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Collection Dominique Beauvois.
Droits réservés.

Marcel, Roger, Platteaut naît le 28 février 1911 à Condé-Sainte-Libiaire (Seine-et-Marne – 77), fils de Léon Platteaut, né en 1882 à la Chapelle-sur-Crécy (77), cocher-jardinier, et de Pauline, son épouse, née en 1890 à Paris 19e, blanchisseuse, domiciliés au 109, grande rue. Marcel est l’aîné de ses quatre sœurs : Antoinette, les jumelles Léone et Paulette, Micheline.

Le 26 novembre 1928, à 17 ans et demi, il s’engage pour cinq ans dans la Marine nationale (matricule 5080C-28).

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Collection Dominique Beauvois.
Droits réservés.

Naviguant successivement sur plusieurs bâtiments : le Ernest-Renan, le Primauguet, le torpilleur Mars (11-1930), le Suippe, l’EMC Toulon (?), le Duguay-Trouin (commandant Zeste ?), il connaît les ports de Lorient, Toulon (11-1932), Basna, Casablanca, Halifax (Canada), îles des Açores, Tanger, Tunis, Bizerte, Carthage, Mers-el-Kébir, Xargis, Oran, Mogador, Mazagan (Maroc), Sfax, Saïgon, Tien-Sin, Colombo (île de Ceylan), Djibouti (4-1933), Rabat, Lisbonne, Saint-Nazaire.

Photographié dans un avion et un hydravion, il a peut-être occupé un poste de bombardier.

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L’hydravion comporte trois postes alignés : Marcel Platteaut
est au milieu. Collection Dominique Beauvois. Droits réservés.

À la fin de son engagement, le 26 novembre 1933, Marcel Platteaut est quartier-maître canonnier.

Le 2 juin 1937, il est embauché à la Compagnie du Métropolitain de Paris (matricule 14252, FEM). Pour la police, il est « employé de métro ».

Le 12 novembre 1938, Marcel Platteaut épouse Ida Génard, née le 13 juillet 1908 à Fontenelle (Aisne). Ils n’ont pas d’enfant.

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Marcel et Ida.
Collection Dominique Beauvois.
Droits réservés.

Pendant un temps, ils habitent au 131, rue de Billancourt à Boulogne-Billancourt [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92). Au moment de son arrestation, il est domicilié au 91 bis, rue d’Aguesseau à Boulogne.

Marcel Platteaut milite au Parti communiste (activité connue de la police française).

Le 2 septembre 1939, il est mobilisé. Le 15 septembre, au Havre, il embarque à bord du Pessac. Le 1er novembre, il est nommé second maître canonnier. En août 1940, son bâtiment navigue à proximité des côtes anglaises, dans le secteur de Liverpool. Marcel Platteaut est démobilisé le 16 août.

Le 2 janvier 1942, au passage de la nouvelle année, Marcel Platteaut écrit à sa sœur : « …si l’équipe de Paulette à bien son message, pour laquelle je la remercie, je t’envoie le mien pour 1942. Nous souhaitons à tous les Français, et en particuliers à nos familles : paix dans l’honneur ; liberté dans une France libre et heureuse ; travail dans la libération contre l’esclavage ; fraternité de tous les Français, quelles que soient leurs opinions ou leur croyances ; et l’extermination de tous les traîtres, d’où qu’ils viennent et où qu’ils se trouvent. Vois-tu, ma chère sœur, ton message est heureux pour des jeunes filles qui n’ont pas eu encore à subir tous les sacrifices. Le mien est plus long et plus sévère. Mais, ajouté au tien, ces deux messages sont en tous points français ; le tien pour les jeunes et le mien pour les adultes qui s’occupent en ce moment à libérer la France. Mes vœux sont : santé, joie et bonheur pour vous. »

Sous l’occupation, les « Autorités allemandes » le soupçonnent « d’avoir participé à la guerre civile espagnole ». La Compagnie du Métropolitain qui l’emploie n’a – de son côté – repéré aucune activité clandestine.

Le 28 avril 1942, Marcel Platteaut est arrêté à son domicile par des policiers français et des Feldgendarmes, comme otage, lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée dans le département de la Seine par les « autorités d’occupation », avec le concours de la police française et visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin ayant précédemment fait l’objet d’une poursuite policière ou judiciaire et ayant été libérés, soit après avoir bénéficié d’un non-lieu, d’un acquittement ou d’un sursis, soit après avoir fini de purger une courte peine. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Le 6 juin, Marcel Platteaut écrit de ce camp : « (…) Notre martyre est plus supportable par notre esprit de fraternité, à moins que le soir on en choisisse 5 ou 6, comme cela se présente souvent. Mais rien ne m’ébranlera ; vous pouvez être fiers de moi et avoir la tête haute. Toute la famille ne doit rien craindre ; aucun reproche ne doit lui être adressé. Courage, Patience et Force : on les aura tous. C’est nous qui les garderons dans les barbelés. »

Entre fin avril et fin juin 1942, Marcel Platteaut est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marcel Platteaut est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45992 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Marcel Platteaux est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I (source à préciser…).

Il meurt à Birkenau, le 12 février 1943, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Le bureau national de recherche du ministère des Anciens combattants, constate qu’il « n’a pas été rapatrié au 18-04-1946 ». Le service d’état civil du ministère établit un acte de disparition le 18-10-1946 (confirmé le 22-04-1948), fixant la date du décès de Marcel Platteaut au 15 décembre 1942 [2].

Le 3 juin 1946, Monsieur Bouton (« La Bruyère »), commandant du groupe FFI du Métro (Forces Françaises de l’Intérieur), signe une attestation de l’activité de Résistance de Marcel Platteaut. Celui-ci est homologué comme caporal dans la Résistance intérieure française (J.O. du 5-02-1948).

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. n° 98 du 26-04-1995).

Son nom est inscrit sur le Monument aux morts de Crécy (77) et sur une plaque dans la salle des billets (?) de la station de métro La Chapelle : « À la mémoire de Marcel Roger Platteaut. Agent de la C.M.P., attachement Porte de Saint-Cloud. Résistant du métro, membre du groupe Danton. Arrêté par la Gestapo le 28 avril 1942, interné au camp de Compiègne. Déporté politique le 6 juillet 1942 au camp de concentration d’Auschwitz, puis au camp de Birkenau où il décéda le 15 décembre 1942. Mort pour la France. »

Collection Dominique Beauvois. Droits réservés.

Collection Dominique Beauvois. Droits réservés.

Notes :

[1] Boulogne-Billancourt : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes industrielles de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Dominique Beauvois, son neveu, messages 09-2007.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 381 et 417.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, archives en ligne : recensement du canton de Crécy-la-Chapelle, année 1911, vue 57/234
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”  (BA ?).
- Jean-Marie Dubois, Malka Marcovich, Les bus de la honte, éditions Tallandier, 2016, pages 144, 145, 146 et 189.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 940 (6915/1943).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 1-11-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.