Le 8 juin 1929, à Saint-Fargeau (Seine-et-Marne), sa sœur cadette Renée se marie avec Santo Dal Bosco. Le 21 décembre suivant, également à Saint-Fargeau, sa sœur aînée Jeanne se marie avec René Roussel, tous deux étant ouvriers d’usine chez Leroy.
À la mi-novembre 1930, Raymond Gouveno se déclare domicilié chez Monsieur Langrand (?) à Saint-Fargeau (Seine-et-Marne).
Au recensement de 1931, il habite à Saint-Fargeau chez sa sœur Renée Dal Bosco et son mari, maçon aux Carrières de France, qui ont deux très jeunes enfants (un an et deux ans) et hébergent également Jeanne Langrand, « grand-mère (?) », veuve, née en 1863 à Reims. Raymond Gouveno est alors fumiste chez Bonne à Melun.
Le 28 septembre 1935 à la mairie de Saint-Fargeau, Raymond Gouveno se marie avec Simone Pélardy ou Pellardi (?). Mais le couple divorcera.
Début 1936, Raymond Gouveno est imprimeur à la Manufacture de papiers peints Isidore Leroy et compagnie, implantée en bord de Seine à Ponthierry, commune de Saint-Fargeau.
En avril de cette année, il est « chef de ménage » au n° 134 de la la cité Leroy [1] à Ponthierry, hébergeant Jeanne Langrand, « grand-mère (?) », et une « sœur (?) », Micheline Perraud, née en 1917 à Paris, ouvrière d’usine chez Leroy.
De 1937 à 1939, il est membre de la cellule de Ponthierry du Parti communiste.
Le 28 janvier 1939, à la demande de la direction générale de la Sûreté nationale au ministère de l’Intérieur, et après avoir consulté ses sous-préfets, le préfet de Seine-et-Marne transmet à celle-ci un long rapport sur « l’organisation et l’activité de chacun des partis extrémistes » de son département dans lequel sont répertoriées les cellules du parti communiste. Pour le secteur de Ponthierry-Saint-Fargeau, il indique que le siège de la cellule est au Café des Cités à Ponthierry et désigne Raymond Gouveno – alors ouvrier d’usine – comme « responsable » aux côtés du secrétaire, Raymond Quinard.
Le 18 janvier 1940, dans la période de mobilisation générale, il est maintenu exempté de service militaire pour sa (blessure) de la bouche « sans gêne fonctionnelle marquée ».
En dernier lieu, Raymond Gouveno est désigné comme maçon, domicilié au Café des Cités (a-t-il été exclu de son emploi et de son logement ?). Au cours de l’occupation, l’usine est réquisitionnée par l’armée allemande pour la fabrication de moteurs d’avions (à préciser…).
Le dimanche 19 octobre 1941, Raymond Gouveno est appréhendé lors d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – meules, hangars – ayant eu lieu dans le département. Son nom figure en 12e position sur une liste de trente communistes arrêtés établie par le groupe de Feldgendarmerie n° 680.
Raymond Gouveno est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (46 d’entre eux seront des “45000”). Il y est enregistré sous le matricule n° 1706.
Le 28 novembre, la Feldkommandantur 680 de Melun adresse au chef du district militaire “A” à Saint-Germain-[en-Laye] une liste de 79 otages communistes seine-et-marnais pouvant être proposés pour une exécution de représailles, parmi lesquels Raymond Gouveno.
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Raymond Gouveno est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45624 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Raymond Gouveno.
On ignore la date de sa mort à Auschwitz ; probablement avant la mi-mars 1943.
Le nom de Raymond Gouveno est inscrit sur le Monument aux morts de Saint-Fargeau-Ponthierry, situé sur la place du général-Leclerc, face à l’église de Ponthierry.
Lors de sa séance du 18 avril 1946, le Conseil municipal de Saint-Fargeau-Ponthierry – sur communication d’un de ses membres, par ailleurs secrétaire du syndicat de la Sablière dont l’assemblée générale a décidé en ce sens – donne le nom de Raymond Gouveno à l’allée du Centre.
Notes :
[1] La cité Leroy date de la construction de l’usine de papiers peints Leroy, dont l’ancienne centrale électrique a été inscrite Monument historique par arrêtés du 22 avril 1986 et du 13 novembre 2006.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 380 et 406.
Ville de Reims, Archives municipales, site internet, archives en ligne : registre des naissances de l’année 1910, acte n° 2, (vue 2/711).
Archives de Paris : registre matricule du recrutement militaire, année 1929, 1er bureau de la Seine, matricule n° 4700 (D4R1 2867).
Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, arrestations collectives octobre 1941 (M11409) ; notes (SC51241).
Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, Archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : liste d’otages, document allemand, cote XLIV-60.
Site Mémorial GenWeb, 77-Saint-Fargeau-Ponthierry, relevé de Christian Prunier (11-2003).
Messages de Patrick Boron, du Service Patrimoines et Histoires locales de la Ville de Saint-Fargeau-Ponthierry (05-2022).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 23-05-2022
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.