François, Célestin, Émile, Malard naît le 16 novembre 1890 à Bonnemain, entre Combourg et Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), chez ses parents, François Malard, 26 ans, cultivateur à la ferme des Rochelets, et Clémentine Briand, son épouse, 22 ans (tous deux seront décédés au moment de son arrestation). En 1911, la famille habite dans le village voisin de Lanhélin. Les François Malard, père et fils, sont alors tous deux marins. Entre temps, deux autres garçons sont nés : Célestin en 1905 et Clément en 1909.
En octobre 1911, l’armée enregistre que François Malard fils est « inscrit définitivement sur la matricule des gens de mer (quartier de Cancale…) ».
Le 9 décembre suivant, il est incorporé comme matelot de 3e classe au deuxième dépôt des équipages de la Flotte. Le 1er octobre 1912, il est nommé matelot de 2e classe, fusilier breveté.
François Malard est mobilisé durant toute la guerre 1914-1918 : sa participation à la campagne contre l’Allemagne – « aux armées » – est comptabilisée du 2 août 1914 au 30 juillet 1919. Selon une déclaration ultérieure de son épouse, il donne « neuf ans de sa jeunesse pour sa patrie » (il a peut-être enchaîné service militaire et mobilisation…). Le 30 juillet 1919, placé en congé illimité de démobilisation, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.
François Malard entre alors aux PTT (poste, téléphone et télégraphe) comme soudeur à Paris.
Fin 1920, il est domicilié au 89, rue de la Santé, à Paris 13e (remplacé par des immeubles récents).
Le 11 décembre de cette année, à la mairie du 13e arrondissement, François Malard épouse Marie, Louise Lemeur, née à Versailles (Seine-et-Oise / Yvelines) le 24 août 1889 31 ans, papetière, qui habite à la même adresse depuis janvier 1914, et veuve d’un “poilu” mort de maladie à l’arrière des tranchées en 1916. Ce jour-là, c’est un double mariage qui est célébré, car François Malard est lui-même le témoin d’Hélène Lemeur, brocheuse, jeune sœur de Marie.
Le fils de François et Marie, Maurice, naît le 12 juillet 1922 à Paris 14e. En 1926, toujours domiciliés à la même adresse, ils hébergent Marie Lemeur née Mallard, mère de l’épouse, veuve, née en 1862 à Bonnemain (Ille-et-Vilaine), et André Lemeur, 15 ans, neveu de son épouse. En mars 1928, tous habitent au 24, rue Bertrand, à Paris 7e.
Avant 1931, la famille part habiter dans un secteur de lotissements à Paray-Vieille-Poste [1] (Seine-et-Oise / Essonne), dans un petit pavillon dont François Malard est propriétaire dans le quartier des Boutons d’Or. Marie Lemeur et André Lemeur vivent toujours avec eux ; le jeune homme est alors chaudronnier chez Thomas (?). En 1936, la voie passant devant chez eux est nommée allée des Bouleaux (la maison sera au n° 9 une fois la voie requalifiée en rue). Cette année-là, le couple Malard héberge Maurice Pierre, un autre neveu de Marie, âgé de 3 ans.
En mai 1935, François Malard est élu conseiller municipal sur la liste communiste dirigée par Léon Bertrand, puis il adhère à la cellule locale du PCF en 1937.
Le 5 octobre 1939, l’ensemble du conseil municipal est suspendu et remplacé par une délégation spéciale nommé par le préfet.
Le 2 janvier 1940, François Malard est signalé (?) au préfet, en même temps que Jean-Marie Prugnot, de Limeil-Brévannes (Seine-et-Oise / Val-de-Marne).
En juin suivant, lors de la débâcle, François Malard se porte volontaire pour rester à Paris, au service télégraphique des Archives (service inter), jusqu’à l’arrivée de l’armée allemande.
Le 13 novembre 1940, il est convoqué au commissariat de la circonscription d’Athis-Mons (91), où il lui est notifié qu’il sera « pris comme responsable en cas de propagande [sic] sur le territoire de la commune de Paray-Vieille-Poste ».
Dans la nuit du 23 au 24 novembre, une très importante distribution de tracts – L’Humanité spéciale n° 8 de novembre 1940, Vive l’union de la nation française – est effectuée dans le secteur, accompagnée du collage d’une « multitude d’affiches et de papillons ».
