Pour plus de 1000 d’entre eux, ce sont des hommes animés par un idéal d’émancipation humaine, internationalistes et patriotes.
Engagés contre le fascisme qui menaçait l’Europe, ils avaient, dans les années 30, anticipé les combats des années 40. Certains s’engageant dans les Brigades Internationales contre Franco en Espagne.
Ils sont arrêtés pour des actes de refus d’une soumission à l’occupant et de la collaboration. Ils s’efforçaient de dresser la population contre Vichy et les nazis.
Ils rédigent, impriment, distribuent tracts et journaux clandestins.
Ils prennent part à des grèves malgré leur interdiction –certains cachent des armes ou participent à des sabotages.
Dès 1940, le 30 septembre, un télégramme à Berlin du chef de la Gestapo de Paris ordonne « tous les chefs communistes, dont on peut s’attendre directement ou indirectement qu’ils puissent rédiger, distribuer des tracts ou être actifs de façon ou d’une autre, doivent être arrêtés et internés. Réponse le 3 octobre 1940 du chef de la Gestapo de Berlin : « Hitler donne son accord à condition qu’on épargne nos indicateurs, que les listes des arrêtés soient obtenues et que tout ceci reste discret ».
En dépit de la chasse aux militants politiques et syndicalistes à laquelle collaborent Gestapo et police française, les antifascistes s’efforcent de renouer les contacts, de structurer leurs organisations clandestines et d’agir sur leur terrain traditionnel.
Le 1er mai 1941 annoncera un puissant mouvement de grèves à caractère d’opposition à l’occupant. 100 000 mineurs y participeront en mai-juin. Le 15 mai, un appel à constituer un front de lutte pour l’indépendance sera lancé.
D’inspiration communiste, de caractère national, auquel adhèreront des personnes de sensibilités diverses tels Aragon, François Mauriac ou le gaulliste J. Debubridel, ce mouvement de résistance (Front National), préfigurera les Francs Tireurs et Partisans qui en seront la branche armée.
Ils allaient bénéficier du contexte mondial bouleversé à partir du 21 juin 1941 avec l’entrée en guerre contre l’Allemagne de l’Union Soviétique envahie par les armées hitlériennes.
Mesurant le danger que représentait la lutte armée de partisans sur le sol de France, les nazis répondirent (en vain) par des fusillades massives afin de réduire toute opposition.
Au contraire, sabotages et attentats contre les officiers et soldats allemands se multiplièrent.
Durant la période évoquée, depuis la défaite, de petits groupes de patriotes anglophiles ou gaullistes, s’efforçaient de renseigner les anglais restés seuls dans la guerre et répondaient à l’appel lancé par le Général de Gaulle, notamment afin d’exprimer leur condamnation des fusillades de Châteaubriant, Nantes et Bordeaux. Le seuil de la seule répression anticommuniste était franchi. Ces exécutions symboliseront une forme d’union face à la répression.
Pour créer un nouvel effet de terreur, Hitler décide la déportation des otages vers l’Est. Les autorités allemandes vont faire leur choix dans des listes établies par les autorités de Vichy. Destination Auschwitz via Compiègne.
Le 6 juillet 1942, le premier convoi de Résistants quitte ce camp d’internement de la Werhmacht.
1175 hommes dont 90 % de communistes ou sympathisants, 50 juifs dont certains sont résistants, et en moindre proportion des gaullistes.
Ce convoi sera le seul à destination définitive d’Auschwitz-Birkenau, avec le convoi des femmes résistantes dit « des 31000 » du 24 janvier 1943.
Un autre convoi de déportés de répression arrive le 30 avril 1944 à Auschwitz, mais quittera le camp pour Buchenwald au bout de 12 jours. Ils prendront le nom de « tatoués ».
Le long séjour des « 45000 » à Auschwitz-Birkenau aura fait d’eux des témoins de l’enfer organisé par les SS : l’extermination de Tziganes, de milliers de prisonniers de guerre soviétiques, de patriotes polonais, de résistants de toute l’Europe et du génocide des juifs.
Ce sont les matricules reçus à l’enregistrement qui feront d’eux les « 45000 ». Ils seront séparés en deux groupes quelques jours après leur arrivée, l’un à Auschwitz, l’autre à Birkenau.
Après 7 mois, plus de 1000 auront disparu. Leur taux de mortalité fût de 80 % à Auschwitz et de 96 % à Birkenau.
119 reverront la France en 1945.