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Devant la mairie de Drancy en mars 1936.
Photo de l’agence Mondial Photo Presse.
Collection de l’association Le Papyrus Drancéen,
section DIMEME.

Roger, Georges, Pigalle naît le 1er mars 1901 à Malakoff [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92), chez ses parents, Camille, Louis, Pigalle, 40 ans, menuisier, et Azelia, Marie, Lefevre, son épouse, 38 ans, domiciliés au 54, rue Chauvelote.

Roger Pigalle commence à travailler comme cocher livreur, habitant avec sa mère, alors veuve, au 68, rue Racine à Montrouge (92).

Le 5 avril 1921, il est incorporé au 153e régiment d’artillerie à pied afin d’y accomplir son service militaire. Le 1er septembre 1921, il passe au 6e bataillon d’ouvriers d’artillerie. Il est “renvoyé dans ses foyers” le 15 mai 1923, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

Par la suite, Roger Pigalle travaille régulièrement comme manœuvre (maçon plâtrier) chez des entrepreneurs de maçonnerie ou des marbriers.

Pendant un temps, il habite au 154, avenue de la République à Montrouge. À partir du 18 août 1923, il loge au 31, rue Froidevaux, près de la place Denfert-Rochereau (Paris 14e) avec sa jeune compagne, Germaine B., née vers 1905 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), ouvrière décolleteuse. Ils auraient alors ensemble une fille, Carmen, née vers 1922.

Roger Pigalle est un militant communiste et syndicaliste : le 7 février 1924, il est arrêté au cours d’une manifestation organisée devant l’Assemblée Nationale (Palais-Bourbon) par la CGTU et l’Union des syndicats de la Seine, puis conduit au commissariat du quartier de la Madeleine où il est relaxé après vérification d’identité.

Pendant un temps, selon la police, il serait domicilié à Gennevilliers, étant élu conseiller municipal de cette commune (à vérifier…).

Le 9 janvier 1926, à Antony (92), Roger Pigalle épouse en premières noces Germaine Marie Louise B.

En mars 1927, ils habitent au 39, avenue Léon-Gambetta à Montrouge. En juin 1931, ils demeurent au 132, rue Jean-Marie-Baudin à Bagneux (92).

En septembre suivant, Roger Pigalle est installé au 40, rue Pasteur à Drancy [2] (Seine / Seine-Saint-Denis).

En mai 1932, il déclare habiter au 23, rue Victor-Hugo, à Drancy. Le 31 mai est prononcé le jugement de divorce d’avec sa première épouse.

Le 15 avril 1933 à Drancy, Roger Pigalle se marie avec Alice Husson, née le 18 mai 1905 à Toul (Meurthe-et-Moselle), journalière, elle-même divorcée ; ils vivent déjà ensemble.

À partir de 1935 et jusqu’au moment de son arrestation, Roger Pigalle est domicilié au 8, avenue Pasteur à Drancy.

Le 5 mai 1935, Roger Pigalle est élu conseiller municipal de Drancy sur la liste du Parti communiste conduite par Jean Berrar. Très assidu, il ne manque que deux séances du conseil municipal.

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Drancy. La mairie. Carte postale oblitérée en 1932.
Coll. Mémoire Vive.

Dans les années 1930, il travaille irrégulièrement, étant inscrit à plusieurs reprises au fonds de chômage de Drancy.

Le 17 juin 1937, Roger Pigalle « fait l’objet d’une plainte pour (…) atteinte au libre exercice de l’industrie et du travail, opposition par voies de fait à la confection de travaux organisés par le gouvernement. » (une action syndicale ?) ; affaire sans suite judiciaire.

Le 31 août 1939, après qu’il ait été « signalé comme se livrant à la distribution de tracts du Parti communiste », le commissaire de police de Pantin procède à une perquisition à son domicile. On y trouve – entre autres – des fiches d’adhérents et de bulletins d’adhésions remplis, « un original au crayon de tract du 27 août 1939 »…

Le 6 septembre 1939, Roger Pigalle est rappelé à l’activité militaire au CR de munitions n° 5 (artillerie) à Orléans (Loiret), où il arrive deux jours plus tard. Il ne peut  se prononcer sur « L’appel aux Drancéens », lancé par le maire, Berrar, à l’automne et signé par les seize conseillers municipaux présents, par lequel les élus entendent « continuer à remplir le mandat qui leur a été confié par le suffrage universel dans le cadre des lois républicaines avec la volonté de réaliser au maximum l’unité morale de la population civile indispensable à la vie normale de la cité » ; texte ne constituant pas en soi un désaveu du Pacte germano-soviétique et de la politique du Parti communiste.

