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Portrait extrait de Mémoire en images, Drancy, tome II,
de Daniel Moreau, éditions Alan Sutton. Droits Réservés.

René, Auguste, Deschamps naît le 2 octobre 1902 à Poitiers (Vienne – 86), chez ses parents, Joseph Deschamps, 30 ans, domestique, et  Justine Chambaudry, son épouse, 28 ans, cuisinière, domiciliés au 40, rue Carnot ; les deux témoins pour la déclaration du nouveau-né à l’état civil sont également domestiques. René a déjà un frère aîné, Paul, né en 1899 à Poitiers. Sa première sœur, Juliette, naît en 1904 dans cette ville.

À la mi-avril 1905, la famille s’est installée au lieu-dit l’Espinasse à Sommières-du-Clain (86), où le père devient patron cultivateur. Justine Deschamps y donne naissance à Alphonse en 1907, à Georgette en 1909, et à Marie en 1910. En novembre 1911, la famille s’installe au lieu-dit Le Rosier, à Mouthiers-sur-Boëme (Charente – 16). Classé “service auxiliaire” depuis le conseil de révision, et maintenu par la commission de réforme d’Angoulême (16) pour « varices volumineuses » le 21 novembre 1914, Joseph Deschamps n’est pas mobilisé sur le front au cours de la Première guerre mondiale.

En 1922, du bureau de recrutement d’Angoulême, René Deschamps est exempté de service militaire pour « faiblesse de constitution ».

Le 6 juillet 1925, à Pantin (Seine / Seine-Saint-Denis – 93), il épouse Gabrielle Siloret – qu’il appelle Gaby -, née le 29 mai 1904 à La Chapelle-Sainte-Mélaine (Ille-et-Vilaine).

Au printemps 1926, le couple habite rue de la Mare à Drancy [1] (93). René est alors chauffeur chez Weil (?).

Dans les années suivantes, Gaby donne naissance à leurs trois enfants : Robert, né le 10 juillet 1926 à Pantin, Renée, née le 6 novembre 1928, et Liliane (« Lili »), née le 31 mai 1931, toutes deux à Drancy. Les enfants se rappelleront de leur père comme « un homme doux et gentil ».

À partir de 1927, René Deschamps est chauffeur de taxi « propriétaire » (artisan).

Un taxi parisien au milieu de la circulation, place de l’Opéra dans les années 1930. Carte Postale, collection Mémoire Vive.

Un taxi parisien au milieu de la circulation, place de l’Opéra dans les années 1930.
Carte Postale, collection Mémoire Vive.

Il est membre de la Chambre syndicale des cochers chauffeurs du département de la Seine.

Au printemps 1931, la sœur aînée de Gabrielle, Claire, née Siloret le 12 août 1898, veuve sans enfant de René Louvain, décédé le 29 septembre 1930 à Drancy, âgé de 36 ans, est installée dans le petit pavillon mitoyen, séparé par une cour commune. Elle est alors ouvrière chez Audebert, à Drancy.

Partageant les idées de sa mère Justine, selon la mémoire familiale, René Deschamps devient militant communiste, membre de la section de Drancy de la région Paris-Est du PC. En mai 1935, il est élu Conseiller municipal de Drancy sur la liste de Jean-Louis Berrar.

Drancy. La mairie. Carte postale oblitérée en 1932, collection Mémoire Vive.

Drancy. La mairie.
Carte postale oblitérée en 1932, collection Mémoire Vive.

Au printemps 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, son adresse est au n° 60, rue de la Mare.

Le 4 octobre 1939, René Deschamps est suspendu de ses fonctions électives par un arrêt du Conseil de préfecture de la Seine.

Le 26 février 1940, il est reconnu “bon service armé” par la 5e commission de réforme de la Seine (vérifier dans quelle unité il part “aux armées”…). Il est démobilisé fin juillet 1940.

À son retour, il ne retrouve pas de travail comme chauffeur de taxi. Vers le 20 décembre 1940, il obtient d’être embauché par une entreprise de démolition, sise 118 boulevard de L’Hôpital à Paris 13e.

