Eugène, Émile, Leduc naît le 14 mai 1899 à Reims (Marne – 51), chez ses parents, Louis Leduc, 37 ans, journalier, et Henriette Adèle Lombard, 36 ans, journalière, son épouse, domiciliés au 31, rue des Trois-Fontaines. Un des deux témoins en mairie pour enregistrer l’acte de naissance est François Leduc, 64 ans, fileur. Plus tard, ses parents habiteront à Courlancy, un quartier de Reims.
Pendant un temps, Eugène Leduc réside à Pogny (51), au sud-est de Châlons-en-Champagne, et travaille comme ouvrier agricole.
Le 17 avril 1918, il est incorporé au 168e régiment d’infanterie. Le 15 juillet suivant, il passe au 36e R.I. Le 26 février 1919, il revient au 168e R.I. Le 17 juillet suivant, il passe au 20e escadron du train des équipages (transport militaire par route). Le 23 mars 1921, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite, et se retire chez un frère ou un neveu de son père, au 54, rue Belin à Reims, dans un lotissement de petits pavillons au nord de la ville.
En septembre 1925, Eugène Leduc habite au 87, rue de la Motte à Aubervilliers (Seine / Seine-Saint-Denis). Cinq mois plus tard, fin janvier 1926, il revient rue Belin à Reims.
Onze ans plus tard, en février 1937, il habite à Riaucourt, commune limitrophe de Bologne, au nord de Chaumont (Haute-Marne – 52). Fin mai 1937, il habite au village de Chantraînes (52), 8 km à l’est de Bologne.
Fin 1938, il s’installe à Bologne, baignée par la Marne et le canal de la Marne à la Saône ; il habite alors au café Lapérouse.
Au moment de son arrestation, Eugène Leduc est toujours domicilié à Bologne, son adresse d’alors restant à préciser.
Il est célibataire.
Il est employé aux Pyroligneux de Bologne (Société anonyme des produits pyroligneux de Bologne), dans une usine produisant – à partir de fibres d’arbres – d’un côté, du charbon de bois, de l’autre, de l’acide acétique (acétone, acétates), du goudron de bois (créosote) et divers produits chimiques (méthanol, formol…).
Le 18 décembre 1941, Eugène Leduc est arrêté une première fois. Relâché, il reprend son travail.
Le 26 février 1942, il est arrêté, peut-être pour avoir envoyé des colis à des camarades internés à Compiègne. D’abord conduit à la prison de Chaumont, il est ensuite transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Eugène Leduc est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet, Eugène Leduc est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45758, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Eugène Leduc.
Il meurt à Auschwitz le 7 octobre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Son nom est inscrit sur le monument au morts de Bologne, sa dernière commune de résidence.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 366 et 410.
Club Mémoires 52, Déportés et internés de Haute-Marne, Bettancourt-la-Ferrée, avril 2005, p. 33.
Archives départementales de la Marne (AD 51), site internet, archives en ligne : registre des naissances de Reims, année 1899, (2 E 534/226), acte n° 983 (vue 271/399) ; registre matricule du recrutement militaire, classe 1919, bureau de Reims, n° 1298.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 703 (34710/1942).
Site internet Mémorial GenWeb, relevé de Raymond Jacquot, 2002.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 29-12-2020)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.