Le 15 février 1940, le conseil de préfecture de la Seine déchoit Roger Pigalle de son mandat ainsi que d’autres élus drancéens, pour ne pas avoir publiquement renoncé à son appartenance au Parti communiste.

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Extrait de la presse quotidienne,
sans titre ni date.
Archives de la préfecture de police, Paris.

Roger Pigalle est démobilisé le 17 août 1940, sans avoir été fait prisonnier.

Sous l’Occupation, le commissaire de police de la circonscription de Pantin désigne Roger Pigalle pour l’internement administratif, au motif que celui-ci « se livre à la propagande clandestine ».

Le 5 octobre, il est arrêté à son domicile par la police française lors de la grande vague d’arrestations organisée dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise par les préfets du gouvernement de Pétain contre des hommes connus avant-guerre pour être des responsables communistes (élus, cadres du PC et de la CGT), en application des décrets des 18 novembre 1939 et 9 septembre 1940 ; cette action de répression visant essentiellement des suspects est menée avec l’accord de l’occupant.

Après avoir été regroupés en différents lieux, 182 militants de la Seine sont conduits le jour même en internement administratif au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé à cette occasion dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.
Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte montrant les points d’impact après le bombardement par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940. Arch. dép. des Yvelines (1W71).

Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte
montrant les points d’impact après le bombardement
par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940.
Arch. dép. des Yvelines (1W71).

Le 11 février 1941, en réponse à une directive du chef de camp concernant la révision du dossier de certains internés, Roger Pigalle transmet à celui-ci une demande ferme : « J’ai l’honneur de réclamer ma libération immédiate, car je considère mon arrestation comme arbitraire ».

Le 19 février, Alice Pigalle écrit au préfet de la Seine pour solliciter une autorisation de rendre visite à son mari : « La bonne tenue que les hommes du département de la Seine ont eu au court du bombardement me laissait espérer qu’ils auraient pu obtenir la même faveur que ceux des départements de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne. » Le 25 février, elle adresse une demande en termes presque identiques au préfet de Seine-et-Oise, où se trouve le camp d’Aincourt. Celui-ci transmet sa lettre au préfet de police le 12 mars. Le 8 avril, le chef du 1er bureau de la préfecture de police demande au commissaire de la circonscription de Pantin de faire connaître à la demandeuse « qu’il est impossible, dans les circonstances actuelles, de lui donner satisfaction ».

Le 6 mars 1941, sur le formulaire de « Révision trimestrielle du dossier » de Roger Pigalle, à la rubrique « Avis sur l’éventualité d’une mesure de libération », le commissaire spécial, directeur du camp, émet un avis défavorable en s’appuyant sur le constat que cet interné « suit les directives du parti communiste » et bien qu’il lui reconnaisse une « attitude correcte ».

Le 24 juin, Roger Pigalle fait partie d’une trentaine de « meneurs indésirables » écroués à la Maison d’arrêt de Rambouillet (Seine-et-Oise / Yvelines), à la suite d’ « actes d’indiscipline » collectifs.

Le 27 septembre, Roger Pigalle est parmi les 23 militants communistes de la Seine transférés au “centre d’internement administratif” (CIA) de Gaillon (Eure), un château Renaissance isolé sur un promontoire surplombant la Seine et transformé en centre de détention au 19e siècle, puis en caserne ; il est assigné au bâtiment F (aile Est du pavillon Colbert [3]), 1er étage, chambre 2, lit 23.

Le camp de Gaillon, ancien château de l’évêque de Rouen. Carte postale d’après-guerre. Collection Mémoire Vive.

Le camp de Gaillon, ancien château de l’évêque de Rouen. Carte postale d’après-guerre. Collection Mémoire Vive.

Roger Pigalle s’y trouve avec Louis D. Ensemble, ils sollicitent l’entremise de Fernand Valat et Marcel Capron pour obtenir leur libération ; à cette fin, Alice Pigalle remplit plusieurs questionnaires pour son mari.

