- Collection Martine Groult. Droits réservés.
- En 1940. Coll. Martine Groult. D.R.
Marcel, Louis, Désiré, Lecour naît le 27 mai 1905 à Bayeux (Calvados – 14), fils d’Auguste, Louis, Clément, Lecour, né le 7 juillet 1881 à Bonnemaison (14), cheminot et syndicaliste CGT, et de Rachel Lecouteur, son épouse, née le 11 juillet 1883 à Formentin (14). Il a un frère cadet, Henri, né en 1907, et deux sœurs jumelles, Thérèse et Odette, nées en 1913.
Plus tard, la famille s’installe à Gueures (Seine-Inférieure / Seine-Maritime – 76), où Rachel deviendra garde-barrière et où Marcel grandit. C’est déjà un sportif, pratiquant le football au sein de l’équipe première de l’Union sportive Mottevillaise au cours de la saison 1920-1921.
- Marcel, 15 ans, est au premier plan, au centre.
Collection Martine Groult. D.R.
Membre de la société musicale La Lyre de la Saâne, il semble chanter dans des opérettes
Vers ses 18 ans, Marcel Lecour se met en ménage avec Juliette Leclerc, née le 28 mars 1901 à Gueures.
Pendant un temps, ils habitent au 32, rue Voltaire à Clamart (Hauts-de-Seine). Ils ont une fille, Marcelle, qui naît à Paris le 24 mai 1924 (peut-être la raison du report de son service militaire… ?).
Lors de ce séjour “parisien”, Marcel se rend – comme auditeur – à six cours de « physique générale dans ses rapport avec l’industrie » dispensés par le Conservatoire des Arts et métiers.
Le 7 février 1925, Marcel et Juliette se marient. Ils auront un autre enfant : Michel – surnommé Mickey par son père -, né le 20 mai 1932 à Mont-Saint-Aignan (76).
- Marcelle et Marcel
« dans le Calvados ».
- Juliette et Michel
le 29 avril 1934.
En 1926, Marcel est peut-être employé de la Société Lebaudy (l’entreprise sucrière ?), à Paris ; du moins, c’est au club de cette entreprise qu’il a une licence sportive.
En 1927, il est possible que la famille retourne à Gueures, où Marcel déclare habiter quand il se fait établir une licence sportive de la Fédération française de natation et de sauvetage au titre du Club nautique dieppois.
À partir du 4 février 1928 et jusqu’au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 25, rue de l’Abbaye (devenue rue Paul-Painlevé) à Maromme, à l’ouest de l’agglomération de Rouen (Seine-Maritime [1] 76), dans une maison avec étage dont le rez-de-chaussée est divisé entre un café et une boutique de vente-réparation de cycles. Juliette tient le café. Marcel s’occupe des vélos.
Cette activité professionnelle s’accorde avec sa passion : Marcel est un sportif, cycliste amateur participant à des compétitions. Le 21 août 1932, l’Union vélocipédique de France (UVF) lui délivre un certificat de performance sur route attestant qu’il a couvert 150 km en 5 h 45 mn autour de Maromme.
De 1933 à 1936, Marcel Lecour est membre de l’Union cycliste de Maromme, affiliée à l’UVF. En 1939 (peut-être avant…), le club devient l’Union cycliste de Maromme-Bondeville, affiliée à l’UVF et à la FSGT. En 1933 et 1934, l’UVF lui délivre une licence internationale comme “aspirant” (?). Plus tard, sur les photographies, Marcel Lecour semble prendre la pose comme organisateur et, certainement, mécanicien des coureurs.
- Marcel est au centre, entre les coureurs de l’Union cycliste
de Maromme. Collection Martine Groult. D.R.
Marcel Lecour a aussi une licence de basket-ball de l’Amicale laïque de Maromme pour la saison 1929-1930, une carte de membre actif des Amis de l’Eau de Sotteville, année 1935 (sports athlétiques, natation, pagaie, tourisme nautique). Il s’adonne également à la photographie, à la chasse (permis pour la saison 1932-1933).
En 1928 (?), il obtient le permis automobile, complété par le permis de conduire des « motocycles deux roues » en avril 1929. En mars 1931, il déclare un véhicule à vendre et une moto Gnome-et-Rhône de 5 cv. En novembre 1932, il déclare une 5 cv Citroën de type C (surnommée “Trèfle” à cause de ses trois places). En 1935, il est membre du Groupe de touristes Rouennais et, de juin 1937 à juin 1940, de l’Automobile Club normand (en novembre 1939, il conduit un véhicule non précisé immatriculé 7171-XA9).
