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Gaston, André, Roger, Letondu naît le 3 février 1898 à Orléans (Loiret – 45) chez ses parents, Pierre Letondu, 33 ans, cheminot, surveillant de travaux à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (P.O.) – compagnie qui fusionnera au sein de la SNCF début 1938 [1] -, et Philippine Mauperlier, son épouse, 29 ans, domiciliés au 27, rue de la Bourie-Rouge. Il a – au moins – deux sœurs, nées à Orléans : Gabrielle, née le 4 octobre 1894, et Ernestine, née le 18 août 1896.
Avant 1917 (?), Gaston Letondu, alors domicilié au 89, rue de la Bourie-Rouge, travaille comme chaudronnier pour la P.O.
Le 18 avril 1917, il est mobilisé au 5e régiment du Génie et part « aux armées » (sur le front) le 4 avril 1918. Le 10 mars 1919, son unité est embarquée à Bordeaux et arrive cinq jour plus tard à Casablanca, au Maroc. Il est au Maroc occidental à partir du 24 octobre. Le 4 novembre, Gaston Letondu est nommé maître-ouvrier. Le 9 février 1920, il rentre en France. Le 20 mai suivant, il est renvoyé dans ses foyers.
Dès le lendemain, 21 mai 1920, il réintègre la P.O.
Le 21 décembre suivant, à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin (45), il se marie avec Raymonde Marc. Ils auront un enfant.
En octobre 1921, il demeure au 5, rue des Sept-Dormants, à Orléans. Un an plus tard, il habite au 4, rue de l’Écu-d’Or, dans cette ville. En février 1925, il est domicilié au 12, rue de la Joie (rue de Joie ?), à Fleury-les-Aubrais. Le 16 janvier 1930, il est peut-être en mission à Kouba, en Algérie (chez Monsieur Consola, villa Sabine). Quatorze mois plus tard, on le retrouve à l’adresse de Fleury-les-Aubrais. Le 13 octobre 1931, il est à Meknès, au Maroc (5, villa du Tanger-Fez ?). Il semble encore y être en février 1933.
Fin novembre 1934 et jusqu’au moment de son arrestation, il est domicilié au 88, boulevard Jean-Jaurès à Joué-les-Tours (Indre-et-Loire – 37), avec son épouse, Geneviève (?), née en 1899 à Saint-Jean (45 ?), et sa belle-mère, Rosa Bréchenier, née en 1859 à Château (45 ?), qui est à sa charge.
Gaston Letondu est toujours ouvrier chaudronnier aux ateliers SNCF de Tours, où Hilaire Seguin est tourneur sur métaux.
Le 10 février 1942, à 6 heures du matin, tous deux sont arrêtés par les autorités d’occupation, pris comme otage en représailles d’une action de la Résistance armée contre une sentinelle allemande tuée rue du Sanitas dans la nuit du 5 au 6 février. Pendant un temps, ils sont détenus au quartier Lassalle à Tours, ancienne caserne du 501e régiment de chars.
À une date restant à préciser, ils sont internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Gaston Letondu est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45790 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Gaston Letondu.
Il meurt à Auschwitz le 11 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Son nom est inscrit sur le Monument aux morts de Joué-les-Tours, ainsi que sur la stèle « À la mémoire des Jocondiens morts en déportation 1940-1945 » – « Résistants, politiques, juifs déportés au nom des lois de l’Allemagne nazie et de celles de de la France de Vichy », dévoilée le 9 mai 2011 dans le square de la Résistance, à l’angle de la rue des Martyrs et de l’avenue du Général de Gaulle, aux Moriers. Sur cette stèle sont également inscrits les noms de ses compagnons du convoi du 6 juillet 1942 : Roger Legendre et Hilaire Seguin. Le nom de Marcel Letondu apparait également sur la plaque commémorative “À la mémoire des agents de la SNCF tués par faits de guerre – 1939-1945” apposée aux abords des Ateliers et entretiens de Tours et Saint-Pierre-des-Corps, devenu le Technicentre de Saint-Pierre-des-Corps.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de Gaston Letondu. (J.O. du 25-02-1995).
Notes :
[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 364 et 411.
Archives d’Orléans, archives en ligne : registre des naissances de l’année 1898 (2 E 338), acte n°115 du 3 février (vue 40/507).
Archives départementales du Loiret, archives en ligne : registres des matricules militaires, bureau de recrutement d’Orléans, classe 1918, matr. 1664 (vue 188/307).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 714 (35403/1942).
Base de données des archives historiques SNCF : service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (0110LM0108) ; région Sud-Ouest, agents arrêtés par les autorités allemandes (0303LM0015-001, vues 361-428/449 – 0303LM0015-004, vue 28/374).
Site Mémorial GenWeb, relevé de Thierry Montambaux (2000-2002) et de Claude Richard (06-2011).
Message de relecture de Dominique Maugars (11-2022).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 7-11-2022)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.