Sous l’occupation, la police française – brigade spéciale 1 des renseignements généraux de la préfecture de police – note qu’il « poursuit une intense activité » et « a pris une part importante dans le développement de la propagande révolutionnaire clandestine », mais sans mentionner aucun fait précis, ni en avancer la moindre preuve.

Le 20 janvier 1941, le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif, en application du décret du 18 novembre 1939, en même temps que celui de 65 autres militants communistes de la Seine, tous probablement arrêtés ce jour-là.

Le même jour, à 6 h 30 du matin, deux inspecteurs de police se présentent au domicile de René Deschamps, lui demandant de les suivre pour un simple contrôle d’identité. Pendant qu’il s’habille et prend quelques affaires, Gabrielle lui demande de fuir par le champ situé derrière la maison, en passant par une petite fenêtre. Mais René répond que, n’ayant rien fait de mal, il n’a rien à craindre. Appréhendé en présence de ses trois enfants, René Deschamps conduit successivement dans les différents lieux où s’opèrent les regroupements : d’abord au commissariat de Pantin où il est rejoint par cinq camarades de Drancy, puis au commissariat du 19e arrondissement et, enfin, à la caserne des Tourelles, où 69 militants communistes sont « parqués dans une pièce humide et froide de 13 h à 19 h ». René Deschamps discute notamment avec deux camarades chauffeurs de taxi. Finalement, des autocars de la préfecture viennent les emmener, escortés de gendarmes, à la guerre de l’Est ou à celle de La Chapelle, où ils sont rejoints par une centaine d’autres venant de la Maison centrale de Fontevraud-L’Abbaye [2], près de Saumur (Maine-et-Loire).

Le train, qui démarre vers 21 heures, les amène dans la nuit à la gare de Clairvaux (Aube) d’où ils sont conduits – par rotation de vingt détenus dans un unique fourgon cellulaire – à la Maison centrale de Clairvaux, ceux venant de Fontevrault étant emmenés en premier.

Clairvaux. La Maison centrale. Carte postale. Collection M. Vive.

Clairvaux. La Maison centrale. Carte postale. Collection M. Vive.

Les internés politiques sont assignés au quartier 3, à l’ouest du grand cloître, qui leur a été réservé. Rejoints par d’autres, ils seront 223 rassemblés au 30 mars. Ils doivent abandonner leurs vêtements civils pour revêtir le « costume de bagnard ». René Deschamps est enregistré comme interné administratif sous le matricule n° 103.

Le 15 février 1941, il écrit au préfet de la Seine pour protester contre l’injustice qui lui est faite, ainsi qu’à sa famille. Et, une semaine plus tard, son épouse Gaby écrit au même haut fonctionnaire afin que celui-ci lui obtienne l’accès à une pension de chômage : « … à l’heure où la France réclame l’unité de ses fils et de la famille française, toutes ces belles choses préconisées avec tant d’ardeur seraient donc un vain mot si on laisse mourir de faim et de froid les femmes et les enfants de France qui ne sont pour rien dans cet état de choses. » Désignant ses enfants, « … comment les nourrir, puisque celui qui les nourrissait leur a été pris, jeté dans une prison comme un vulgaire bandit ? […] je suis donc allée à la mairie de Drancy pour me faire inscrire au fonds de chômage. On m’a répondu que, pour être inscrit, il me fallait des certificats au moins [à partir de ?] de 1930. Alors que je n’en ai que de 1926 : depuis lors, nous n’étions pas des cumulards et nous nous sommes contentés de la paye de mon mari, qui était chauffeur de taxi, pour vivre et élever nos enfants. […] Depuis un mois, nous vivons par je ne sais quels moyens : quelques économies, à présent épuisées »

Le 29 mars, René Deschamps écrit cette fois-ci au préfet de police pour « protester avec véhémence contre [son] arrestation illégale et le maintien en prison sans motif ». Le 6 avril, Gaby écrit également au préfet de police, insistant sur le mauvais état de santé de son mari, auquel le régime alimentaire de la maison centrale est préjudiciable.

Le 9 avril, le cabinet du préfet de police envoie une note au commissaire de police de la circonscription de Pantin afin que celui-ci fasse connaître à Madame Deschamps « qu’après examen, il n’est pas possible d’envisager, du moins quant à présent, la libération de l’intéressé ». Gaby en prend connaissance le 2 mai, sans doute après s’être rendue à une convocation au commissariat.

