Laurent, Jean, Pantin naît le 17 septembre 1901 à Belmont (Ain – 01), fils de François Pantin, 50 ans, cultivateur exploitant, et de Marie-Louise, née Coste, 37 ans, son épouse, qui ont cinq autres enfants : Louis, né en 1882, Emily, née en 1896, Joanny, né en 1899, Marie, née en 1905, Antoinette, née en 1907 (à vérifier…).
Pendant un temps, Laurent Pantin travaille comme boucher.
Le 5 avril 1921, Conseil de révision l’ayant déclaré “bon pour le service armé”, malgré une arthrite de l’épaule droite, Laurent Pantin est appelé pour accomplir son service militaire comme soldat de 2e classe au 44e régiment d’Infanterie. Mais, le 21 mai, la Commission de réforme de Lons-le-Saulnier le reforme temporairement n° 2 pour « bronchite du sommet droit, affaissement musculaire, vibrations exagérées, submatite, craquements secs en arrière, légère hémoptysie ». Il est renvoyé dans ses foyers quatre jours plus tard et se retire à Belmont. La même commission renouvelle cette réforme les deux années suivantes.
En avril 1925, Laurent Pantin habite au 2, rue Bonnardel, à Saint-Nicolas-de-Port.
Le 23 mai de cette année, à Saint-Nicolas, il se marie avec Anne Raymonde Daviatte, née le 2 juillet 1902 dans cette commune. En décembre 1926, ils demeurent au 54, rue Saint-Laurent, à Pont-à-Mousson. Ils ont quatre enfants, dont François, né en 1928, Michel, né en 1930, et Nicole, née en 1935, tous trois à Varangéville.
Laurent Pantin est ouvrier aux soudières (production de carbonate de sodium à partir de sel extrait par la saline de Varangéville et de calcaire, produit entrant dans la fabrication du verre). Travaille-t-il à l’usine de la Compagnie de Saint-Gobain de Varangéville ou celle de La Madeleine ?
En septembre 1934 et jusqu’à son arrestation, Laurent Pantin est domicilié au 5, cité du Meuzat à Varangéville (Meurthe-et-Moselle – 54), entre Saint-Nicolas-de-Port et Dombasles-sur-Meurthe.
À une date restant à préciser, il est arrêté pour « menées communistes » sur décision du préfet de Meurthe-et-Moselle qui se réfère au décret du 18 novembre 1939 « relatif aux mesures à prendre à l’égard d’individus dangereux pour la Défense nationale ». Laurent Pantin est-il jugé et condamné à une peine d’emprisonnement ou est-il interné administrativement ?
Son trajet en détention de Laurent Pantin reste à éclaircir.
En août 1941, il est arrêté par les « autorités allemandes ». Est-il rapidement transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager) ?
Il est désigné comme otage à la suite du sabotage du transformateur électrique d’Auboué dans la nuit du 4 au 5 février 1942 ; action de résistance qui déclenche une vague d’arrestations dans le département (70, dont plusieurs dizaines de futurs “45000”).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Laurent Pantin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45947 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Laurent Pantin.
Il meurt à Auschwitz le 20 février 1943, l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Son nom est inscrit sur le Monument aux morts de Varangéville, situé dans le square Georges Brassens.
Anna Pantin décède à Saint-Nicolas le 10 septembre 1953, âgée de 51 ans.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 368 et 416.
Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
Archives départementales de l’Ain, site internet, archives en ligne : recensement de 1901, 1906 ; registre des matricules militaires, bureau de recrutement de Belley, classe 1921 (1 R 0191), matricule n° 534.
Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy : fiches du centre de séjour surveillé d’Écrouves (ordre 927 W) ; recherches de Daniel Dusselier.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 903 (9315/1943).
Site Mémorial GenWeb, relevé de Stéphane Protois (10-2007).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 5-09-2023)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.