Lucien MICHEL naît le 28 août 1902 à Bourges (Cher – 18), chez ses parents, Raymond Michel, 38 ans, charron, et Marie Julien, son épouse, 27 ans, couturière, domiciliés au 10, quai des Maraîchers. Les témoins pour l’inscription du nouveau-né à l’état civil sont deux autres charrons. Lucien a une sœur aînée, Alice, née le 1er août 1897 à Plaimpied (18), où sont nés et vivent alors leurs parents (18). Lucien a une sœur aînée, Alice, née le 1er août 1897 à Plaimpied, où étaient nés et vivaient alors leurs parents (18).
En décembre 1903, son père, Raymond Michel, demeure route de Bourges à Vierzon-Ville (18) [1].
Le 8 août 1906, la sœur de Lucien, (Hermine) Germaine, naît avenue de la Mairie à Vierzon-Villages ou Vierzon-Forges (?). Cette année-là, son père est menuisier chez Barberan.
En 1921, Lucien Michel n’est pas recensé avec ses parents et sa sœur, alors domiciliés rue Étienne-Marcel, à Vierzon-Forges.
En 1926, il habite rue Étienne-Dolet, à Vierzon-Forges, avec sa mère et sa sœur. Il est menuisier.
Pendant un temps, Lucien Michel est secrétaire du syndicat unitaire des Métaux de Vierzon (quelle commune ?).
Au cours du dernier trimestre de 1926, Lucien Michel est emprisonné, vraisemblablement à la suite des manifestations des 8 octobre et 7 novembre, qui furent toutes dispersées par la gendarmerie à cheval. En décembre, il est licencié de l’usine des établissements Georges Brouhot, matériels agricoles et industriels (locomobiles et batteuses), rue du Cavalier.
En 1927, il est secrétaire adjoint de la cellule communiste de Vierzon-Forges [1].
Le 9 août 1930, à Vierzon-Ville, Lucien Michel se marie avec Jeanne Lagrange.
En 1937, il devient conseiller d’arrondissement communiste, succédant à André Collier, vigneron (petit propriétaire et ouvrier agricole), élu maire communiste de Vierzon-Bourgneuf en 1935, décédé.
Au moment de son arrestation, Lucien Michel est domicilié à Vierzon [1] ; son adresse reste à préciser.
Il travaille à l’usine d’aviation de Bourges (très probablement aux Établissements Hanriot, devenue Aérospatiale).
Il est secrétaire de la section du PCF de Vierzon. À une date restant à préciser, il est élu Conseiller général.
Le 22 juin 1941 [1], il est arrêté puis finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Lucien Michel est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45877 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Lucien Michel est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Il meurt à l’ “hôpital” d’Auschwitz (Block 20) le 16 août 1942, d’après les registres du camp ; cinq semaines après l’arrivée de son convoi.
Selon d’autres témoignages, il fait partie des trente-neuf “45000” sélectionnés le jour suivant pour la chambre à gaz et qui chantent La Marseillaise dans le camion qui les emportent [2].
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du Xx-1995).
À Vierzon, son nom est inscrit sur la haute plaque dédiée aux Victimes vierzonnaises de la barbarie nazie 1939-1945 du Mémorial de La Résistance et Déportation, inauguré en 2011 au 10 avenue du Général-de-Gaulle, près de la médiathèque Paul Éluard.
Notes :
[1] L’ “ Aktion Theoderich ” : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante.
En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht.
Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. Fin août, 200 d’entre eux font déjà partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.
[2] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 150 et 153, 356, 363 et 414.
Association des amis du musée de la Résistance et de la Déportation de Bourges, article dans La Nouvelle République du 31 janvier 2005.
Le Maitron en ligne, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier – mouvement social, site internet : notice biographique.
Archives départementales du Cher, site internet du Conseil départemental, archives en ligne : registre des naissances de Bourges, année 1902 (3E 54232), acte n° 377 (vue 92/219).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 1, page 120* (registre de la morgue relevé par la Résistance) ; tome 3, page 808 (21235/1942).
Site Mémorial GenWeb, relevé d’Alain Girod (n° 80755), 10-2016.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 25-10-2020)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.