Karolina KONEFAL – 31707

Karolina KONEFAL – 31707
Dans le récit de Charlotte Delbo, Karolina KONEFAL est associée à Anna NIZINSKA.
Karolina était née le 25 octobre 1920 à Varsovie.
Des polonaises à Romainville
Toutes deux arrivent de Pologne. On ne sait par quel chemin. Elles ne parlaient pas un mot de français, habillées en paysannes.
Pourquoi ont-elles été écrouées au fort de Romainville le 2 octobre 1942 ? On suppose – mais ce n’est vraiment que conjecture – qu’elles voulaient rejoindre à Paris des compatriotes, qu’elles avaient une adresse, et que cette adresse correspondait à celle de quelqu’un du réseau Monika.
Elles sont entrées au fort le même jour que Félicia Rostkowska et Eugénie Korzeniowska.
Auschwitz
Karolina a été jetée par un SS dans le ruisseau où elle voulait prendre de l’eau pour boire. Rouée de coups, trempée (c’était en mars 1943 et il faisait froid), elle est morte quelques jours plus tard.
Sources :
 Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), page 156.

Anna JACQUAT, née Karpen – 31827

Anna Karpen naît le 24 mai 1894 à Gilsdorfberg, commune de Bettendorf (grand-duché de Luxembourg), dans une famille de sept enfants, fille de Nicolas Karpen, ouvrier dans une briqueterie du pays, et de Maria Adam (?), son épouse.

En 1914, l’invasion allemande disperse la famille. Anna vient en France, à Paris, et travaille dans un restaurant d’Argenteuil.

Le 11 septembre 1919, à Charleville [1] (Ardennes), elle se marie avec Victor Charles Jacquat, né le 27 mars 1892 à Bidestroff (Moselle, alors Lorraine occupée), garçon de café domicilié place de la Gare. Ils ont deux enfants : Jean, né en 1925, et Denise, née en 1928, tous deux à Charleville.

La Résistance

En 1942, Anna Jacquat fait partie de la chaîne organisée par Paul Royaux [2] (v. Fuglesang) et pourvoit surtout au ravitaillement des prisonniers évadés, ce que son commerce lui permet de faire sans être repérée : son mari et elle tiennent un café-restaurant situé place de la Gare, à Charleville, « La Petite Vitesse ».

L’arrestation

Le 28 octobre 1942, la Gestapo convoque Victor Jacquat et l’arrête.

Le 30 octobre, Anna est arrêtée à son tour. Sans doute parce que les interrogatoires permettent d’établir qu’elle seule fait partie de l’organisation, son mari est relâché le 3 novembre.

Le 10 novembre, les femmes arrêtées dans cette affaire sont conduites à la Maison d’arrêt de Saint-Quentin (Aisne) [3].

Le 19 décembre, Anna Jacquat et Marcelle Fuglesang sont transférées au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas (Seine / Seine-Saint-Denis), première infrastructure du Frontstalag 122.

Anna Jacquat y est enregistrée sous le matricule n° 1334.

Le 22 janvier 1943, cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquant « 22.1 Nach Compiègne uberstellt » : « transférée à Compiègne le [...]

Marguerite LERMITE, née Joubert – 31835

Collection André Lermite. Droits réservés.
« Marguerite, de Nantes… c’est tout ce que nous savions d’elle » (Ch. Delbo).
Marguerite Joubert nait le 25 février 1910 à Vallet, Loire-Atlantique [1], fille de Pierre Joubert, 34 ans, ouvrier-maçon puis employé d’assurance, et de Marguerite Potier, 24 ans, son épouse. Elle a deux frères : Pierre, né en 1905, et Emmanuel, né en 1913.
À douze ans, elle entre à l’École Primaire Supérieure de Nantes, pour devenir institutrice. Dans la même période, elle se découvre « souverainement libre grâce à (sa) faculté d’écrire », essentiellement de la poésie.
Elle fait ses études d’institutrice à l’école normale de Nantes, de 1926 à 1929, études interrompues par un séjour au sanatorium de Sainte-Feyre, entre 1927 et 1929.
En octobre 1930, Marguerite est envoyé sur un poste isolé à la campagne. Cette solitude lui convient, lui permettant de mener réflexion et correspondance.
Cependant, sa santé reste fragile : sujette à des bronchites chroniques, elle doit s’arrêter de travailler en 1932-1933.
Une fois enseignante, Marguerite Joubert adhère au Syndicat National des Instituteurs où elle rencontre André Lermite et Alphonse Braud, deux instituteurs militants originaires de Chantenay. Ils rejoignent tous les trois le Groupe des jeunes, une tendance syndicale minoritaire proche du parti communiste qui milite pour que le syndicat des instituteurs, affilié à la CGT, se rapproche des syndicats enseignants de l’autre grande confédération syndicale, la CGTU. Mais les oppositions sont fortes et la plupart des membres du Groupe des jeunes sont exclus de leur syndicat au début de 1935. Pourtant la montée du fascisme en France et en Europe pousse les militants à s’unir. Les syndicats enseignants opposés fusionnent à la fin de 1935, quelques mois avant la CGT et la CGTU. Les exclus retrouvent leur [...]