Le 23 avril, René Deschamps écrit au directeur pour lui demander de l’autoriser à consulter un dentiste.

Son épouse obtient de pouvoir lui rendre visite à la maison centrale, avec leurs enfants Robert et René ; Lili ayant été envoyée chez une tante en Charente.

Le 14 mai, une centaine d’internés de Clairvaux est transférée au camp de Choisel à Châteaubriant (Loire-Atlantique), parmi lesquels plusieurs seront fusillés le 22 octobre. René Deschamps fait partie de ceux qui restent à la maison centrale, et qui doivent bientôt partager les locaux qui leur sont assignés avec quelques “indésirables” (condamnés de droit commun).

Le 26 septembre 1941, René Deschamps est parmi la centaine d’internés transférés en train, via Paris, au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne).

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le 9 février 1942, René Deschamps est parmi les 52 « communistes » (dont 36 seront déportés avec lui) remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits par des Feldgendarmes à la gare de Poitiers. Enfermés dans deux wagons à bestiaux, ils sont transférés – via Paris – au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Depuis ses différents lieux d’internement, René Deschamps a eu la possibilité d’envoyer à son épouse plusieurs lettres dont certaines étaient agrémentées de dessins à destination de ses enfants.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

René Deschamps jette sur la voie un message qu’un cheminot trouvera et enverra à son épouse. Il y annonce qu’il part avec ses camarades drancéens Albert Beugnet, Adrien Humbert (“Bébert” ), Henri Gateaux, Jean Pomier et Gabriel Puech.


Compiègne le 6 /7/42

Chère petite femme, chers enfants

A l’instant nous partons de la gare de Compiègne, nous sommes sur la route de l’exil pour l’Allemagne probablement, ma chérie ne te fais pas de mauvais sang pour moi, sois courageuse et fière. Je suis en bonne santé et le moral est bon, nous partons à 1200 du camp, nous sommes 6 de Drancy, Beunier, Bébert, Puech, Pommier et Gâteaux et moi même.

Après deux jours de préparatifs, nous sommes prêts ce matin, depuis 3 heures nous sommes debout, nous avons touché des vivres pour plusieurs jours, nous sommes entassés dans les wagons à bestiaux, le voyage sera sûrement assez long et surtout ne soyez pas inquiets si vous êtes un moment sans nouvelle, tu recevras peut-être une autre lettre. J’ai reçu ta lettre du 26 juin et 2 colis, 1 du Secours populaire et le tien, merci, tout était complet et cela est arrivé à pic.

Ma chérie, mes chers enfants, tu vas sans doute recevoir ma valise et ma couverture, il nous était interdit d’emporter tous nos bagages, j’ai gardé le principal. Ma petite Gaby, sois courageuse et prudente, nous sommes sur la route de l’exil, nous reviendrons avant peu, ayons espoir de bientôt se revoir. Ne te fais pas de bile, cela ne changera rien au contraire, je t’écrirai aussitôt que possible, préviens les parents,embrasse bien nos chers enfants et pense à eux, mes amitiés à Guy et Claire, elle aussi est dans le bain d’après ce que j’ai compris, mes amitiés à vous tous, amis, bon courage ! Moi je pars avec un bon moral, je vous embrasse tous très très fort.

Ton petit homme qui ne t’oublie pas.

Bons baisers

René.


Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, René Deschamps est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45462 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Selon des témoins restant à préciser, il est rapidement malade de dysenterie. Très démoralisé, il reste « dans un coin » (?), incapable de faire le travail de fossoyeur auquel il est affecté, partageant son peu de nourriture avec ses camarades.

René Deschamps meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” au cours de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [3]).

(aucun des six Drancéens déportés le 6 juillet 1942 n’est revenu)

Après l’arrestation de son mari, Gabrielle a continué à diffuser des tracts clandestins, parfois accompagnée de leur fille Renée.

Sa sœur aînée (et voisine), Claire Louvain, femme de service dans les écoles, est écrouée pendant un temps à la maison d’arrêt pour femmes de la Petite Roquette (Paris 11e).

