Louis Faure naît le 3 janvier 1921 à Paris 14e arrondissement, fils de Jacques Faure et de Marie Louise Jabain.
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 24, avenue Ernest-Renan à Issy-les-Moulineaux [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92) ; une autre source indique le 27, rue Juge à Paris 15e : un homonyme ?
Louis Faure, âgé de 20 ans, est est ouvrier imprimeur à l’imprimerie Desfossés à Issy-les-Moulineaux (Seine / Hauts-de-Seine) et travaille – et milite clandestinement – avec son collègue Henri André, de Paris 5e, âgé de 25 ans, qui lui transmet des tracts à distribuer. Il en reçoit également d’un nommé « Pierre ».
André et lui sortent clandestinement des feuilles de tickets d’alimentation édités par leur l’entreprise.
Le 23 ou 25 janvier 1941, des agents du commissariat de police du quartier de la Porte-Saint-Martin (Paris 10e) arrêtent Louis Faure rue Letellier à Paris 15e (sont témoins de cette arrestation un restaurateur et Georges Autret, habitant dans cette rue). À la recherche des tickets d’alimentation volés, les policiers trouvent, lors de la perquisition opérée à son domicile, une vingtaine d’exemplaires des journaux communistes clandestins L’Humanité n° 85 et La Voix de Paris. Inculpés simultanément d’infraction au décret du 26 septembre 1939 et à la loi du 17 septembre 1940, les deux imprimeurs sont conduits le jour même au dépôt de la préfecture de police, à la disposition du Parquet de la Seine.
Le 17 mars, la 12e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine condamne Louis Faure et Henri André chacun à deux ans de prison et 100 F d’amende. Ils se pourvoient en appel. Ils sont aussitôt écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).
Le 5 avril, Louis Faure est transféré à l’établissement pénitentiaire de Fresnes [2] (Seine / Val-de-Marne), où il est rejoint par Henri André deux jours plus tard.
Le 26 mai 1941, la 10e chambre de la Cour d’appel de Paris réduit sa peine à un an de prison.
À l’expiration de celle-ci, le 25 octobre 1941, ils ne sont pas libérés : le préfet de police de Paris signe les arrêtés ordonnant leur internement administratif en application du décret du 18 novembre 1939.
Le 10 novembre 1941, avec Henri André, Louis Faure fait partie d’un groupe de 58 militants communistes transférés au « centre de séjour surveillé » (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne).
Le 18 mars 1942, les deux imprimeurs sont parmi les treize « jeunes » communistes « extraits par les autorités allemandes et transférés, pour des raisons qui n’ont pas été indiquées » au camp de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager) ; tous sont de futurs “45000” sauf André Giraudon, de Bourges, fusillé au Mont-Valérien le 9 mai 1942.
Entre fin avril et fin juin 1942, Louis Faure est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures, puis repart à la nuit tombée. Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Louis Faure est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46234 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).
Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied à Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un interrogatoire individualisé au cours duquel ils déclarent leur profession, ils sont envoyés aux travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet – après les cinq premiers jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Louis Faure est dans la moitié du convoi qui est ramenée à Auschwitz-I après l’appel du soir.
À la mi-août 1943, il est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) et mis en “quarantaine” au premier étage du Block 11, la prison du camp, pour une “quarantaine”. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.
Le 3 août 1944, Louis Faure est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” au Block 10 en préalable à un transfert (selon Cl. Cardon-Hamet).
Le 28 août 1944, il est dans le petit groupe de trente-et-un détenus dont vingt-neuf “45000” transférés au KL [3] Flossenbürg (Haut-Palatinat bavarois, proche de la frontière tchèque) et enregistrés dans ce camp le 31 août (matricule 19896).
Le 28 décembre 1944, Louis Faure est transféré au Kommando d’Altenhammer [4].
Son rapatriement, via Longuyon, s’effectue le 4 mai 1945.
Il est homologué comme “Déporté politique” (27-07-1961).
Notes :
[1] Issy-les-Moulineaux : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[2] Fresnes : cette commune fait alors partie du département de la Seine.
[3] KL : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.
[4] Altenhammer : Kommando situé dans un village à proximité du camp principal et constitué d’un atelier de montage d’avions Messerschmidt (les carlingues sont fabriquées dans le camp principal), d’une carrière connue sous le nom de Stich, et d’un centre de recherches sur les armes nouvelles.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 346, 372 et 403.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2005), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (dossier individuel).
Archives Départementales du Val-de-Marne ; Maison d’arrêt de Fresnes, dossiers individuels des détenus “sortants” du 20 au 31 octobre 1941, cote 511w28 : (mandat de dépôt/ordre d’écrou ; extrait des minutes du greffe).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 544-16655) ; dossier commun Faure Louis-André Henri des Renseignements généraux (77 W 1544-45424).
Archives départementales de la Vienne ; camp de Rouillé (109W75).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 8-01-2019)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.