Marguerite RICHIER, née Cardinet – (31840 ?)

IDENTIFICATION INCERTAINE…C’est de manière hypothétique et déductive qu’est donné à voir le portrait de cette détenue, photographiée à Auschwitz-I le 3 février 1943, et que personne n’a identifiée. Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.
Marguerite, Jeanne, Cardinet naît le 16 octobre 1879 à Paris 5e, chez ses parents, Gabriel Cardinet, 45 ans, teinturier puis logeur, et Mélie Gaudron, son épouse, 39 ans, domiciliés au 1, rue du Fouarre, près du chevet de l’église Saint-Julien-le-Pauvre. Marguerite a – au moins – un frère plus âgé : Alfred, né le 9 avril 1878 à Paris 5e.
Paris 5e. La rue Lagrange, vers la Seine. La courte rue du Fouarre commence derrière le photographe, à gauche. Carte postale oblitérée en 1909. Coll. Mémoire Vive.Paris 5e. Chevet de l’église Saint-Julien-le-Pauvre, vouée au culte orthodoxe grec. Carte postale des années 1900. Coll. Mémoire Vive.
Marguerite Cardinet passe ses premières années dans le quartier latin.
Lorsqu’elle a six ans, ses parents décident de regagner le pays de la famille du père, Lahaymeix, petit village situé à 40 km au sud de Verdun (Meuse – 55), où ils s’installent comme épiciers. Marguerite y va à l’école communale. Son père y décède en mars 1890, mais sa mère conserve le commerce.
Le 29 août 1900 à Lahaymeix, Marguerite Cardinet se marie avec Victor, Aimé, Richier, né le 1er 1863 à Lamorville (55), instituteur public, veuf de 37 ans. Ils auront sept enfants, dont Lucien, né en 1906, André, né le 10 août 1909, Odette, née le 18 août 1911, et Armande, née le 16 novembre 1916, tous nés à Lahaymeix et encore vivants en 1942. En 1926, ils habitent une maison située rue Bellevue, mais ne s’y trouvent plus [...]

Marguerite, Joséphine HOUDART – 31630

Marguerite, Joséphine HOUDART, née Hudelaine

Marguerite, Joséphine HOUDART, née Hudelaine, vient au monde le 3 avril 1904 à Verdun dans une famille de trois enfants, elle a été confiée très jeune à une tante qui l’a élevée à Draveil, Seine-et-Oise.
Elle apprend le métier de papetière et épouse en 1930, à Paris, Robert Houdart, imprimeur, qui exploite une petite imprimerie, impasse Saint-Sébastien, dans le XIe arrondissement.
Sous l’occupation le couple est amené à revendre du papier à des inconnus discrets.
L’arrestation
Marguerite Houdart et son mari sont arrêtés chez eux, le jeudi 18 juin 1942, tôt le matin, par les inspecteurs des brigades spéciales qui apposent les scellés sur l’appartement et l’atelier.
La police a pris en filature les acheteurs de papier : des communistes qui alimentaient les imprimeries clandestines.
Le couple rejoint au dépôt les imprimeurs arrêtés ce jour-là.
Marguerite Houdard née Hudelaine à la Préfecture de Police
Marguerite Houdart est transférée à Romainville le 10 août 1942.
Robert Houdart est fusillé au Mont-Valérien le 11 août 1942. Il avait trente-sept ans.
Auschwitz
Elle est morte vers le 10 mai 1943 (selon le Livre des Morts d’Auschwitz, le 30 avril).
La fille, qui avait quatorze ans en 1942, n’a appris la mort de sa mère qu’au retour des rescapées.
Dans le livre de Charlotte Delbo, son numéro n’avait pas été identifié.
Sources :
 Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), page 147.

