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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Édouard, André, Hoyer naît le 21 décembre 1893 à Paris 19e arrondissement, chez ses parents, Étienne Hoyer, 27 ans, boutonnier, et Marie Bichot, son épouse, 22 ans, blanchisseuse, domiciliés au 19, impasse du Puits.

Édouard Hoyer commence à travailler comme garçon grainetier.

Le 3 février 1913, une chambre du tribunal correctionnel de la Seine le condamne à un an d’emprisonnement pour vol.

Le 30 novembre 1913, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 5e bataillon d’infanterie légère d’Afrique, rejoignant son unité quatre jours plus tard. Il est en Tunisie du 1er décembre 1913 au 15 juin 1914, puis au Maroc occidental jusqu’au 1er août suivant.  À une date restant à préciser, il passe au 3e BILA. Par décret du 30 juillet 1914, il obtient la médaille agrafe du Maroc. Trois jours plus tard, le 2 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Édouard Hoyer reste mobilisé au Maroc, mais, cette fois-ci « contre l’Allemagne », jusqu’au 21 août 1919. Le 6 septembre suivant, il est envoyé en congé illimité de démobilisation et se retire chez ses parents.

Le 23 décembre 1920 à Paris 19e, Édouard Hoyer se marie avec Henriette Bernard.

En août 1925, ils habitent au 18, rue Desnoyez, à Paris 20e. En janvier 1934, ils demeurent au 160, avenue du Contrat, à Coubron (Seine-et-Oise / Seine-Saint-Denis).

En mars 1937 et jusqu’au moment de son arrestation, Édouard Hoyer est domicilié au 45, rue des Amandiers à Paris 20e, vers la rue des Partants.

Il est alors ouvrier couvreur (déclaré comme plombier après son arrestation).

Sous l’occupation, la police française le considère comme un « meneur communiste ».

Le 4 octobre 1940, Édouard Hoyer est arrêté à son domicile par la police française, pour activité communiste.

Le 7 octobre, inculpé d’infraction au décret du 26-9-1939, il est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

À une date restant à préciser, il est jugé et condamné à huit mois d’emprisonnement. Le 14 novembre, il est transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes (Seine / Val-de-Marne).

La maison d’arrêt de Fresnes après guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La maison d’arrêt de Fresnes après guerre.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

À l’expiration de sa peine, il n’est pas libéré. Le 7 avril 1941, le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif.

Le 21 avril, Édouard Hoyer fait partie d’un groupe d’internés transférés (depuis le dépôt ?) au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé en octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930. Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 6 septembre, il fait partie d’un groupe de 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne), pour l’ouverture de celui-ci.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduit au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Édouard Hoyer est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Édouard Hoyer est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45670, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – la moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a été affecté Édouard Hoyer.

Il meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS (Sterbebücher), alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à l’intérieur du camp à la suite de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement gazés [1]).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 150 et 153, 371 et 395.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense (fichier central).
- Archives de Paris ; registre des matricules militaires, classe 1913, 1er bureau de recrutement de la Seine, volume 1001-1500 (D4R1 1719), n° 1400.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “Occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; archives des brigades spéciales des RG numérisées, affaires traitées 1940-1941, 9 octobre 1940.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux ; centre de séjour surveillé d’Aincourt (1W76, 1W77).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 102.
- Archives départementales de la Vienne ; camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 477 (31852/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 3-01-2017)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.