- Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.
Roger, René, Huart naît le 7 novembre 1905 à Souvigné (Indre-et-Loire – 37), au bourg, fils d’Henri Huart, 40 ans, charron, et de Louise Lucas, 31 ans, son épouse. Roger a au moins deux frères plus âgés : Aurélien, né le 15 mars 1898, et Henri, dit Gabriel, né le 12 juillet 1901, tous deux à Souvigné.
Le 13 mars 1908, en début d’après-midi, leur mère accouche d’un enfant mort-né. Quelques heures plus tard, à une heure du matin le 14 mars, elle décède au domicile familial, âgée de 33 ans. Roger a deux ans et demi.
Au recensement de 1911, clôt le 1er mai, le foyer familial compte également Marthe Chartrain, née en 1881 à Tours (37), déclarée comme domestique, et son fils Kleber, Henri, né le 15 février 1910.
Puis, Marthe Chartrain met au monde Marceau, René, né le 7 mai 1911, et Hoche, Serge, né le 16 juillet 1912. Le 6 septembre suivant, Henri Huart épouse sa compagne. Dans l’acte de mariage, il déclare être père des trois garçons, qui portent désormais son nom patronymique. Le couple a encore Faidherbe, né le 17 septembre 1913, et Joffre, né le 5 février 1915.
Pendant un temps, Roger Huart habite au 24, rue de Madagascar à Tours et travaille comme télégraphiste.
Le 28 octobre 1928, à Tours, Roger Huart, 22 ans, se marie avec Odette Madeleine Boutreux, 19 ans, née le 1er octobre 1909 à Tours, couturière.
Au moment de son arrestation, Roger Huart est toujours domicilié à Tours. Ouvrier (?), il est employé aux PTT (poste, télégraphe et téléphone).
À des dates et pour un motif restant à préciser, il est arrêté puis finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Roger Huart est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Roger Huart est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45671 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [1]).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Roger Huart.
Il meurt à Auschwitz le 2 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Notes :
[1] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n°21 de mai-juin 1948).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 364 et 408.
Archives départementales d’Indre-et-Loire, recensement de Louvigné, année 1906, (cote 6NUM5/251/015, image 11/30).
Site Gallica, Bibliothèque Nationale de France, L’Humanité n° 14025 du 12 mai 1937, page 4, “première liste…”.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 478 (34292/1942).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 30-10-2021)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.