétaire de la cellule Nieuport de la section d’Issy du Parti communiste ».
En août 1938, membre des Jeunesses communistes, Paul Copin est délégué au Congrès international de la Jeunesse pour la paix à New-York, réunissant des organisations de diverses tendances, avec notamment Danielle Casanova, Léo Figuères, Raymond Guyot.
En 1939, et jusqu’au moment de son arrestation, il est domicilié au 5, square du Var à Paris 20e ; une autre source indique rue de Paris à Vincennes [1] (Seine / Val-de-Marne), comme son ami Alfred Malleret. Il est célibataire. Il se déclare alors comme ajusteur.
En août 1938, membre des Jeunesses communistes, Paul Copin est délégué au Congrès international de la Jeunesse pour la paix à New-York, réunissant des organisations de diverses tendances, avec notamment Danielle Casanova, Léo Figuères, Raymond Guyot.
Pendant la “drôle de guerre”, il se voit retirer son affectation spéciale (à l’usine où il travaille ?), selon André Tollet. Lors de son arrestation, il est déclaré comme manœuvre.
Sous l’occupation, il est un des responsables des Jeunesses communistes clandestines.
Le 30 avril 1941, il est arrêté à Arcueil (94), par des agents du commissariat de la circonscription de Gentilly, pour distribution de tracts clandestins de La Vie Ouvrière (journal de la CGT) appelant à manifester le 1er mai, avec Georges et Marthe Rudolf (sœur d’Alfred Malleret [2]), qui habitent cette commune. Paul Copin est trouvé porteur de 38 tracts et six autres sont découverts à son domicile, sous son matelas.
Les trois jeunes gens sont inculpés d’infraction au décret du 26 septembre 1939 (dans l’acte d’inculpation figure également la « création de commerce non autorisé » (?) par Georges Rudolf. Le 2 mai, Paul Copin est conduit au dépôt de la préfecture de police de Paris (la Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité).Le lendemain 3 mai, tous trois comparaissent devant la 12e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine qui condamne Paul Copin à six mois d’emprisonnement (Marthe Rudolf est relaxée faute de preuve). Les deux hommes font appel du jugement auprès du procureur de la République. Le 24 mai, Paul Copin est transféré à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne).
Le 8 juillet, la 10e chambre de la cour d’appel de Paris confirme la sentence.
Le 17 septembre, à l’expiration de sa peine, Paul Copin n’est pas libéré : le préfet de police de Paris signe un arrêté ordonnant son internement administratif, en application du décret du 18 novembre 1939 organisant, en situation d’état de siège, « les mesures à prendre à l’égard des individus dangereux pour la défense nationale ou pour la sécurité publique ». Paul Copin est transféré le jour-même au dépôt de la préfecture de police.
Le 9 octobre, il fait partie des 60 militants communistes (40 détenus venant du dépôt, 20 venant de la caserne des Tourelles) transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne) ; départ gare d’Austerlitz à 8 h 25, arrivée à Rouillé à 18 h 56. Dans ce camp, victime de démangeaisons et de petits boutons, Paul Copin est admis plusieurs jours à l’infirmerie : le docteur Wolfson – un détenu – suspecte un nouveau mal, dû au manque de matières grasses, et en fait une communication à la Faculté de médecine. Mais, un soir, aux côtés d’André Tollet, Paul Copin – qui respecte une hygiène stricte – découvre avec stupeur que son chandail est plein de poux. Cette mésaventure, qui est un bon « sujet de rigolade » pour ses camarades internés, ne doit pas masquer le fait que le docteur Wolfson – avec la complicité du docteur Cheminée, médecin de ville officiant à l’extérieur du camp – réussit à faire sortir, pour leur hospitalisation, de nombreux détenus qui pourront ainsi s’évader.
Le 9 février 1942, Paul Copin est parmi les 52 « communistes » (dont 36 seront déportés avec lui) remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits par des Feldgendarmes à la gare de Poitiers. Enfermés dans deux wagons à bestiaux, ils sont transférés – via Paris – au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Le 7 mars, quand trois otages, dont Pierre Rigault (ancien secrétaire de Maurice Thorez), sont conduits hors de ce camp pour être exécutés, il est aux côtés d’André Tollet lorsque la direction clandestine de la Résistance fait chanter La Marseillaise aux détenus rassemblés. À un soldat qui tente de mettre fin à cette manifestation, il lance : « Braille toujours, mon bonhomme. Tu nous feras peut-être crever, mais tu as une gueule de vaincu. » À la suite de cette manifestation, courrier, colis et visites sont suspendus pendant un mois.