- La 5 cv Citroën Trèfle « devant chez les Martin,
au Petit-Clamart ». Sans date.
Collection Martine Groult. Droits réservés.
Enfin, derrière la maison (?), Marcel cultive un jardin potager et élève des lapins dans un clapier,suppléments alimentaires qui seront bienvenus sous l’occupation.
Parmi ses activités sociales, Marcel Lecour est membre actif de l’Amicale laïque de Maromme, à jour de ses cotisations de 1934 à 1939, et souscrit à la carte de solidarité de la Maison du Peuple de la ville.
Marcel Lecour est secrétaire de la Section du parti communiste de Maromme, ami d’André et Germaine Pican, en contact avec A. Poyer, Raymond Duflot et Julien Villette. Il participe à la publication de L’Avenir Normand.
Du 25 au 29 décembre 1937, il est délégué au 9e congrès du Parti communiste français à Arles (Bouches-du-Rhône).
- Meeting dans les arènes d’Arles lors du 9e congrès du PCF.
Dans l’angle, en haut à gauche, au-dessus de Marcel Cachin
qui intervient au micro, on devine Marcel Lecour.
Photo éditée en carte postale. Coll. Martine Groult.
Après l’interdiction du PCF et sous l’Occupation, Marcel Lecour reste actif au sein du Parti communiste clandestin.
Le 7 octobre 1939, le commissaire spécial de Rouen transmet à tous les commissaires de Seine-Inférieure, et à certains maires, une circulaire leur demandant de lui « fournir, dès que possible, la liste des principaux militants du Parti communiste qui faisaient partie des cellules de (leur) ville ou circonscription » en indiquant, nom, prénoms, âge si possible, profession, domicile et « situation actuelle (présent ou mobilisé) ». Sur la liste non-alphabétique de neuf militant(e)s qu’il renvoie trois jours plus tard, le maire de Maromme inscrit Marcel Lecour, commerçant mécanicien non-mobilisé, en troisième position après André et Germaine Pican, et avant Marcelle Yvonne Villette, (grand-)mère de Julien.
Son frère Henri, devenu militaire de carrière, rejoint en Angleterre les forces de la France Libre du général de Gaulle.
Le 20 janvier 1941 (à vérifier…), son père, Clément Lecour – alors retraité et domicilié au 11, rue Maurice-Havet à Rouen – est arrêté, très certainement pour activité communiste.
Le 29 janvier, le bureau départemental des charbons autorise Marcel Lecour, en tant que commerçant (« café et cycles »), à s’approvisionner en “boulets” achetés chez Abraham, rue des Belges à Maromme.
Le 7 février, le tribunal correctionnel de Rouen condamne son père à six mois d’emprisonnement et 100 francs d’amende.
Le 10 avril, l’inspecteur de police spéciale Fernand Madeleine rédige un rapport : « À Maromme, il n’y a pas eu de distribution de tracts depuis plusieurs mois […]. Cependant, on remarque que le café tenu par le sieur Lecour Marcel […] est toujours fréquenté par des individus ayant appartenu à l’ex-parti communiste… ».
Le 4 août suivant, répondant à une note du préfet de Seine-Inférieure datée du 22 juillet, le commissaire principal de police spéciale de Rouen transmet à celui-ci une liste nominative de 159 militants et militantes communistes de son secteur dont il préconise de prononcer l’internement administratif dans un camp de séjour surveillé, tous anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et « par tous les moyens ». Parmi eux, Marcel Lecour…
Le 4 octobre, son père lui écrit sur une carte de correspondance du camp de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Enregistré sous le matricule 1391, Clément Lecour est alors assigné au bâtiment B2.
Le 21 octobre 1941 au soir, Marcel Lecour est appréhendé par des gendarmes français dans le cadre d’une vague d’arrestations collective qui suit le déraillement d’un train de marchandises à 1500 mètres de la gare de Malaunay [2]. Prévenu de ces arrestations, il se cache dans un bâtiment de la rue de l’église, mais se livre quand les gendarmes venus le chercher, et qui le connaissent au quotidien, lui disent : « Rends-toi Lecour. Sinon, ils vont s’en prendre à ta famille ». (témoignage de son épouse et de sa fille).
