André, Édmond, Dessaux naît le 30 juillet 1905 à Pavilly (Seine-Inférieure / Seine-Maritime [1]), fils de jean Dessaux et de Louise Cornu.
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 102, rue Félix à Colombes [2] (Seine / Hauts-de-Seine – 92). Il est marié, sans enfant. Il est possible qu’ensuite son épouse emménage au 5, rue Paul-Bert (à vérifier…).
Plusieurs années avant la guerre, il est embauché comme mouleur-noyauteur aux usines Gnôme et Rhône de Gennevilliers (92). Il y est délégué du personnel pour son syndicat.
Du bureau de recrutement de Rouen, il est mobilisé le 4 septembre 1939 et démobilisé le 10 août 1940.
Sous l’occupation, l’usine travaille sous le contrôle des autorités allemandes. L’encadrement de l’entreprise considère André Dessaux – qui s’efforcerait de regrouper les anciens membres du parti communiste employés dans l’usine – « comme un élément dangereux cherchant à toute occasion à dresser le personnel contre les agents de maîtrise et la direction ».
Le 10 décembre 1941, la brigade spéciale n°1 des Renseignements généraux vient l’arrêter à son domicile et le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif en application du décret du 18 novembre 1939 et de deux circulaires ministérielles d’octobre (P.N. 108 et 223 C.A.B.). Le 17 décembre, conformément à une circulaire du Ministère de l’Intérieur, le préfet envoie une copie d’un rapport de ses services concernant Marcel Bec au commandant allemand du département de la Seine (« von Gross-Paris »), à l’état-major d’administration militaire. Pendant un temps, André Dessaux est détenu au dépôt de la préfecture de police (Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, « quai de l’Horloge », île de la Cité).
Le 3 janvier 1942, il fait partie d’un groupe de 38 internés politiques (parmi eux, 16 futurs “45000”) et 12 “indésirables” (droit commun) extraits du dépôt et transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé (Vienne). Ils sont conduits en car, sous escorte, jusqu’à la gare d’Austerlitz où les attend un wagon de voyageurs réservé (10 compartiments ; départ 7h55 – arrivée 18h51).
Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, André Dessaux est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45468 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage connu ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté André Dessaux.
Il meurt à l’infirmerie (?) d’Auschwitz le 9 août 1942, selon le registre d’appel quotidien (Stärkebuch) et l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Déclaré “Mort pour la France“ (7-2-1949), il est homologué comme “Déporté politique“. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 29-04-1988).
Notes :
[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.
[2] Colombes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
Sources :
Son nom (orthographié « DESSAUT ») et son matricule figurent sur la Liste officielle n°3 des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne, éditée le 26 septembre 1946 par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre, page 60.
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 381 et 402.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2002), citant : lettre de Robert Guérineau, ancien résistant qui a effectué des recherches dans les registres d’état civil de la mairie de Colombes.
Serge Boucheny et Dominique Guyot, Gnome et Rhône 39-45, parcours de 67 salariés, Association d’Histoire Sociale CGT de la SNECMA, Paris 2018, pages 15 et 16.
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) : dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 684-22861).
Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 67.
Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 222 (19024/1942).
MÉMOIRE VIVE
(Dernière mise à jour, le 4-12-2023)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.