Après le 24 mai, Paul Copin constitue un “triangle” du Parti communiste clandestin avec Marcel Boyer et Fernand Devaux qui vient d’arriver à Royallieu. Fin juin, quand le comité de résistance prépare l’évasion d’un groupe limité de détenus par un tunnel [3], Paul Copin devine ce qui se trame et propose spontanément de préparer des vivres pour ceux qui vont s’échapper.
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet, Paul Copin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45393 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [4]).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Paul Copin est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Là, il est assigné au même Block que Marcel Boyer et Fernand Devaux, et tente de reconstruire avec eux leur triangle d’organisation clandestine du Parti communiste. Ensemble, ils sont affectés au très meurtrier Kommando de la Huta (travaux de terrassement, installation de canalisations).
Paul Copin meurt à Auschwitz à une date inconnue ; probablement avant la mi-mars 1943 (l’état civil français a fixé la date au 31 août 1942 [5]).
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 26-02-1988).
Notes :
[1] Vincennes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968). Le nom Paul Copin ne figure pas sur la « liste des déportés politiques et raciaux » établie par la municipalité de Vincennes après la Libération. Il ne figure pas non plus sur les listes électorales de Vincennes pour les années 1938 et 1939 : quel était son “ancrage” dans cette commune ? Une “planque” ?
[2] Marthe-Madeleine Malleret, dite Jeannine, épouse Rudolf, née le 12 octobre 1913 à Paris 11e, coiffeuse, domiciliée au 50, rue de la Gare à Arcueil.
[3] Ce tunnel a permis l’évasion de 19 militants syndicalistes (dont Georges Cogniot et André Tollet) dans la nuit du 21 au 22 juin 1942, peu avant la déportation du millier d’otages “communistes », le 6 juillet.
[4] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin “Après Auschwitz”, n°21 de mai-juin 1948).
[5] Dans les années qui ont suivi la guerre, pris entre l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès pour les déportés et la nécessité d’établir les documents nécessaires aux familles, les services français d’état civil ou des Anciens combattants et victimes de guerre (pensions) ont souvent fixé des dates fictives, sur la base du témoignage généralement approximatif des rescapés.
Sources :
Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, (Morts pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de leur action militante).
André Tollet, Le Souterrain, collection Souvenir, éditions sociales, Paris 1974, page 132.
Souvenirs d’André Tollet, Les Barbelés de Vichy, Le camp de Rouillé, réserve d’otages, Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé, édité par la Mairie de Saint-Ouen (93), mai 1994, pages 23 et 24 ; in Le Souterrain, Éditions sociales, Paris 1974, page 110.
Témoignage de Fernand Devaux, in “Mille otages pour Auschwitz”, page 302.
Charles Désirat, Pour reprendre le combat, nous nous sommes évadés de Compiègne, éditions du Secours Populaire Français (sans date).
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 389 et 399.
Ville de Vincennes, Service Archives et Patrimoine ; recherches menées par Christine Kauffmann (02-2007).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), APPo, site du Pré-Saint-Gervais : : dossiers individuels du cabinet du préfet (1w0096), dossier de Paul Copin (24890) ; registre de main-courante du commissariat de la circonscription de Gentilly du 27 octobre 1940 au 8 août 1941 (CB.96.48).
Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 28 mars au 5 juin 1941 (D1u6-5855) ; jugements du 3 mai 1941 (D1u6-3745).
Archives Départementales du Val-de-Marne : Maison d’arrêt de Fresnes, registre d’écrou n° 151 “correction hommes” (20 avril-7 juillet 1941) (2742W18) ; dossier des détenus “libérés” du 1er au 30-09-1941 (511W22).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), cartons “occupation allemande” : camps d’internement… (BA 2374), liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; carton “Parti communiste” (BA 1928).
Archives départementales de la Vienne (AD86), camp de Rouillé (109W75).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 21-09-2023)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.