Selon une note de la police (RG ?) datée du 18 février 1942, Roger Pigalle figure sur une liste de 43 « militants particulièrement convaincus, susceptibles de jouer un rôle important dans l’éventualité d’un mouvement insurrectionnel et pour lesquels le Parti semble décidé à tout mettre en œuvre afin de faciliter leur évasion », et qui sont pour la plupart internés au camp de Gaillon.

Roger Pigalle et Louis D. espèrent alors leur libération pour le 1er mai.

Le 4 mai 1942, Roger Pigalle et Louis D. font partie des 58 détenus transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir). Enregistré sous le matricule n° 310, Roger Pigalle, lui, n’y reste que deux semaines.
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Entrée du camp de Voves.
Date inconnue, probablement après mars 1943.
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Musée de la Résistance Nationale, Champigny.
Fonds de l’Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant.
Droits réservés.

Le 20 mai, il fait partie d’un groupe de 28 détenus (dont 19 futurs “45000”) que viennent chercher des gendarmes français. Pensant qu’on les emmène pour être fusillés, les partants chantent La Marseillaise. En fait, remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci, ils sont conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 -Polizeihaftlager).

Le 9 juin, Alice Pigalle écrit à un ministre (celui de l’Intérieur, ou à Fernand de Brinon ?) pour savoir ce qu‘il est advenu de son mari, dont elle est sans nouvelles depuis son transfert ; se demandant même s’il est encore en vie. Le 8 juillet, ce sont les services de la Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés qui demanderont au préfet de police d’effectuer une enquête « en vue d’une intervention éventuelle ». Le préfet transmettra un rapport des Renseignements généraux en réponse… le 5 décembre suivant.

Entre fin avril et fin juin 1942, Roger Pigalle est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus de Royallieu sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche”. « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre »).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Le 8 juillet 1942, Roger Pigalle est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45987 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Roger Pigalle est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Il est rapidement admis au Block 28 (médecine interne) de l’ “hôpital d’Auschwitz” [4].

Il meurt à Auschwitz le 28 juillet 1942, d’après les registres du camp ; trois semaines après l’arrivée de son convoi.

À la mi-juillet, Alice Pigalle a reçu la carte-formulaire envoyée par l’administration du camp pour prévenir certaines familles du transfert des déportés. Le 4 août, elle s’adresse de nouveau à de Brinon pour obtenir des nouvelles de son mari. Le 12 septembre, le préfet de police de Paris transmet à la Délégation générale le rapport de ses services sur le nommé Pigalle, « actuellement détenu par les Autorités allemandes ».

À une date inconnue, son épouse et/ou l’administration française engage auprès de la Croix-Rouge une demande de renseignement sur la situation de Roger Pigalle. Le 19 juillet 1943, la Croix-Rouge internationale, basée à Genève, transmet cette demande sa “filiale” allemande, laquelle s’adresse à son tour au Bureau central de sécurité du Reich (la « Gestapo ») à Berlin.

CroixRougeNazieLe 1er mars 1944, la police répond à la Croix-Rouge allemande en utilisant un formulaire sur lequel il suffit de rayer la mention inutile : « b) pour des raisons de police d’État, aucun renseignement ne peut être donné sur son lieu de séjour ni sur son état de santé. » On ne sait pas si cet avis a été transmis à son épouse.

Le 12 décembre 1945, une des premières personnes à certifier du décès de Roger Pigalle est Christiane Charua (“Cécile”), rescapée “31000”, qui écrit à sa veuve sur un papier à en-tête de l’Amicale d’Auschwitz/FNDIRP : «Votre mari a été déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz avec 1200 camarades. Ils sont jusqu’à ce jour rentrés qu’à 110. Malheureusement, de ce convoi, il n’en reste plus à rentrer. Je m’excuse par avance de la peine que je peux vous faire, mais il est de mon devoir de ne pas maintenir l’espoir dans les familles, quand je sais pertinemment que votre mari ne rentrera pas. Je vais essayer de trouver, parmi ces 110 rapatriés, ceux qui l’ont connu. Je puis vous dire dès à présent qu’il est décédé avant juillet 1943, date à laquelle ce convoi a eu le droit d’écrire, et, à ce moment, ils n’étaient plus que 128. Je vous donne tous ces détails étant moi-même déportée au même camp et que j’ai connu quelques-uns de ces camarades… ».

