Henri, René, Coudray naît le 24 novembre 1913 à Fontainebleau (Seine-et-Marne – 77), fils de Charles Coudray et de Léontine Perthuison, son épouse. Henri a un frère et une sœur.
Leur père, mobilisé comme soldat de 2e classe au 246e régiment d’Infanterie, formé le 4 août 1914 à Fontainebleau, est déclaré tué à l’ennemi à Saint-Soupplets (77), au nord-ouest de Meaux, entre le 6 et le 12 septembre 1914 – au cours de la première Bataille de la Marne -, par jugement rendu le 13 juillet 1917 à Fontainebleau (probablement porté disparu…).
Les trois enfants sont pupilles de la Nation.
Le 18 mai 1934, à Écuelles (77), Henri Coudray se marie avec Émilienne Dejean. Ils auront trois enfants : Ghislaine, née le 7 décembre 1936, Bernard, né le 9 décembre 1937, et Chantal, née le 11 décembre 1940.
Henri Coudray est électricien. À partir d’octobre 1937, il est employé dans l’usine du secteur électrique de Moret-sur-Loing et extensions, appartenant à la société de l’Énergie de Seine et Loing.
Militant communiste avant guerre, il est membre de la « section » de Moret-sur-Loing de 1937 à août 1939.
À partir de mars 1939 et jusqu’à l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée Chemin de la Ravanne à Écuelles, commune limitrophe de Moret-sur-Loing, sur la rive droite de la rivière et du canal.
Mobilisé en 1939, Henri Coudray envoie les archives de la « section » communiste de Moret au siège de la région, à Montreuil-sous-Bois (Seine / Seine-Saint-Denis), selon sa propre déclaration.
En avril 1941, il remplace, comme secrétaire de la section du PCF clandestin de Moret, Mario Tache partit en zone libre (à Aix-en-Provence ou dans la région).
En juin, interrogé par le commissaire spécial de Melun sur son activité politique, Henri Coudray déclare ne pas connaître Théodore Bonhomme, trésorier de la cellule « alors assis à côté de lui ».
Le dimanche 19 octobre 1941, Henri Coudray est appréhendé par la Feldgendarmerie dans le cadre d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – meules, hangars – ayant eu lieu dans le département. Théodore Bonhomme, domicilié lui aussi à Écuelles, est arrêté le même jour.
Henri Coudray est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (46 d’entre eux seront des “45000”). Enregistré sous le matricule n° 1702, il est assigné au bâtiment A3 (Théodore Bonhomme reçoit le matricule 1701).
Dès le 22 octobre, Émilienne Coudray s’adresse au maire d’Écuelles afin que celui-ci lui fasse « obtenir l’allocation aux familles dont le soutien est interné ».
Entre fin avril et fin juin 1942, comme Théodore Bonhomme, Henri Coudray est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Henri Coudray est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45403 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Il meurt à Auschwitz le 15 septembre 1942, d’après les registres du camp.
Après l’arrestation de son mari, Émilienne Coudray de « santé très délicate et de faible constitution […] ne peut se livrer à aucun travail rémunérateur [et] vit, le plus souvent, avec sa belle-mère, à Fontainebleau 38 rue de France [n’ayant], pour toute ressource [en avril 1942], que l’allocation attribuée aux familles d’internés ; soit 16 francs par jour ».
Le nom de Henri Coudray est inscrit au cimetière d’Écuelles, sur un support mal identifié (« sépultures individuelles » ?).
La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de Henri Coudray (J.O. du 12-03-2005).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 378 et 400.
Site Mémoire des hommes, Ministère de la Défense, base des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale.
Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, arrestations collectives octobre 1941 (M11409) ; arrêtés, dossiers individuels CHA-GEN (3384w8).
Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, archives du CDJC ; doc. IV-198.
Site Mémorial GenWeb, 77-Écuelles, relevé de Henry Dropsy et Joël Gruffaz (2006).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 31-10-2023)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.