Marcel Lecour est interné avec de nombreux autres à la caserne Hatry de Rouen (76) ; 150 otages ont été pris dans la région rouennaise.
Le 24 octobre probablement, avec les autres Normands arrêtés aux mêmes dates, Marcel Lecour est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne [3]. Enregistré sous le matricule n° 2089, il est assigné au bâtiment A4.
Dans un message, il demande que les familles de plusieurs camarades arrivés avec lui soient prévenues que ceux-ci sont en bonne santé : Madame Bréançon, Madame Gaillard et M. Gentil, du Petit-Quevilly, M. Poyer, de Maromme, M. Boucher, de Malaunay, Mademoiselle G. Thomassin, de Rouen.
Marcel Lecour adresse ses cartes et lettres de courrier officiel à sa fille Marcelle. Le 23 décembre, il lui écrit : « Faites l’impossible pour me trouver des souliers de football et du cuir pour ressemeller mes chaussures basses, elles sont en triste état. Ma santé est toujours bonne, mais j’ai maigrit. C’est sans doute le sport qui est en cause. Pour Papa, il a souvent des malaises à cause de son cœur, mais son moral est bon et supérieur au mien. […] À l’occasion de Noël, nous allons faire un petit banquet collectif. Tout le bâtiment y participe, nous seront environ 160. Je serai de service de table, mais, malgré ce travail, je serai très souvent avec vous. » Le 31 décembre, il s’impatiente de ne pas recevoir de colis : « …depuis deux mois que je réclame des légumes, je n’en ai pas encore reçu. C’est à croire que mon jardin n’existe plus. Je suis gêné vis-à-vis des camarades qui font popote avec moi, car ils reçoivent plus que moi. Si cela continue, je serai contraint de ne plus manger avec eux. Heureusement que j’ai un poinçon pour faire des trous à ma ceinture. » Mais les envois arrivent enfin. Le 5 janvier, Marcel écrit avoir reçu un colis gare et un colis poste, et, trois jours plus tard : « Le clapier a dû en prendre un rude coup. […] j’aime à croire […] que, mis à part les sujets qui ont servit en pâté, les autres se portent bien. »
Le 20 janvier 1942, le père de Marcel, Clément, écrit à Juliette : « Je t’écris à la place de Marcel qui est couché depuis quatre jours et refuse toute nourriture. […] D’après ses réflexions, je suppose que quelque chose n’irait pas selon son désir à Maromme. […] Je crois surtout que Marcel supporte mal l’internement, lui si épris de liberté. […] Il est très possible que son otite le travaille aussi… »
Plus tard, Marcel Lecour suit certains cours dispensés par ses co-détenus, de physique, par Bonnifet, de français supérieur (dictées, rédaction…), entre le 3 avril et le 11 mai. Dans un de ses devoirs, il donne un aperçu de son quotidien :
Lecour A4
Nuit au camp.
La sonnerie de la trompette du camp américain vient de nous annoncer qu’il est bientôt dix heures. Il est temps de rentrer. Mais il fait encore grand jour en ce mois de juin et les traînards sont nombreux. Ils pénètrent à regret dans les bâtiments, puis restent accrochés dans les couloirs, provoquant les conversations qui retarderont l’heure de se mettre au lit. Mes compagnons de chambre ne sont pas des veilleurs tardifs et, pour respecter leur goût, je dois faire légère violence à mes habitudes de noctambule. Mon peu d’empressement à rentrer dans la chambre s’explique facilement. Elle n’est en réalité qu’un étroit boyau, très sombre, éclairé par une unique fenêtre donnant sur le couloir. Nous vivons à six dans cette espèce de caverne. La place y est comptée et l’air également. L’atmosphère est surchargée d’émanations les plus diverses. La sueur, l’haleine, les relents de cuisine, le linge sale, les ordures marient leurs odeurs à celles des légumes, du fromage, du poisson séché, du beurre rance, de la viande avancée qui constituent les denrées de notre stock de réserve. C’est dans cet air vicié, auquel nous avons échappé le plus possible dans la journée, qu’il va falloir passer notre nuit. Résignés, l’un après l’autre nous nous couchons. La lumière est éteinte, mais nous échangeons encore, de lit à lit, quelques mots. Puis les conversations cessent et chacun cherche le sommeil. Pour beaucoup, il ne viendra pas immédiatement, car c’est le moment où, livrés à nous-mêmes, nous communiquons par la pensée avec les êtres qui nous sont chers et desquels nous sommes séparés. Et puis le bruit n’a pas cessé dans le bâtiment. Il donne l’impression d’une machine à vapeur dont on a fermé la valve d’arrivée et qui continue à tourner sur son élan. Le bruit décroît, mais devient plus sonore [perceptible ?]. Les claquement des sabots [aux pieds des détenus], la fermeture des portes, les éclats de voix, le ripement des lits sur le ciment, tous ces bruits qui sont fondus dans la journée, se répercutent le soir avec plus d’intensité. Puis, petit à petit, ils s’espacent et enfin le silence s’installe en maître. Il enveloppe le bâtiment comme d’un voile épais et lourd. Et c’est à peine si, de temps à autre, il est troublé par le glissement d’un pas furtif et feutré, ou le soupir d’un homme qui geint sous l’influence d’un mauvais rêve. Et, par la fenêtre qui n’a pas été camouflée et dont un battant est entrouvert, le pinceau lumineux d’un projecteur vient balayer les murs blancs de la chambre, pour rappeler à ceux qui ne sont pas encore endormis que, dans le silence, on veille sur le camp.