Avant août 1946, Raymond Saint-Lary atteste de la disparition à Auschwitz de Roger Pigalle, victime du typhus, mais il date celle-ci de novembre 1942.

Le 29 juillet 1948, la mention « Mort pour la France » est apposée sur son acte de décès.

Le 9 janvier 1962, Alice Pigalle complète un formulaire à en-tête du ministère des Anciens combattants et victimes de guerre pour demander l’attribution à son mari du titre de déporté politique. À la rubrique « Renseignements concernant la famille du déporté décédé ou disparu », elle inscrit son nom comme conjointe, mais ne mentionne aucun enfant (?). À la rubrique « Renseignements relatifs à l’arrestation et la déportation », elle complète l’alinéa « Circonstances » par « sur dénonciation pour activités anti-allemandes ». En juin 1963, elle reçoit sa carte de déporté politique (n° 117516207).

La mention « mort en déportation » est apposée sur  l’acte de décès de Roger Pigalle (JORF du 14 décembre 1997).

Le 12 décembre 2003, sa fille, Carmen Pigalle, domiciliée à Bergerac (Dordogne), écrit à la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la Défense pour demander une attestation de déportation concernant son père.

Le nom de Roger Pigalle est inscrit sur la plaque commémorative dédiée aux déportés et apposée à l’entrée de la mairie de Drancy.

Notes :

[1] Malakoff : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Drancy : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine. Elle est aussi sinistrement connue pour avoir été le lieu où fut implanté – dans la cité de la Muette inachevée – le camp de regroupement des Juifs (vieillards, enfants…) avant leur transport vers Auschwitz-Birkenau et autres lieux.

[3] Château de Gaillon. Le pavillon Colbert, sur la terrasse du jardin haut, a été dessiné par Jules-Hardoin Mansard vers 1700 pour l’archevêque Jacques-Nicolas Colbert, second fils du ministre de Louis XIV.

[4] Marcel Capron : peu après la signature du pacte germano-soviétique, le député-maire d’Alfortville prend ses distances avec la direction du PCF et finit par s’associer avec Marcel Gitton dans une tentative pour rallier le milieu ouvrier à la collaboration, notamment auprès des internés des camps.

[4] L’ “hôpital d’Auschwitz” : en allemand Krakenbau (KB) ou Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus. Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”. Mais les “31000” et Charlotte Delbo ont connu et utilisé le terme « Revier » : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. », Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24.

 

Sources :

- Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron (aujourd’hui Claude Pennetier), Editions de l’Atelier/Editions Ouvrières, 1990-1997 CD-rom (citant : Arch. Dép. Seine, DM3 , vers. 10451/76/1 et 10441/64/2 – Arch. Com. Drancy).
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 385 et 417.
- Françoise Bulfay, section DIMEME de l’association Le Papyrus Drancéen ; photo de Roger Pigalle (06-2013).
- Archives départementales des Hauts-de-Seine (AD 92), site internet du conseil général, archives en ligne : registre des naissances de Malakoff, année 1901 (E NUM MAL N1901), acte n° 46 (vue 17/113).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : carton “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; carton “PC”, dissolution… (BA 1928) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 1610-91178).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt, révision trimestrielle (1w74), dossier individuel (1w147).
- Archives départementales de l’Eure, Évreux : archives du camp de Gaillon (89w4, 89w11 et 89w14), recherches de Ginette Petiot (message 08-2012).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Témoignage de Dominique Ghelfi (daté 1946), Contre l’oubli, brochure éditée par la mairie de Villejuif en février 1996, page 61. D. Ghelfi, n’ayant pas été sélectionné pour le convoi du 6 juillet, a assisté au départ de ses camarades. Lui-même a été déporté à Buchenwald en janvier 1944 (rescapé).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 932.
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; acte de décès du camp (17287/1942), relevé clandestin de la morgue par la Résistance intérieure du camp.
- Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen, dossier de Roger Pigalle (21 P 525 745), recherches de Ginette Petiot (message 10-2012).
- Site Mémorial GenWeb, 93-Drancy, relevé de Monique Diot Oudry (11-2004).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 11-02-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.