Alain, Jacques, Le Lay naît le 22 septembre 1909 à Plobannalec (Lesconil, Finistère – 29), fils de Jacques Le Lay, 26 ans, marin-pêcheur, et de Marie Anne Larnicol, 22 ans, dentelière (trois nommés Larnicol, tués en 1914-1918, sont inscrits sur le Monument aux morts de Plobannalec-Lesconil…). Alain a – au moins – un frère, Jacques, né le 3 octobre 1919.
En 1931, la famille vit toujours à Plobannalec, au hameau de Menez-Veil.
Alors qu’il est élève-maître à l’École Normale de Quimper, Alain Le Lay en est exclu pour avoir participé à une grève contre la préparation militaire.
Au moment de son arrestation, il habite au 12, rue Laënnec à Concarneau (29). Il est célibataire.
Militant communiste, Alain Le Lay est secrétaire de la Région bretonne Finistère-Morbihan de 1934 à septembre 1939. Entre 1936 et septembre 1939, il est également secrétaire de la section du Parti communiste de Concarneau-ville.
Après sa démobilisation, il joue un rôle important dans la Résistance : contacté par Robert Ballanger, il réorganise le Parti communiste, devenu clandestin, dans toute la Bretagne. Il est en liaison avec Paris par l’intermédiaire de Venise Gosnat, dont le nom de guerre est “Père Georges”. Il anime l’Organisation spéciale, puis le Front national [1] de la région.
Le 11 juin 1941 [2], Alain Le Lay est arrêté à Auray (29), à la même date que Victor Louarn et Esprit Jourdain, tous trois ayant la même activité militante. Il est conduit à la prison de Brest (Le Bouguen), puis transféré le 30 avril 1942 au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Alain Le Lay est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Alain Le Lay est enregistré à Auschwitz ; peut-être sous le numéro 45776, ou le 46246, selon les listes reconstituées (les photos des détenus portant ces matricules n’ont pas été retrouvées).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Alain Le Lay est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.
Pendant un temps, Germain Houard, de Chartres, est assigné avec lui au Block 10, puis il le perd de vue à la suite d’un changement de Block.
Alain Le Lay meurt d’épuisement à Birkenau le 4 octobre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher). Victor Louarn, de Concarneau, est témoin de sa disparition ; ultérieurement, il estimera que celle-ci a lieu à la fin du mois.
Après son retour de déportation, Victor Louarn apprend le décès d’Alain Le Lay à son frère Jacques. En janvier 1951, celui-ci écrit au procureur de la République de Quimper afin qu’un jugement soit rendu pour établir officiellement le décès d’Alain.
Le 23 mai 1951, le tribunal civil de Quimper déclare par jugement que le décès d’Alain Le Lay est survenu le 1er mars 1943 en Allemagne (sic). Le 23 janvier 1988, le procureur de la République de Quimper décide de rectifier la date et le lieu du décès, en reprenant l’acte de décès du camp.
Après la guerre, à une date restant à préciser, le Conseil municipal de Concarneau donne son nom à une avenue de la ville.
Son nom est inscrit sur le Monument aux morts de Concarneau, dans le cimetière communal.
Alain Le Lay est déclaré “Mort en déportation” (JORF n° 0198 du 27 août 2013).
Son père, Jacques Le Lay, communiste également et membre de la CGTU, était aussi un résistant.
Notes :
[1] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN”, jusqu’à son changement d’appellation le 1er juin 2018).
[2] Arrestation le 11 juin 1941, ou… Article paru dans L’Humanité du 18 octobre 2003 : « (Pierre Guéguin) démobilisé le 31 juillet de la même année, est arrêté, le 2 juillet 1941, par les gendarmes de Concarneau, après la rupture du pacte germano-soviétique et l’attaque des troupes nazies contre l’URSS, en même temps qu’Alain Le Lay “qui mourra à Auschwitz” ». ET la date de novembre 1941, citée par Alain Guivarc’h sur Mémorial GenWeb.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 364 et 410.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Bretagne (2002), citant : Eugène Kerbaul, Résistant, interné à Châteaubriant et Voves d’où il s’est évadé, auteur d’un Dictionnaire biographique des militants ouvriers du Finistère, 1918-1945 (1640 hommes et femmes).
Site Mémorial GenWeb : Finistère, Concarneau, relevé d’Alain Guivarc’h (01-2003).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 11-03-2021)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.