Jean, Marcel, Pérot naît le 25 décembre 1921 à Saint-Léger-sur-Dheune, entre Autun et Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 1 ou au 3, rue de Metz (devenue rue Maurice-Thorez), quartier de la Grande Fin, à Homécourt (Meurthe-et-Moselle – 54). Il est célibataire (il a vingt ans).
Il est aide-monteur à l’usine sidérurgique d’Homécourt, les Aciéries de la Marine.
Pendant la guerre civile espagnole, Jean Pérot participe aux collectes de solidarité avec la population du secteur républicain.
Le 31 janvier 1942, parallèlement à son rapport au préfet de Meurthe-et-Moselle signalant une distribution de tracts communistes à Auboué et Homécourt (communes limitrophes) dans la nuit du 29 au 30 janvier, le sous-préfet de Briey propose l’internement au centre de séjour surveillé d’Écrouves (54) de Jean Pérot, « réputé pour ses sentiments communistes ».
Le 7 février 1942, le jeune homme est arrêté comme otage à la suite du sabotage du transformateur d’Auboué ; action de résistance qui déclenche une vague d’arrestations dans le département (70, dont plusieurs dizaines de futurs “45000”)
Le 5 mars, Jean Pérot est parmi les 39 détenus transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Jean Pérot est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46255 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Jean Pérot est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
À une date restant à préciser, il est admis au bâtiment des maladies contagieuses (Block 20) de l’hôpital du camp, chambrée (Stube) n° 6.
Jean Pérot meurt à Auschwitz le 30 octobre 1942, selon un registre tenu par l’administration SS du camp. Il a 21 ans.
Son nom est inscrit sur le Monument aux morts d’Homécourt (avec la date erronée « 6-05-1944 » ? [1]).
Des treize déportés “45000” de la commune, seul Jacques Jung est revenu.
Notes :
[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 368 et 416.
Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy : cotes W1304/23 et W927/17.
Raymond Falsetti, amicale des familles de déportés d’Homécourt (dossier de l’exposition de 2005, courrier 03-2009).
Association Mémoire du Pays de l’Orne, bulletin Pagus Orniensis n°10, page 26.
Jean-Claude et Yves Magrinelli, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, Jarville, avril 1985, pages 345.
Site Mémorial GenWeb, relevé de Philippe Dezerville (01-2005).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 6-09-2023)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.