André, Paul, Maurice, PAULIN naît le 22 juin 1924 à Craon (Mayenne ), fils de Maurice Paulin et Alice Maignan, son épouse.
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 2 bis, rue de Sèvres (rue Paul Vaillant-Couturier ?) à Clamart [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92) ; probablement chez ses parents. Il est célibataire (arrêté à 17 ans).
André Paulin est apprenti chaudronnier à l’usine de construction aéronautique dite usine Caudron Renault, 52 rue Guynemer, à Issy-les-Moulineaux (92) ; occupée plus tard par Thomson CSF.
Il est militant des Jeunesses communistes.
Sous l’occupation, il reste actif dans la clandestinité.
Pendant un temps, il est détenu au dépôt de la préfecture de police, à Paris (Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité).
Le 2 juillet, inculpé d’infraction au décret du 26-09-1939, il est écroué au quartier des mineurs de l’établissement pénitentiaire de Fresnes [1] (Seine / Val-de-Marne).
Le 21 août, la chambre des mineurs (15e) du Tribunal correctionnel de la Seine le condamne à quatre mois d’emprisonnement.
Le 2 septembre, il est transféré au quartier des adultes de Fresnes.
À l’expiration de sa peine, André Paulin n’est pas libéré : le 2 octobre 1941, le préfet de police signe un arrêté ordonnant son internement administratif. Pendant un temps, il est détenu au dépôt de la préfecture.
Le 9 octobre, il fait partie des 60 militants communistes (40 détenus venant du dépôt, 20 venant de la caserne des Tourelles) transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne) ; départ gare d’Austerlitz à 8 h 25, arrivée à Rouillé à 18 h 56.
Le 9 février 1942, André Paulin est parmi les 52 « communistes » (dont 36 seront déportés avec lui) remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits par des Feldgendarmes à la gare de Poitiers. Enfermés dans deux wagons à bestiaux, ils sont transférés – via Paris – au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). C’est là qu’il “fête” ses 18 ans : il est le deuxième plus jeune déporté du convoi.
Entre fin avril et fin juin 1942, André Paulin est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sà pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, André Paulin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45953 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, André Paulin est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
- Pendant un temps, il est assigné au Block 4.À une date restant à préciser, il est admis au Block 20 (maladies contagieuses) de l’hôpital des détenus d‘Auschwitz-I.
C’est là qu’il meurt le 27 septembre 1942, selon un relevé clandestin du registre de la morgue d’Auschwitz-I (Leichenhalle) réalisé par le groupe de résistance polonais des détenus [2].
Son nom est inscrit (avec seulement l’initiale de son prénom) sur le Monument aux morts de Clamart, situé dans le cimetière communal.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 28-02-96).
Notes :
[1] Clamart et Fresnes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant André Paulin, c’est « le 11 juillet 1942 à Auschwitz (Pologne) et non le 6 juillet 1942 à Compiègne (Oise) » qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 381 et 416.
Archives Départementales du Val-de-Marne (AD 94), Créteil : prison de Fresnes, dossier des détenus “libérés” du 1er au 15-10-1941 (511w23).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande” (BA ?…) ; cabinet du préfet de police, dossier individuel (1 W 741-28048).
Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94) : carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes.
Archives départementales de la Vienne, Poitiers : camp de Rouillé (109W75) ; dossier André Paulin (109W395).
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Service d’information sur les anciens détenus (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; liste de la morgue (« Leihenshalle »).
Site Mémorial GenWeb, 92-Clamart, relevé de Jacques Baudot (2000-2002).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 17-10-2023)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.