Plus tard au cours de l’Occupation, leur fils Robert, apprenti charcutier, rejoint les Francs tireurs et partisans (FTP) de Charente (groupement “Bernard” ?) et participe, à partir de janvier 1945, aux combats pour la libération de la “poche” de Royan, un des principaux verrous de l’estuaire de la Gironde et du port de Bordeaux. Le 17 avril suivant, après un bombardement destructeur sur la ville et une offensive terrestre, la garnison allemande retranchée dans la forteresse de Royan capitule, suivie trois jours plus tard par les troupes occupant la pointe de Grave.

Après la guerre, le Conseil municipal de Drancy donne le nom de René Deschamps à la rue de la Mare, où il habitait, et à un groupe scolaire (écoles maternelle et élémentaire) de la commune.

Au n° 60 de la rue, une plaque a été apposée sur un pilier de la porte d’entrée de la cour : « Dans cette maison a habité René Deschamps, conseiller municipal de Drancy, secrétaire de la section locale des chauffeurs de taxis, mort pour la France en déportation à Auschwitz, 1902-1942 ».

© Patrick, fils de Renée.

© Patrick Lodola, fils de Renée, petit-fils de René Deschamps.

Son nom est inscrit sur le monument en forme de tombe érigé dans le cimetière communal de Levallois-Perret par la CGT « en hommage à ses camarades chauffeurs de taxis parisiens tombés dans les luttes pour l’émancipation des travailleurs, pour la liberté, pour la démocratie, pour la France, pour la République » (situé en vis-à-vis de la tombe de la communarde Louise Michel).

Cimetière de Levallois-Perret. Monument des chauffeurs de taxis parisiens CGT. © Mémoire Vive.

Cimetière de Levallois-Perret.
Monument des chauffeurs de taxis parisiens CGT. © Mémoire Vive.

Le 13 juillet 1950, à Drancy, Gabrielle Deschamps se remarie avec Auguste Banet.

Au cours de l’été 1955, elle dépose auprès du ministère des anciens combattants et victimes de guerre une demande de carte définitive de déporté résistant au nom de René Deschamp. Mais celui-ci n’est finalement homologué comme que comme “Déporté politique”.

Robert Deschamps, son fils, qui a été un temps conseiller municipal, décède en février 1994. Sa mère, et veuve de René, Gabrielle Banet, décède neuf mois plus tard, en novembre suivant, à Drancy.

Notes :

[1] Drancy : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968). Elle est aussi sinistrement connue pour avoir été le lieu où fut implanté – dans la cité de la Muette inachevée – le camp de regroupement des Juifs ( vieillards, enfants…) avant leur transport vers Auschwitz-Birkenau.

[2] Fontevraud-L’Abbaye, souvent orthographié Fontevrault-L’Abbaye au 19e siècle.

[3] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

Sources :
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 150 et 153, 384 et 401.
- Monique Houssin, Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis, Un nom, une rue, une histoire, Les éditions de l’Atelier/ Les éditions Ouvrières, Paris 2004, page 68.
- Mémoire, La vie des Drancéens de 1939 à 1945, publié par l’association Le Papyrus Drancéen, section Dimémé, Drancy 2005 ; merci à Françoise Bulfay.
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94) : transcription du message du 6 juillet 1942 ; carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : dossier individuel au cabinet du préfet (1 W 598-18521) ; cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374), liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397).
- Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
- Dominique Fey et Lydie Herbelot, Clairvaux en guerre, Chronique d’une prison (1937-1953), éditions Imago, Paris, décembre 2018, chapitre II, Une centrale dans la tourmente, pages 45 à 106, notamment la page 61.
- Archives départementales de la Vienne, archives en ligne : état civil de Poitiers, registre des naissances de l’année 1902 (5 MI 1207, 1902), acte n°545 (139/202).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 221 (31823/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 92-Levallois-Perret, relevé d’Émilie Pessy et de J.C., élèves de 3e 5 (04-2003) ; 93-Drancy, relevé de Monique Diot Oudry (11-2004).
- Échange téléphonique avec Renée Lodola, née Deschamps, fille de René et Gabrielle, qui est restée dans le pavillon familial de Drancy (11-2020).
- Messages de Valérie Bertrand (12-2020).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-12-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.