Auguste Dubois naît le 25 avril 1904 à Joeuf (Meurthe-et-Moselle – 54), fils d’Édouard Dubois et Amélie Humbert.
De 1924 à 1928 (durant quatre ans et demi), il fait son service armé dans la Légion étrangère.
Le 25 avril 1932 à Jœuf, Auguste Dubois se marie avec Hubertine Reynoders, née en 1897 à Lanakine (?).
Pendant un temps, il habite dans la Cité des Créances à Foulquemont (Moselle).
Au printemps 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, il est domicilié au 4, rue Gambetta à Homécourt (54).
Il est mineur de fer au puits du Fond de la Noue à Homécourt, société de la Marine.
Auguste Dubois est délégué des mineurs de 1936 à 1940. Selon une liste manuscrite de quarante-quatre internés établie ultérieurement par le chef du centre de séjour surveillé d’Écrouves, Auguste Dubois “démissionne” de la Fédération du sous-sol, dont il est secrétaire, en avril 1938.
Dans la nuit du 4 au 5 février 1942, un groupe de résistance communiste mène une action de sabotage contre le transformateur électrique de l’usine sidérurgique d’Auboué qui alimente également dix-sept mines de fer du Pays de Briey. Visant une des sources d’acier de l’industrie de guerre allemande (Hitler lui-même s’en préoccupe), l’opération déclenche dans le département plusieurs vagues d’arrestations pour enquête et représailles qui concerneront des dizaines de futurs “45000”.
Auguste Dubois est arrêté comme otage par la Feldgendarmerie dans la « rafle effectuée dans la nuit du 19 au 20 » février (rapport du préfet de la région de Nancy).
Le 23 février, il fait partie d’un groupe de vingt-cinq otages transférés par la police allemande au centre de séjour surveillé d’Écrouves, près de Toul (54), en attente « d’être dirigés sur un autre camp sous contrôle allemand en France ou en Allemagne » ; ils y rejoignent quatorze autres otages arrivés la veille.
Et, effectivement, le 5 mars, Auguste Dubois est parmi les trente-neuf détenus transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Dans un message qu’il jette du train, Arsène Dautréaux indique que Dubois est dans le train, mais dans un autre wagon que lui.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Auguste Dubois est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45488 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Auguste Dubois.
Il meurt à Auschwitz le 25 septembre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Son nom est inscrit sur le Monument aux morts d’Homécourt.
Des treize déportés “45000” de la commune, seul Jacques Jung est revenu.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 368 et 402.
Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
Raymond Falsetti, amicale des familles de déportés d’Homécourt (exposition et dossier).
Association Mémoire du Pays de l’Orne, bulletin Pagus Orniensis n°10, page 26.
Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy : (W1304/23 et WM 312) ; fiches du centre de séjour surveillé d’Écrouves (ordre 927 W) ; recherches de Daniel et Jean-Marie Dusselier.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 242 (33088/1942).
Site Mémorial GenWeb, relevé de Philippe Dezerville (01-2005).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 8-02-2024)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.