- Heidi Hautval médecin face aux crimes contre l’Humanité
Adélaïde, dite « Heidi », HAUTVAL est née le 1er janvier 1906 à Hohwald, Bas-Rhin, où son père est pasteur, dernière d’une famille de sept enfants.
Adélaïde fait son doctorat en médecine à Strasbourg puis a travaillé dans des instituts neuro-psychiatriques et dans des hôpitaux jusqu’à son arrestation.
L’arrestation
Adélaïde est arrêtée sur la ligne de démarcation en essayant de passer en zone sud, en avril 1942. Au moment de son arrestation en gare de Vierzon, elle est témoin d’Allemands maltraitant une famille juive.
D’origine alsacienne, elle intervient calmement en allemand : « mais laissez-les tranquilles ! » – les Allemands répliquent : « vous ne voyez pas que ce ne sont que des juifs ? » – « Et alors, ce sont des gens comme les autres, laissez-les ! »
Amie des juifs
Elle est arrêtée comme « amie des juifs » et incarcérée à Moulins.
On lui présente le marché suivant : « retirez ce que vous avez dit sur les juifs et vous serez libérée. »
Elle refuse ; « alors vous partagerez leur sort ! » Elle est envoyée à Pithiviers puis à Beaune-la-Rolande où elle exerce son métier de médecin.
Ce dernier camp vidé, Heidi Hautval est emmenée en novembre 1942 à la prison d’Orléans – on lui ôte étoile et banderole – puis de là transférée à Romainville où elle arrive le 17 novembre 1942.
Auschwitz
À l’arrivée à Birkenau, elle n’est pas tout de suite reconnue comme médecin. Elle est mise au block 14, pour la quarantaine d’arrivée, mais elle quitte ce block après cinq ou six jours pour devenir médecin du revier.
Elle est affectée au block 22, où sont soignées les détenues allemandes.
Le block 10 d’Auschwitz I
En avril 1943, elle est envoyée comme médecin au Block 10 du camp principal (Auschwitz). C’est le block des expériences : stérilisation des femmes par injection de produits caustiques. Quand l’organe est brûlé par le produit, on en fait l’ablation.
Un docteur SS Wirtz prétend aussi faire des recherches sur le cancer et sur les réactions d’agglutination.
Heidi Hautval refuse d’entrer dans la salle d’opération, d’aider les chirurgiens.
Quand le docteur Röder quitte le block 10, son successeur ordonne au docteur Hautval de l’assister à la salle d’opération.
Elle refuse. En punition, elle est renvoyée à Birkenau, mêlée aux autres détenues, parmi lesquelles elle ne connaît plus personne : c’est en août 1943, toute la population du camp s’est renouvelée depuis avril. Les quelque trente-cinq Françaises du convoi restées à Birkenau sont en quarantaine, dans un Block à part. Les autres sont à Raïsko.
On lui conseille de se cacher un certain temps, ce qu’elle fait.
Orly la chef du Revier lui sauve la vie
Un soir Orly, la chef du Revier, la prévient qu’une Schreiberin [la Gestapo du camp] est venue l’avertir que le lendemain Heidi serait transférée au bloc 10 où des exécutions doivent avoir lieu.
Orly lui dit « il faut que tu cèdes en ce qui concerne les expériences », Heidi réplique qu’il n’en est pas question, alors Orly lui répond « ne t’occupe de rien » et lui donne des somnifères.
Orly ne donnera jamais d’explication mais Heidi sauvée, peut reprendre ensuite ses fonctions à Birkenau.
D’après Heidi, Orly, communiste allemande, déportée à 19 ans, a déjà fait 9 ans de camp de concentration en 1943.
Ainsi, au lieu de rejoindre les rescapées du convoi qui étaient alors en quarantaine, elle a été réintégrée comme médecin à Birkenau.
Elle pouvait franchir la porte pour aller soigner les camarades et c’est ainsi qu’elle a pu soigner Pépée (Paulette Prunières) qui, en septembre 1943, a eu une pleurésie.
En novembre 1943, Heidi Hautval a attrapé le typhus, à son tour. La maladie a duré longtemps. Elle n’a pu reprendre son service qu’en février-mars 1944.
Ravensbrück
Le 2 août 1944, elle a été transférée à Ravensbrück avec les autres. Fin 1944, de Ravensbrück, on l’a envoyée comme médecin au camp de Watenstett, qui était une usine de munitions.
Mais après trois semaines, l’administration de Ravensbrück s’est aperçue qu’elle était NN, qu’elle ne devait donc pas quitter Ravensbrûck et on l’y a ramenée.
Elle y a été de nouveau médecin au Revier.
Au service de ses compagnes malades
Après la libération de Ravensbrück, le 30 avril 1945, elle est restée avec Marie-Claude Vaillant-Couturier pour soigner les malades intransportables.
Elle travaille également avec le docteur Antonina Nikiforova, médecin de l’armée rouge déportée à Ravensbrück.
Ces femmes s’occupent notamment de Simone Loche.
La libération
Elle n’a été rapatriée que le 25 juin 1945, avec les derniers malades français.
Parce qu’elle ne faisait pas partie d’une organisation ou d’un réseau de résistance, Heidi Hautval a eu beaucoup de peine à obtenir une carte de déportée résistante.
Elle a été décorée de la légion d’honneur en décembre 1945 pour son dévouement à ses camarades dans les camps d’Auschwitz et de Ravensbrück.
Après la guerre, Heidi reprend son métier de médecine sociale.
Adélaïde écrit en 1946 un petit livre « Médecine et crime contre l’humanité », qui est édité en 1991.
Heidi Hautval reçoit le titre de « Juste » parmi les nations en 1965-1966.
Elle décède en 1988.
Une de ses maximes préférées est : « Pense et agis selon les eaux claires de ton être. »
Sources :
Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), page 141-143.
« Médecine et crime contre l’humanité » Adélaïde Hautval
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