Marcel, Georges, Perrin naît le 25 septembre 1899 à Mehun-sur-Yèvre (Cher – 18), fils de Désiré Perrin, 26 ans, porcelainier – peut-être à la manufacture Pillivuyt, qui emploie plus de mille personnes en 1900 -, et de Marie Beauvais, 27 ans, couturière, son épouse, domiciliés route de Foëcy (les témoins pour l’inscription du nouveau-né à l’état civil sont un autre porcelainier et un sabotier). Marcel a une sœur, Marguerite Désirée, née le 16 février 1903 à Méhun-sur-Yèvre, et un frère, Désiré (comme leur père) Léon, né le 12 novembre 1905 à Vierzon-Villages (18) [1]. Cette année-là (1905), la famille habite route de Puits-Berteau.
Pendant un temps, Marcel Perrin habite à Vierzon-Villages. Il travaille comme encastreur de porcelaine.
De la classe 1919, il est incorporé le 19 avril 1918 au 79e régiment d’infanterie afin d’accomplir son service militaire. Le 10 février 1920, il passe à la 23e section de commis et ouvriers militaires d’administration (C.O.A.). Deux jours plus tard, il est affecté à la 5e section de C.O.A. Le 4 avril 1921, il est renvoyé dans ses foyers – certificat de bonne conduite refusé – et se retire chez ses parents, rue du Bas-de-la-Grange, à Vierzon-Villages. Mais, le 4 mai suivant, il est rappelé à l’activité militaire dans le cadre de l’occupation des Pays Rhénans. Il est définitivement renvoyé dans ses foyers le 2 juillet.
Cette année-là (1921), son père est porcelainier chez Bailleul et son frère Désiré est “métallurgiste” à la Société Française de Vierzon, usine fabricant notamment des tracteurs agricoles.
Le 18 février 1922, à Vierzon-Villages, Marcel Perrin se marie avec Maria Louise Desseix, née le 3 août 1903 à Saint-Saud-Lacoussière (Dordogne). Leur fils Maurice est né en 1921 à Vierzon (lequel ?). Le même jour (18 février 1922, à Vierzon-Villages), sa sœur Marguerite se marie avec Aimé Gauthier, voyageur de commerce.
Après leur mariage, Marcel et Maria Perrin quittent la commune.
Le 18 juin 1927, à Chartres (Loir-et-Cher), son frère Désiré Léon se marie avec Odette Fleury.
Fin avril 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, Marcel Perrin est domicilié rue des Varennes, à Vierzon-Ville (18). En 1936, il est “journalier”, manœuvre, chez Caillemitte (?).
C’est un militant communiste.
Le 27 août 1939, il est rappelé à l’activité militaire et arrive le lendemain au détachement principal de la « S. magasin de Mignières » (Eure-et-Loire ?). Il est démobilisé par le centre de Lavaur (Dordogne ou Tarn ?) le 14 août 1940.
Le 22 juin 1941 [1], il est arrêté puis finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Marcel Perrin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45968 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Marcel Perrin.
Il meurt à Auschwitz le 14 août 1942, d’après le registre d’appel du camp (Stärkebuch) et l’acte de décès établi par l’administration SS (Sterbebücher) ; cinq semaines après l’arrivée de son convoi.
Il existe à Vierzon une rue Marcel Perrin, où se trouve la bourse du travail Benoît Frachon de la ville, siège de l’union locale CGT (au n° 11) : s’agit-il de lui ?
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-03-1997).
À Vierzon, son nom est inscrit sur la haute plaque dédiée aux Victimes vierzonnaises de la barbarie nazie 1939-1945 complétant le Mémorial de La Résistance et Déportation, inauguré en 2011 au 10 avenue du Général-de-Gaulle, près de la médiathèque Paul Éluard.
Notes :
[1] L’ “ Aktion Theoderich ” : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante.
En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich,plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht.
Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. Fin août, 200 d’entre eux font déjà partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 363 et 416.
Archives départementales du Cher (AD 18), site internet du Conseil départemental, archives en ligne : registre des naissances de Mehun-sur-Yèvre, années 1895-1902 (3E 5567), année 1899, acte n° 117 (vue 581/588) ; registre des matricules militaires, bureau de recrutement de Bourges, classe 1919 (2R 762), matricule n° 1996 (vue 411/877).
Association des amis du musée de la Résistance et de la Déportation de Bourges, article dans La Nouvelle République du 31 janvier 2005.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 919 (20507/1942).
Site Mémorial GenWeb, relevé d’Alain Girod (n° 80755), 10-2016.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 24-10-2020)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.