Alfred, Germain, Varlet naît le 30 mai 1923 au Pré-Saint-Gervais [1] (Seine / Seine-Saint-Denis), fils d’Henri Varlet et de Victorine Vallée.
Au moment de son arrestation, il est domicilié chez ses parents au 51, rue de l’Ourcq à Paris 19e, comme son frère aîné Henri, né le 22 juillet 1920 à Paris 20e.
Le 20 avril 1940, Alfred Varlet est embauché comme ébaucheur en optique chez M. Huguet, opticien au 129 rue du Faubourg du Temple (Paris 10e).
En juillet 1940, au début de l’occupation, il rejoint les Jeunesses communistes clandestines du 19e arrondissement.
Le 23 octobre 1940, il est arrêté à son domicile par des policiers français, avec son frère Henri, pour propagande communiste clandestine. En même temps qu’eux, six autres militants sont arrêtés (sur dénonciation), dont les frères Marcel et Roger Mercier, domiciliés au 26, rue Alphonse-Kar, René Millet, domicilié 3 rue de l’Oise, responsable du PCF clandestin pour l’arrondissement, et Mario Ripa : tous sont inculpés d’infraction aux articles 1 et 2 du décret du 26 septembre 1939 et écroués à la Maison d’arrêt de la Santé.
Le 21 décembre 1940, ils comparaissent devant la chambre des mineurs (15e) du tribunal correctionnel de la Seine, où ont été convoqués les pères Mercier et Varlet, civilement responsables. Alfred Varlet est aussitôt libéré et « remis à ses parents » en considération de son âge.
Le 28 avril 1942, lui et son frère sont de nouveau arrêtés à leur domicile, mais comme otages, lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine, visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Alfred Varlet y est enregistré sous le matricule n° 4122 (Henri sous le n° 4121).
Entre fin avril et fin juin 1942, Alfred Varlet et son frère sont sélectionnés avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Alfred Varlet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46175 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Alfred Varlet est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
À une date restant à préciser, il est assigné au Block 4.
Il meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; un mois avant son frère Henri. Il a dix-neuf ans.
Il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).
Notes :
[1] Pré-Saint-Gervais : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 374 et 422.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central – liste établie à partir des registres des morts d’Auschwitz) – Témoignage de Mario Ripa, rescapé du convoi.
Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 15 novembre 1940 au 20 janvier 1941( D1u6-5851).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), APPo, site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; carton de la BS 1 (GB 51), affaire F.-Ripa-Varlet-Mercier-Millet-Durand (16) ; dossiers individuels du cabinet du préfet (1w0519), dossier commun d’Henri et Alfred Varlet (15706).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1272 (acte n° 31741/1942).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 10-12-2023)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.