Entre fin avril et fin juin 1942, Marcel Lecour est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler. Marcel écrit son dernier message à sa famille le 5 juillet, annonçant le « grand départ, pour une direction inconnue, que nous supposons être l’Allemagne ». Sur un ton plutôt pessimiste, il y dresse une sorte de bilan de ses relations avec ses proches. Il indique que son père reste au camp, mais que « Léon [Poyer] et Julien [Villette] sont du voyage. Stoppez les colis pour tous. ». En réponse, sa fille lui écrira une longue lettre datée du 9 juillet, qui ne partira jamais (« …nous sommes certaines que d’ici peu tu seras là, en train de piailler après nous, hein, petit père Coucour, car je crois que tu n’auras pas perdu l’habitude de crier, sinon, nous ne te reconnaîtrions plus : Coucour sans discours ne serait plus Lecour »).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Juliette Lecour, son épouse, recevra la carte-formulaire (verte) émise par la direction du camp le 15 juillet : « (…) le détenu X a été transféré dans un autre camp pour travailler. Le lieu de destination ne nous est pas connu, de sorte que vous devez attendre des nouvelles ultérieures… ».
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Marcel Lecour est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45754.
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Marcel Lecour se déclare alors sans religion (« Glaubenslos »). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Marcel Lecour est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Pendant un temps, il est assigné au Block n° 4.
À une date restant à préciser, il est admis au Block 28 (médecine interne) de l’hôpital d’Auschwitz-I.
Il meurt à Auschwitz le 16 janvier 1943, selon plusieurs documents établis par l’administration SS (Sterbebücher).
Son père, Clément, Auguste, Lecour, classé « dangereux » par la SNCF, est déporté le 24 janvier 1943 au KL Sachsenhausen, près d’Oranienburg, où il meurt le 26 mai suivant.
Marcel Lecour est déclaré “Mort pour la France” en octobre 1947 et homologué “Déporté politique” en 1954.
- Hommage aux militants de Maromme disparus.
Carte-souvenir éditée après guerre. Plusieurs noms sont
mal orthographiés, dont celui de Marcel Lecour (« U. Lescour »),
en bas à droite. Collection Martine Groult.
- Verso du document précédent. Collection Martine Groult.
- Au premier plan au centre, Marcelle Lecour participe à une
cérémonie d’hommage aux déportés, peut-être fin avril 1950
car une autre image fait référence à l’Appel de Stockholm
exigeant « l’interdiction absolue de l’arme atomique ».
Le visage qui apparaît au-dessus de son épaule
semble être celui de Germaine Pican.
Collecction Martine Groult. D.R.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 23-03-1994).
Après la guerre, son fils Michel est pris en charge par Henri Lecour, frère de Marcel.
Son épouse, Juliette Lecour, décède le 5 novembre 1978 à Luneray (76).
Michel décède en 1996, Marcelle en 2010.
Le nom de Marcel Lecour est parmi ceux des 218 militant.e.s inscrit.e.s sur plusieurs plaques apposées dans la cour du siège de la fédération du PCF, 33 place du Général-de-Gaulle à Rouen, avec un extrait d’un poème de Paul Éluard (Enterrar y callar) : « Frères, nous tenons à vous. Nous voulons éterniser cette aurore qui partage votre tombe blanche et noire, l’espoir et le désespoir. », et sous une statue en haut-relief dont l’auteur reste à préciser.
