- Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.
Gaston, Paul, Auguste, Roux naît le 24 mai 1906 à Dourdan (Seine-et-Oise / Essonne), fils d’Auguste Roux, 27 ans, cocher (puis restaurateur ?), et de Jeanne Pieau, ou Préan 19 ans, son épouse, domiciliés rue Neuve.
Le 12 mai 1926, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 355e régiment d’artillerie lourde afin d’y accomplir son service militaire. Le 10 novembre 1926, il est nommé brigadier (cf. caporal). Le 10 novembre 1927, il passe dans la disponibilité, titulaire d’un “certificat de bonne conduite”.
En 1928, il habite chez ses parents, alors restaurateurs domiciliés au 68 rue Mirabeau à Ivry-sur-Seine [1] (Seine / Val-de-Marne – 94).
Le 14 avril 1928, à Paris 6e, il se marie avec Marthe Eugénie Doyen, sténo-dactylo parisienne de 19 ans. Mais le couple divorcera le 28 février 1934.
Pendant un temps, il habite au 5 impasse de l’Enfant-Jésus à Paris 15e, débouchant sur le 148 rue de Vaugirard, près de l’hôpital Necker.
En janvier 1933, il est retourné vivre chez ses parents, rue Mirabeau à Ivry.
Le 18 août 1934, à Paris 12e, Gaston Roux épouse Paulette Cambron, née le 11 novembre 1912 à Paris 13e, dactylographe.Lors du recensement de 1936, le couple est domicilié au 89 rue Mirabeau à Ivry-sur-Seine [1] (Seine / Val-de-Marne – 94).
Après avoir pratiqué le cyclisme de compétition, Gaston Roux devient secrétaire de la section cycliste d’un club omnisports (à préciser…).
Pendant la guerre d’Espagne, Gaston Roux s’engage dans les Brigades internationales pour défendre la République espagnole contre la rébellion du général Franco soutenue militairement par Hitler et Mussolini.
À partir du 7 novembre 1939 et jusqu’au moment de son arrestation, il est mobilisé en “affectation spéciale” comme mécanicien à la Société industrielle de TSF, au 168, route de Montrouge à Malakoff (Seine / Hauts-de-Seine) ; « travailleur requis en France » (?).
Le 6 novembre 1941, à 6 heures du matin, Gaston Roux est arrêté à son domicile par des inspecteurs de la brigade spéciale n°1 des Renseignements généraux (anticommuniste), après avoir été dénoncé par le directeur de son usine comme militant actif et principal agitateur au sein de l’atelier de fabrication. Bien que l’on n’ait constaté aucune activité de propagande de sa part, il est suspecté d’être « le principal animateur d’un mouvement de grève qui devait se déclencher à la suite de l’arrestation de plusieurs éléments communistes de l’usine ». Le jour-même, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif.
Le 10 novembre, Gaston Roux fait partie d’un groupe de 58 militants communistes transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne).
Le 22 mai 1942 – avec 148 autres internés de la Seine, qui seront pour la plupart déportés avec lui – il est remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduit au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée (suivant un ordre de Hitler) en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée d’occupation.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet, Gaston Roux est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46083 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [2]).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau – Gaston Roux est dans la moitié des membres du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Pendant un temps, il est affecté au Block n° 4.
Il meurt à Auschwitz le 8 août 1942, un mois après l’arrivée du convoi, selon le registre d’appel quotidien (Stärkebuch), l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) et une copie du registre de la morgue (Leichenhalle) relevée clandestinement par la résistance polonaise interne du camp, et où est inscrit le matricule n° 46083 (ce local de regroupement temporaire des cadavres est situé au sous-sol du Block 28).
(Aucun des quatorze “45000” ivryens n’est revenu)
Le 10 novembre 1954, sa veuve remplit un formulaire de demande du titre de déporté politique pour son mari, au titre de conjoint. Le 28 mai 1956, le ministre des Anciens combattants et victimes de guerre décide de lui accorder ce statut et Paulette Roux reçoit la carte de déporté politique n° 1101.20929.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 27-01-1999).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 354, 388 et 419.
Archives municipales d’Ivry-sur-Seine : dossier individuel rassemblé par Michèle Rault, conservatrice, à partir de différentes sources.
Archives de Paris : registre des matricules militaires, classe 1926, 2e bureau de la Seine, matricule n° 1407 (D4R1 2624).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; dossier individuel au cabinet du préfet de police (1 W 700-23542).
Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 162.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1031 (18903/1942).
Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen : dossier de Gaston ROUX (21 P 533 742), recherches de Ginette Petiot (message 01-2014).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 4-12-2023)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
[1] Ivry-sur-Seine : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[2] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin “Après Auschwitz”, n°21 de mai-juin 1948).