- IDENTIFICATION INCERTAINE…
- Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.
Eugène Guépratte naît le 18 août 1906 à Ludres (Meurthe-et-Moselle – 54), fils de Joseph Désiré Guépratte, 29 ans, mineur, et de Marie Léopoldine Rodriche, 29 ans, bonnetière, son épouse, domiciliés dans la Grande Rue à Ludres. À sa naissance, Eugène a une sœur aînée, Aline, née en 1901 à Ludres.
Le 3 août 1914, leur père, rappelé à l’activité militaire comme réserviste par le décret de mobilisation générale, rejoint le 6e régiment d’artillerie à pied comme 2e canonnier servant. Le 1er mars 1916, il passe au 11e R.A.P. Le 2 février 1917, il est cité à l’ordre de son régiment : « Excellent servant, sur le front dans une batterie depuis octobre 1914. A toujours fait preuve d’un dévouement remarquable ; s’est particulièrement fait remarquer par son courage, son sang-froid et son mépris du danger sur le front, notamment en décembre 1916, où il a toujours assuré avec un entrain exemplaire le service de sa pièce. » Seize jours plus tard, le 18 février, Joseph Désiré Guépratte succombe à des « blessures de guerre » à l’ambulance « 15/22 (Oise) » ; du 22e corps d’armée ?
Au moment de son arrestation, Eugène Guépattre est domicilié à Chaligny, sur la Moselle à 14 km au sud de Nancy (54) ; son adresse reste à préciser (peut-être dans le quartier des cités ouvrières).
Sa profession reste à préciser (peut-être travaille-t-il à l’usine métallurgique de Neuves-Maisons – « l’usine de Neu-Neu » – de la Compagnie des Forges de Chatillon-Commentry et Neuves-Maisons…).
Il est probablement arrêté le 5 février 1942, comme otage à la suite du sabotage du transformateur d’Auboué dans la nuit du 4 au 5 février ; action de résistance qui déclenche une vague d’arrestations dans le département (70, dont plusieurs dizaines de futurs “45000”) ; à vérifier…
À une date restant à préciser, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Eugène Guépratte est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45631 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Eugène Guépratte se déclare alors sans religion (« Glaubenslos »). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage actuellement connu ne permet de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Eugène Guépratte.Il meurt à Auschwitz le 21 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
En France, la mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. 17-05-1994).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 367 et 406.
Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
Site Bienvenue à Chaligny, www.axsane.fr
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 409 (36893/1942).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 19-12-2023)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.