René Oudot naît le 3 septembre 1920 à Paris 12e, fils de Jules Oudot et de Georgette Le Breton, son épouse.
Au moment de son arrestation, il habite chez ses parents au 9, rue du Fauconnier à Paris 4e. Il est ouvrier métallurgiste (dans quelle entreprise ? à vérifier…).
Le 14 septembre, il est arrêté « pour distribution de tracts communistes ».
Le 29 octobre, il est condamné à deux mois de prison pour distribution de tracts.
Le 7 novembre, il est écroué à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne). Deus semaines plus tard, le 20 novembre, il est transféré à la prison de Villeneuve-Saint-Georges.
Le 6 janvier 1941, à l’expiration de sa peine, il est libéré.
Le 28 février ou le 4 mars 1941, il signe un contrat de travailleur volontaire pour le IIIe Reich, dans la ville de Steyr (?), en Autriche (Gau Oberdonau), à l’usine Steyr-Daimler-Puch AG. Mais – revenu en France en permission – il ne repart pas.
Le 28 avril 1942, René Oudot est arrêté une seconde à son domicile, comme otage, lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine – avec le concours de la police française – et visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin ayant été précédemment l’objet de poursuites judiciaires puis relaxés, sans avoir subi de condamnation ou après avoir purgé leur peine. Les hommes arrêtés sont d’abord rassemblés au camp allemand du fort de Romainville, sur la commune des Lilas (Seine / Seine-Saint-Denis), puis rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, René Oudot est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, René Oudot est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45495 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée). Son nom est mal orthographié dans les listes allemandes (« Dudot » ou« D’Oudot ») ce qui explique son matricule.
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, René Oudot est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Le 17 août, il est admis à l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I [1].
Il meurt à Auschwitz le 26 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) et une copie du registre de la morgue (Leichenhalle) relevée clandestinement par la résistance polonaise interne du camp, et où est inscrit le matricule n° 45495 (ce local de regroupement temporaire des cadavres est situé au sous-sol du Block 28). Il n’a pas vingt ans.
Notes :
[1] L’ “hôpital d’Auschwitz” : en allemand Krakenbau (KB) ou Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus. Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”. Mais les “31000” et Charlotte Delbo ont connu et utilisé le terme « Revier » : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. », Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 370 et 415 ; notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002).
Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, Caen, dossier de René Oudot (21 P 522 069).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande” (BA ?).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 894 (25201/1942), son nom y est orthographié « D’Oudot ».
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre du Block 4.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 5-12-2023)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.