Dès le lendemain, François Malard est appréhendé en application du décret préfectoral du 19 octobre 1940 [2] et conduit au commissariat d’Athis-mons, où le commissaire remplit un formulaire de “Notice individuelle à remplir au moment de l’arrestation”. Auparavant, selon un témoignage ultérieur de son épouse, il aurait été contraint d’ « aller décoller des papillons ». Le commissaire a également « fait lacérer [les] affiches par des militants communistes surveillés par des gardiens ».
Deux jours plus tard, le 26 novembre, le préfet de Seine-et-Oise signe l’arrêté ordonnant son internement administratif. Quelque jours plus tard, le préfet écrira au directeur régional des PTT pour lui signaler que cette mesure entraîne nécessairement la révocation de l’intéressé et qu’il attend d’être informé de son application.
François Malard est conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé au début du mois d’octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt afin d’y enfermer des hommes connus de la police pour avoir été militants communistes avant-guerre.
Après le bombardement survenu dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940 – qui a blessé des gardiens et des détenus et qui a soufflé les fenêtres de nombreuses chambres -, François Malard fait partie des 180 internés qui signent une lettre de protestation adressée au chef du camp ; signature retenue comme preuve de la persistance de son engagement politique.
À Aincourt, il se montre effectivement un des militants communistes les plus fidèles et les plus actifs. Ce que confirme une note du commissaire spécial de police commandant le camp : « À protesté à plusieurs reprises contre son internement ». Ayant « conservé toutes ses sympathies pour la IIIe Internationale », Malard, « un des militants les plus actifs du Centre », exerce « une influence certaine sur les autres internés. »
Le 27 juin 1941, avec cinq autres Paraysiens, François Malard fait partie d’un groupe de 88 internés communistes de Seine-et-Oise – dont 32 futurs “45000” – remis aux “autorités d’occupation” et conduits à l’Hôtel Matignon, à Paris 8e – alors siège de la Geheime Feldpolizei – où ils rejoignent des hommes appréhendés le jour même dans les départements de la Seine-et-Oise et de la Seine par la police française en application d’arrêtés d’internement administratifs [3]. Tous sont ensuite menés au Fort de Romainville (sur la commune des Lilas – 93), alors camp allemand, élément du Frontstalag 122. Considérés comme étant en transit, ils ne sont pas enregistrés sur les registres du camp [4].
- L’enceinte du camp allemand était complétée d’un mirador
surplombant la porte depuis l’intérieur de l’enceinte.
Carte postale des années 1900. Coll. Mémoire Vive
Trois jours plus tard, les hommes rassemblés sont conduits à la gare du Bourget (Seine / Seine-Saint-Denis) et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Polizeihaftlager). Pendant la traversée de la ville, effectuée à pied entre la gare et le camp, la population les regarde passer « sans dire un mot, sans un geste. Tout à coup nous entonnons La Marseillaise et crions “Des Français vendus par Pétain” » [5]. Ils sont parmi les premiers détenus qui inaugurent ce camp créé pour les « ennemis actifs du Reich ».
- Un angle du camp de Royallieu vu depuis le mirador central
dont l’ombre se profile sur le sol. Le renfoncement à droite
dans la palissade correspond à l’entrée du Frontstalag 122.
Le 27 janvier 1943, l’épouse de son fils Maurice met au monde une petite fille : Françoise.
Neuf mois après son arrivée à Royallieu, le 19 mars, le préfet de Seine-et-Oise transmet au Conseiller supérieur d’administration de guerre [sic] de la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud une liste d’anciens internés d’Aincourt à la libération desquels il oppose un avis défavorable – « renseignements et avis formulés tant par [ses] services de police que par le directeur du centre de séjour surveillé » ; liste accompagnée de « notes » individuelles avec copie traduite en allemand, dont celle concernant François Malard, qui le désigne plus particulièrement : « son internement n’ayant pas modifié ses opinions, il ne peut être donné qu’un avis défavorable à une mesure de bienveillance à son égard ».
