- Photographiée à Auschwitz-I, le 3 février 1943.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.
Charlotte, Clémence, Henriette, Dupuis, naît le 6 février 1894 à Champvallon (Yonne), aînée de trois enfants dont les parents sont cultivateurs.
Elle reprend l’exploitation avec son frère Charles, resté célibataire comme elle.
La Résistance
En 1942, Charlotte et son frère sont Francs-tireurs et partisans. Ils entreposent des tracts que des camarades apportent et que d’autres viennent chercher pour la distribution.
Puis, ils constituent un dépôt d’armes et de munitions pour la résistance de Paris. Ils hébergent également les combattants qui viennent s’approvisionner à ce dépôt : Guesquen, dit Bob, fiancé de Raymonde Salez, Rousseau, dit Martin, Albert Ouzoulias, dit colonel André, Marcel Mugnier, qui sera liquidateur du Front national [1].
L’arrestation
Le 19 août 1942, Charlotte Dupuis et son frère sont arrêtés à Champvallon par quatre inspecteurs de la brigade mobile de Paris, quatre inspecteurs de la brigade de Dijon et l’inspecteur Grégoire de la police de l’Yonne.
Ils sont interrogés à Paris par les inspecteurs français rue Bassano et emprisonnés à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e) le 24 août 1942.
Charlotte est également incarcérée à Fresnes.
Le 20 octobre 1942, ils se revoient à Romainville. Ni l’un ni l’autre n’a été jugé.
Charles Dupuis est déporté à Mauthausen, Charlotte à Auschwitz.
Le 8 mars 1943 (ou le 10, selon l’acte de décès du camp), Charlotte Dupuis meurt de la dysenterie au Revier.
Le retour de Charles Dupuis
À son retour de Mauthausen, Charles Dupuis a fait étape en Suisse. Il y rencontre les rescapées du convoi. C’est par Marilou Colombain qu’il apprend la mort de sa sœur. Aucun avis officiel n’avait été envoyé à Champvallon.
Homologuée sergent en date du 25 mars 1947. Médaille militaire.
Citation à l’ordre du corps d’armée décernée au volontaire Dupuis Charlotte :
« Résistante de la première heure, animée du plus pur esprit patriotique. Dès 1941, en liaison directe avec l’État major national des F.T.P., elle effectue de périlleuses missions de liaison, centralise dans le dépôt dont elle assure la garde armes et munitions récupérées sur la débâcle de 1940. Arrêtée par les Allemands (sic) le 19 août 1942 à Champvallon, Yonne, conserve devant ses juges (sic) une attitude héroïque, ne révélant rien de son organisation. Déportée à Auschwitz, elle meurt à ce camp en 1943. La présente citation comporte l’attribution de la croix de guerre avec étoile de vermeil. »
Ordre général de la 7e région militaire du 28 mars 1947. Le général commandant la 7e région militaire.
Sources :
Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), pages 104-105.
[1] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN” et toujours existante).