Notes :
[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.-
[2] Le “brûlot de Rouen” et la rafle d’octobre 1941 : L’arrestation massive de plusieurs dizaines (*) de militants politiques et syndicaux – ou soupçonnés tels – a suivi de peu le déraillement d’un train de marchandises sur la ligne Rouen-Le Havre, dans le tunnel de Pavilly, à 1500 m de la gare de Malaunay, le 19 octobre 1941. À la mi-octobre, le Comité militaire national, qui vient d’être créé – avec à sa tête Charles Tillon et Eugène Hénaff – par la direction du Parti communiste clandestin, décide d’envoyer à Bordeaux, Nantes et Rouen des commandos parisiens afin d’organiser des actions d’éclat dans ces trois grandes villes de zone occupée. Chacun de ces groupes de « brûlots », composés d’anciens brigadistes et de jeunes combattants, a pour mission de provoquer le déraillement d’un train militaire et d’exécuter un officier de l’armée d’occupation. « J’étais là en protection, se rappelle Jacques d’Andurain, et Maurice Le Berre était une sorte de conseiller technique. En fait, les cheminots ont fait l’essentiel du travail. » ; cinq jeunes cheminots communistes de Sotteville-lès-Rouen. Ensuite, « … Je devais faire mon officier allemand. J’ai fait un tour à Rouen avec mon 6,35. J’en ai vu un et, au bout d’un moment, je me suis dit : “C’est le moment.” J’ai sorti mon revolver, mais il s’est retourné et a sorti son revolver. On s’est tirés dessus tous les deux, on s’est ratés tous les deux, on est partis en courant tous les deux en sens opposés. » Les fiches d’otages des “45000” appréhendés dans cette période mentionnent cependant que ces arrestations mettaient en application un ordre du Commandant de la région militaire A, daté du 14 octobre 1941. Ainsi, entre le 17 et le 25 octobre, il y eut le même type de rafles de “communistes” dans sept autres départements de la zone occupée. Il est probable que ces arrestations aient été ordonnées pour assurer la saisie de communistes destinés à être placés sur les listes d’otages de cette région militaire. En effet, tous les hommes appréhendés furent remis aux allemands qui les transférèrent à Compiègne entre le 19 et le 30 octobre 1941. 44 des otages arrêtés ces jours-là dans le secteur de Rouen furent déportés dans le convoi du 6 juillet 1942. Beaucoup furent fusillés au titre de représailles dans les semaines qui suivirent.
(*) 150 selon 30 ans de luttes, brochure éditée en 1964 par la fédération du Parti Communiste de Seine-Maritime.
[3] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp C est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine / Seine-Saint-Denis).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 376 et 410.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Haute-Normandie (2000), citant : liste établie par Louis Eudier (1903-1986), “45000” – Témoignage de Germaine Pican (1901-2001), “31000” – Lettre de Guy Lecrux (1920-1963), “45000”, envoyée depuis le camp de Compiègne – Brochure Trente Ans de luttes, éditée par la Fédération du PCF de Seine-Maritime, pages 59/60 – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense (fichier central).
Témoignage de sa petite-fille, Martine Groult, fille de Marcelle (09-2006) ; questionnaire et message (03-2012) ; documents (04-2012) ; message (01-2014).
Paul Le Goupil, du convoi des tatoués (matricule 185899), Mémorial des Français non-juifs déportés à Auschwitz, Birkenau et Monowitz, ces 4500 tatoués oubliés de l’Histoire, page 15.
Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Automne 1941, collection Nouvelles études contemporaines, Fayard, février 2004, page 125, notes p. 331.
Alain Alexandre et Stéphane Cauchois, Résistance(s), Rouen, sa région, la vallée du Cailly entre histoire et mémoire, 1940-1944, éditions L’écho des vagues, avril 2015, pages 23 et de 26 à 29.
Archives départementales du Calvados, archives en ligne : état civil de Bayeux 1893-1907, registre N.M.D., année 1905, acte n° 66 (vue 21/170).
Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, site de l’Hôtel du Département : cabinet du préfet 1940-1946 (cote à vérifier, 51 W …, recherches conduites avec Catherine Voranger.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 702 (673/1943).
Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine : Archives restituées par la Russie, commissariat spécial de Rouen 1920-1940 (20010223/2, doc. 96-98).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 13-12-2020)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.