Entre fin avril et fin juin 1942, celui-ci est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, François Malard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45818 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, François Malard est probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
En effet, à une date restant à préciser, il est admis au bâtiment des maladies contagieuses (Block 20) de l’hôpital du camp souche (Auschwitz-I).
(aucun des cinq “45000” paraysiens n’est revenu)
Après la guerre, le Conseil municipal donne son nom à une rue de la commune, probablement la rue des Bouleaux, où il habitait. Son nom est également inscrit sur le monument aux morts de Paray-Vieille-Poste, situé dans le cimetière communal, comme résistant mort en déportation.
Le 10 janvier 1980, Marie Malard, sa veuve, décède à Corbeil-Essonne.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de François Malard (J.O. du 29-09-1994).
Sources :
Nadia Ténine-Michel, notice dans le Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron.
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128 356, 380 et 412.
Archives départementales d’Ille-et-Vilaine (AD 35), site internet du conseil général, archives en ligne : état civil de Bonnemain, registre des naissances de l’année 1890 (10 NUM 35029 570), acte n°36 (vue 9/12) ; registres de matricules militaires, subdivision de Saint-Malo, classe 1919, vol. 2, matricules de 501 à 982 ( 1 R 2084), n° 874 (vue 519/1342).
Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt, relations avec les autorités allemandes (1W76, 1W80), dossier individuel (1W137), (1W277) ; et recherches parallèles de Claude Delesque.
Liste des 88 internés d’Aincourt (domiciliés dans l’ancien département de Seine-et-Oise) remis les 27 juin 1941 à la disposition des autorités d’occupation, et liste Internés de Seine-et-Oise à la suite d’une mesure prise par le préfet de ce département, ayant quitté le centre d’Aincourt, copies de documents des AD 78 communiquées par Fernand Devaux (03 et 11-2007).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 766 (30710/1942).
Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94) : carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes (2467).
Site Mémorial GenWeb, 91-Paray-Vieille-Poste, relevé de Bernard Tisserand (2004).
Baudoin Lamourère, arrière-petit-fils de François Malard, message correctif (12-2017).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 7-06-2020)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
[1] Paray-Vieille-Poste : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[2] L’arrêté préfectoral du 19 octobre 1940 :
CABINET du PRÉFET de SEINE-et-OISE
Versailles, le 19 octobre 1940
Le PRÉFET de SEINE-et-OISE, OFFICIER de la LÉGION d’HONNEUR,
Vu le décret-loi du 26 septembre 1939 ;
Vu la loi du 3 septembre 1940 ;
Considérant que la diffusion de tracts est interdite par les ordonnances des autorités d’occupation et par les lois françaises et qu’elle est, à ce double titre, illégale ;
Considérant que ces tracts sont d’inspiration communiste et que leur diffusion ne peut avoir lieu qu’avec la complicité de militants du parti, ainsi que l’ont prouvé de nombreuses perquisitions domiciliaires ;
ARRÊTE :
Article 1er. – Toute découverte de tracts à caractère communiste sur le territoire d’une commune du département de Seine-et-Oise entraînera l’internement administratif immédiat d’un ou de plusieurs militants communistes notoirement connus résidant sur le territoire de cette commune, sans préjudice des poursuites judiciaires dûment engagées.
Article 1er. – MM. le Secrétaire Général de la Préfecture pour la Police, les Sous-Préfets, le Directeur de la Police d’État, le Chef d’Escadron, Commandant la Compagnie de Gendarmerie de Seine-et-Oise, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté.
Fait à Versailles, le 19 octobre 1940.
Le PRÉFET de SEINE-et-OISE, signé : Marc CHEVALIER
Pour ampliation, Le Sous-Préfet, Directeur du Cabinet.
[3] Les 88 internés de Seine-et-Oise. Le 26 juin 1941, la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud transmet au préfet du département de Seine-et-Oise – « police d’État » -, cinq listes pour que celui-ci fasse procéder dès le lendemain à l’arrestation de ressortissants soviétiques ou de nationalité russe ancienne ou actuelle, dont 90 juifs, et de républicains espagnols en exil, soit 154 personnes. La sixième catégorie de personnes à arrêter doit être constituée de « Différents communistes actifs que vous désignerez » (aucune liste n’étant fournie). Tous doivent être remis à la Geheime Feldpolizei, à l’Hôtel Matignon, à Paris.
