Henri, Ernest, Roy naît le 13 janvier 1898 à Reims (Marne – 51), au domicile de ses parents, Joseph Roy, 50 ans, verrier, et Louise Laforêt, son épouse, 45 ans, journalière, demeurant à la verrerie de Reims ; un des deux témoins pour l’enregistrement à l’état civil est Théophile Roy, 29 ans, verrier, demeurant à la verrerie.
Le 17 avril 1918, Ernest Roy est incorporé comme sapeur de 2e classe au 11e régiment du Génie. Le 13 janvier 1919, il passe au 7e bataillon du Génie. Le 21 juin suivant, il passe au 9e régiment du Génie. Le 5 août 1921, il est renvoyé dans ses foyers, chez ses parents au n° 5 de la cité de la Verrerie, le certificat de bonne conduite lui étant refusé.
Le 27 mai 1922 à Reims, Ernest Roy se marie avec Annette Germaine Guedat, née le 24 avril 1904 à Liebvillers (Doubs). Ils ont six enfants : Henri René, né le 7 juin 1926 à Paris 15e, Louis Émile, né le 10 octobre 1929 à Boulogne-Billancourt, Jeanne, née le 12 novembre 1930, Raymond, le 22 mai 1933, Huguette, née le 28 février 1935, et Jean, le 29 mars 1937, tous les quatre à Reims.
Fin septembre 1928, Ernest Roy déclare habiter au 86, rue d’Aguesseau à Boulogne-Billancourt (Seine / Hauts-de-Seine). Début novembre 1930, il est de retour à Reims, habitant au 122, rue de Constancy. En mars 1934, la famille habite au 1, rue Narcisse Brunette prolongée.
Fin mai 1936 et jusqu’au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domicilié rue de Champfleury, dans le quartier Case Fayère, à Reims.
Ernest Roy est ouvrier du textile, employé à la Filature des Longuaux, rue du Jard (un ancien couvent reconverti).
Le 3 juin 1941, il est arrêté par les autorités française et conduit à la Maison d’arrêt de Reims (dont l’arrière donne sur la rue du général-Battesti). En juillet, un tribunal le condamne pour « propos communistes ». Il est libéré le 15 août suivant.
Le 26 février 1942 à 6 h 30, Ernest Roy est arrêté à son domicile par deux Feldgendarmes accompagnés d’uninterprète français, comme otage en représailles après des attentats contre des soldats allemands à Chalon-sur-Saône et à Montceau-les-Mines, avec dix-sept autres Marnais (membres de la communauté juive, militants syndicaux et politiques). Appréhendé en même temps que Jules Huon, Marcel Gauthier, René Manceau, Félix Reillon, Maurice Roussel et Roland Soyeux – tous suspectés d’activité communiste clandestine et futurs compagnons de déportation -, Henri Roy est conduit à la Maison d’arrêt de Reims, boulevard Robespierre.
Le 4 mars, il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule 3675. Pendant un temps, il est affecté au bâtiment A8.
Entre fin avril et fin juin 1942, Henri Roy est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Ernest Roy est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46072, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Ernest Roy.
Il meurt à Auschwitz le 4 novembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
En janvier 1948, suite à une demande officielle déposée par Madame Roy, la mention « mort pour la France » est apposée en marge des actes d’état civil d’Ernest Roy.
Au début des années 1950, Annette Roy signe un formulaire de demande d’attribution du titre de déporté résistant au nom de son mari. Le 14 juin 1954, la Commission départementale des déportés et internés politiques émet un avis défavorable, estimant que « les tracts et journaux distribués entre 1940 et 1942 n’émanaient pas d’une organisation de résistance », suivie par la commission nationale le 17 septembre suivant. Le 11 octobre, la demande du titre de déporté résistant est rejetée par le ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre, et le chef du bureau des fichiers et de l’état-civil déporté envoie une carte de déporté politique délivrée à « Madame Roy Annette » (n° 1118 12917).
En 1947, la municipalité de Reims appose une plaque commémorative à son domicile, qui a alors pour adresse le 12, rue Louis Bréhier.
Le nom d’Ernest Roy est inscrit sur le monument aux martyrs de la résistance et de la déportation, situé sur les Hautes Promenades à Reims.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 366 et 419.
Archives départementales de la Marne (AD 51), site internet, archives en ligne : registre des naissances de Reims, année 1898 (2 E 534/324), acte n° 102 (vue 29/497).
Association Arbre, marne-archives.com (n°2205).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1032 (38698/1942) ; le prénom mis en valeur sur l’acte de décès du camp est « Ernest ».
Site internet Mémorial GenWeb, relevés de Claude Richard (2006), Bernard Butet (12-2009 ; photo).
Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen : dossier d’Ernest Roy (21 p 533 840), recherches de Ginette Petiot (message 05-2013).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 23-09-2020)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.