- Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Pierre Marin naît le 16 février 1902 à Paris 6e, fils de Léontine Marin, 30 ans, sans profession, domiciliée au 76, rue de Rennes, et de « père non dénommé ».
Le 28 mars 1925 à Sèvres (Seine-et-Oise / Hauts-de-Seine), Pierre Marin se marie avec Yvonne Pennetier.
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 1, rue Ledion, ou au 117, rue Didot, à Paris 14e, À cette dernière adresse – s’il n’y a pas confusion sur la personne (homonymie) – , il vit en ménage avec mademoiselle Berthe H. depuis 1929.
Il est sculpteur. C’est un membre du Parti communiste.
À des dates restant à préciser, il est arrêté, jugé et condamné à six mois de prison pour infraction au décret du 26 septembre1939 (« reconstitution de ligue dissoute »).
Pendant un temps, il est écroué à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Yvelines ).
- Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.
À l’expiration de sa peine, étant considéré comme un « meneur particulièrement actif », il n’est pas libéré. Le 8 juillet 1941, le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif et il reste détenu dans la prison sous ce statut.
Le 28 novembre 1941, Pierre Marin fait partie d’un groupe de neuf internés de Poissy transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne). Parmi eux, quatre autres futurs “45000” : Alfred Chapat, Raymond Langlois, Marcel Nouvian et Eugène Thédé.
Le 22 mai 1942, Pierre Marin fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise).
Entre fin avril et fin juin 1942, Pierre Marin est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Pierre Marin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45833, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Pierre Marin.On ignore la date exacte de sa mort à Auschwitz ; certainement avant la mi-mars 1943.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 372 et 412.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Témoignage d’André Deslandes – Mairie du 14e – M. Cottard, Revue d’Histoire du 14e , n°29, fév. 1989, p. 71.
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : carton “Occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397).
Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt (1W77).
Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 121.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 19-01-2012)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.