Si aucun autre document n’atteste du contraire, c’est donc bien la préfecture de Seine-et-Oise qui établit, de sa propre autorité, une liste de 88 militants communistes du département à extraire du camp d’Aincourt.
Le 27 juin, le commandant du camp écrit au préfet de Seine-Et-Oise pour lui « rendre compte que 70 internés[du département] ont été dirigés aujourd’hui dans la matinée sur le commissariat central de Versailles et que 18 autres internés ont été dirigés dans le courant de l’après-midi à l’Hôtel Matignon à la disposition des Autorités allemandes d’occupation. Le départ de ces internés s’est déroulé sans incident. » Les listes connues à ce jour ne distinguent pas les deux groupes et réunissent les 88 internés.
Le 29 juin, l’inspecteur de police nationale commandant l’escorte conduisant le contingent de 70 détenus à Versailles, rend compte que le commissaire divisionnaire lui a ordonné de poursuivre son convoyage « jusqu’à l’Hôtel Matignon, à Paris, siège de la Geheime Feldpolizei. En passant à Billancourt, quelques internés du premier car ont montré le poing et des ouvriers qui allaient prendre leur travail ont répondu par le même geste. J’ai immédiatement donné des ordres aux gardiens pour que les internés rentrent leurs bras.
À mon arrivée à Paris, je me suis trouvé en présence d’une quinzaine de cars remplis de prisonniers ayant la même destination que les internés d’Aincourt et j’ai dû prendre la suite.
Le formalités d’immatriculation étant assez longues, j’ai dû attendre mon tour ; l’opération a commencé à 18 heures et s’est terminée à 19h15 ; je n’ai pu faire la remise que de 38 internés sur 88 venus d’Aincourt. En raison de l’heure, le chef de bureau de la Feldpolizei m’a fait savoir qu’il recommencerait l’immatriculation le lendemain matin à 8h15, d’avoir à revenir à cette heure-là. J’ai rassemblé les 50 internés restant dans les deux cars et ai libéré les camionnettes et les gardiens disponibles.
Je me suis aussitôt mis en rapport avec la préfecture de Seine-et-Oise afin de savoir où je devais conduire, pour passer la nuit, les 50 internés. Une heure après, je recevais l’ordre de les conduire au Dépôt, 4 quai de l’Horloge, et de continuer ma mission le lendemain matin. Cette formalité étant remplie, j’ai renvoyé les cars et le personnel à Versailles.
Le 28 juin, à 7 heures, j’ai continué ma mission qui a pris fin à 11 heures. Cette escorte s’est déroulée sans autre incident. »
[4] Arrestations de la fin juin 1941 dans le département de la Seine, témoignage d’Henri Rollin : « Le 27 juin 1941, vers 6 heures de matin, ma femme et moi nous sommes réveillés par un coup de sonnette. Trois inspecteurs de la police française viennent nous arrêter ; perquisition rapide sans résultat (nous avions la veille au soir distribué les derniers tracts que nous avions). Nous arrivons à l’hôtel Matignon où nous trouvons de nombreux cars et camions, résultat d’une rafle dans toute la région parisienne. Nous sommes remis par la police française aux autorités allemandes. Au moment de ma remise aux Allemands, j’ai aperçu qu’on leur donnait une petite fiche portant mon nom et la mention « communiste », soulignée à l’encre rouge. Nous subissons un court interrogatoire d’identité… Attente… Vers la fin de l’après-midi, départ en car. Arrivée au fort Romainville, fouille, identité. Départ de Romainville le 1er juillet, au matin, par train spécial et bondé au Bourget, arrivée l’après-midi à Compiègne. Le lendemain, même cérémonie, refouille et identité, ensuite la vie de camp… »
[5] De l’Hôtel Matignon au Frontstalag 122 : témoignage de Marcel Stiquel (déporté au KLSachsenhausen le 24 janvier 1943). Son récit fait état de 87 internés (la liste en comporte 88) et d’un départ d’Aincourt étalé sur deux jours : les 27 et 28 juin 1941 (voir note ci-dessus).
[6] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France :
Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.
S’agissant de François Malard, c’est 15 mars 1943 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.