Georges, Antoine, Malbec naît le 31 décembre 1899 à Paris 20e, chez ses parents, Jean Marie Malbec, 46 ans, et Françoise Chavinier (parfois écrit Chauvignier ou Chavillier), son épouse, 33 ans, marchands de parapluies, domiciliés au 31 ou 91, rue du Pressoir, près du métro Couronnes.
Alors qu’a commencé la Première Guerre mondiale, Georges Malbec habite à Riom-es-Montagne (Cantal) avec son père, alors veuf. Il y travaille comme cultivateur, puis comme pâtissier.
Le 16 avril 1918, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 86e régiment d’infanterie, où il arrive le lendemain. Le 23 juillet 1918, il passe au 16e RI. Le août 1919, il passe au 3e régiment de chasseurs à cheval. Le 20 mai 1921, il passe au 18e régiment de chasseurs, unité engagée dans l’occupation des pays rhénans. Le 30 juin suivant, il est renvoyé dans ses foyers sans obtenir de certificat de bonne conduite.
En 1924, Georges Malbec habite au 101, rue Leblanc à Paris 15e. En mars 1928, il demeure au 93, rue de Lourmel (Paris 15e), et, le 10 septembre suivant, au 20, rue Ginoux, dans le même arrondissement.
Il devient cantonnier titulaire de la Ville de Paris (à Auschwitz, il se déclarera paveur de profession).
Le 8 septembre 1928 à Paris 15e, Georges Malbec se marie avec Lydie Lièvre, née le 5 septembre 1903 à Saint-Germain-le-Princay (Vendée), fille d’agriculteurs, journalière. Ils habitent déjà ensemble au 71, rue Saint-Charles. Les témoins au mariage sont Antoine Malbec, magasinier, et Marcel Malbec, monteur sur presse, demeurant tous deux au 93, rue de Lourmel. Le père de Georges, âge de 75 ans et retraité, vit alors à Mazamet (Tarn). Georges et Lydie Malbec auront deux enfants : Suzanne, née le 1er mars 1922 à Rochefort (Charente-Inférieure / Charente-Maritime), et Roger, né le 22 octobre 1928 à Paris 15e.
En mai 1935, la famille habite au 12, rue de la Rosière (Paris 15e).
Enfin, en octobre 1935 et jusqu’au moment de son arrestation, Georges Malbec est domicilié au 15, rue des Quatre-frères-Peignot à Paris 15e, à l’angle de l’avenue Émile Zola.
Il est mobilisé au cours des « hostilités 1939-1940 », peut-être au 13e bataillon d’ouvriers de l’Artillerie.
Sous l’Occupation, Georges Malbec prend l’initiative d’une collecte d’argent en faveur de deux camarades d’atelier, Torquin et Cornaye, détenus pour propagande communiste. Il remet la petite somme récoltée à Madame Torquin, qui lui avait dit être « sans secours ».
Le 18 juillet 1941, Émile Billot, domicilié au 14, rue des Quatre-Frères-Peignot, militant communiste chargé de la diffusion de tracts et de la collecte des cotisations dans le 15e arrondissement, est arrêté par deux inspecteurs des Renseignements généraux (fusillé à Caen le 15 décembre 1941). Sur un carnet de notes en sa possession figurent les cotisants et les sommes collectées pour les familles des emprisonnés. Sur un carnet de notes en sa possession figurent les cotisants, seulement désignés par leurs prénoms, et les sommes collectées pour les familles des emprisonnés. Interrogé, Billot désigne un camarade Danois, chargé de la diffusion des tracts et brochures, comme susceptible de communiquer les noms et adresses des cotisants. Par ailleurs, « Albert », un autre militant clandestin, occupant précédemment les fonctions clandestines de Billot, est trouvé porteur, lors de son arrestation, d’un « carnet de notes diverses » concernant « les groupes 1, 4 et 5 ».
Le lendemain, 19 juillet, Georges Malbec est arrêté. Après interrogatoire, il est relaxé le jour suivant faute de charges suffisantes relativement à une activité communiste clandestine, sous la condition de se présenter à toute convocation.
Le 16 décembre 1941, la 14e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine condamne Georges Malbec à une amende et une peine avec sursis pour infraction à la réglementation du Pari Mutuel (PMU) dans les courses de chevaux, avec d’autres personnes, suite à une perquisition effectuée chez l’une d’elles.
Le 28 avril 1942, Georges Malbec est arrêté à son domicile, comme otage, lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine et visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Georges Malbec est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Il est possible que Georges Malbec puisse faire parvenir un message à son épouse, car c’est à partir de cette date qu’elle témoignera ne plus avoir de ses nouvelles.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Georges Malbec est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45819 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Georges Malbec.
Atteint par le typhus (Fleckfieber), il meurt à Auschwitz le 17 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [1].
Il est déclaré “Mort pour la France” et homologué comme “Déporté politique” (1956). La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 29-09-1994).
Notes :
[1] Émile Billot : né le 16 mars 1908, marié, six enfants, condamné à 20 ans de travaux forcés par la section spéciale de la Cour d’appel de Paris le 24 septembre 1941, transféré à la Maison centrale de Caen (Calvados) cinq jours plus tard, fusillé à Caen par l’armée d’occupation le 15 décembre 1941 comme otage en représailles d’attentats, avec des militants arrêtés avec lui : Albert Di Fusco, François Langouët et Jean Morvan.
[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil… Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.
S’agissant de Georges Malbec, c’est 15 décembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 373 et 412.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Témoignage de Madame Di Fusco (lettre du 8 octobre 1972) : elle-même et son mari (fusillé le 15 décembre 1941 comme otage communiste) militaient avec Georges Malbec dans le 15e arrondissement – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (dossier individuel).
Archives de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 20e arrondissement à la date du 31-12-1899 (V4E 10767), acte n°4922 (vue 14/15) ; registre des mariages du 15e arrondissement à la date du 8 septembre 1928 (15M 329), acte n° 2021 (vue 23/31).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande” (BA ?) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 2162-9781) ; dossier individuel des Renseignements généraux (77 W 1794-120413).
Archives départementales du Cantal, site internet du Conseil du département, archives en ligne : registres du recrutement militaire, classe 1919, bureau d’Aurillac, matricules de 1001 à 1500 (1 R 1745), n° 1121 (vues 171-172/699).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 766.
Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : copies de pages du Sterbebücher provenant du Musée d’Auschwitz et transmises au ministères des ACVG par le Service international de recherches à Arolsen à partir du 14 février 1967, carton de L à R (26 p 842), acte n° 23196/1942.
Concernant Émile Billot : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article157327, notice BILLOT Émile, Jean-Baptiste par Daniel Grason.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 8-05-2020)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.