Yvonne SOUCHAUD, née Houdayer – 31791

Auschwitz-I, le 3 février 1943Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.
Yvonne Souchaud travaille et vit avec son père, Clément Houdayer, établi comme tailleur pour hommes. Depuis longtemps, elle est séparée de son mari. Le père et la fille sont des militants communistes avant guerre.
La Résistance
En 1942, le père et la fille sont au Front national, ils distribuent des tracts que tirait Élisabeth Le Port. Ils sont arrêtés peu après celle-ci.
Le 7 novembre 1942, le père et la fille sont transférés de la prison de Tours au fort de Romainville. Clément Houdayer, très malade, est hospitalisé au Val-de-Grâce où il meurt.
Auschwitz
Portail du secteur B-Ia du sous-camp de Birkenau (Auschwitz-II) par lequel sont passés les “31000” (accès depuis la rampe de la gare de marchandises et le “camp-souche” d’Auschwitz-I…). © Gilbert Lazaroo, février 2005.
Yvonne Souchaud meurt à Birkenau en mars 1943 de la dysenterie. D’après Hélène Fournier, elle n’a pu tenir jusqu’à cette date.
Les rescapées n’ont pu retrouver aucun membre de sa famille à leur retour en 1945.
Sources :
 Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), pages 271-272

Jeanne HERVÉ – 31768

Jeanne HERVÉ – 31768
Jeanne HERVÉ est née le 11 juin 1900 au Merzer, Côtes-du-Nord (Côtes d’Armor, 22), elle était la dernière d’une famille de six enfants. Le père meurt en 1905, la mère cinq ans plus tard. Jeanne est recueillie par une tante.
À dix-huit ans, elle quitte Guingamp pour Paris. Elle fait tous les métiers.
En octobre 1942, elle est arrêtée pour avoir faussement dénoncé des voisins.
La police la remet à la Gestapo.
Jeanne Hervé a été emprisonnée au fort de Romainville le 30 octobre 1942.
Auschwitz
Jeanne Hervé est morte vers le 15 février 1943 (selon le Livre des Morts d’Auschwitz, le 14 mars). Une néphrite aiguë l’a emportée en deux jours.
Sources :
 Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), page 146.

Jeannine, dite “Jeanne”, HERSCHTEL – (31… ?)

Yvonne Jeannine Herschtel naît le 5 novembre 1911, au domicile de ses parents, Isaac Herschtel, 28 ans, né à Odessa (Russie / Ukraine), courtier de commerce, et Andrée Mathilde Reinach, 23 ans, son épouse, une famille juive domiciliée au 39 rue Lafayette à Paris 9e. Lors de la présentation du nouveau-né à l’état civil, un des deux témoins est son grand-père (?), Adolphe Reinach, 59 ans, joaillier-expert près la cour d’appel.

Le 12 février 1919, sa mère décède au domicile familial, âgée de 31 ans ; Jeannine a 7 ans.

Ensuite, elle voyage avec son père qui, atteint de tuberculose, se soigne dans divers établissements en Suisse. À la mort de celui-ci, elle va en Angleterre terminer ses études dans un couvent.

En 1939, elle part pour les États-Unis où elle doit se marier. Mais le projet échoue : elle rentre en France à la veille de la guerre.

Sous l’occupation, munie d’un certificat de baptême, Jeannine Herschtel ne se déclare pas comme juive (et ne porte donc pas l’étoile jaune). Elle s’installe dans un studio du 16e arrondissement parisien où personne ne la connait. Les rescapés supposeront qu’elle a été dénoncée (mais probablement pas comme juive) et arrêtée au moment où elle s’apprêtait à partir. En effet, elle arrive au camp allemand du fort de Romainville le 21 janvier 1943, à la veille du départ – enregistrée sous le matricule n° 1448 – avec des bagages soigneusement faits, non pas ceux d’une personne qui a été surprise et emporte au dernier moment ce qui lui tombe sous la main.

Le 22 janvier 1943, cent premières femmes otages sont transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquent « 22,1 Nach Compiègne [...]

Marguerite CORRINGER, née Helleringer – 31657

Marguerite Corringer. Photo anthropométrique
prise le 17 mars 1942 au service de l’identité judiciaire.
© Archives de la Préfecture de Police (APP), Paris.
La jeunesse

Marguerite Helleringer naît le 15 juin 1902 à Paris 20e, chez ses parents, Michel Helleringer, 24 ans, lorrain d’origine, et Élisa Pïnck, son épouse, 23 ans, domiciliés au 9, rue des Haies. Son père travaille comme tôlier dans une entreprise de la rue Godefroy-Cavagnac, dans le 11e arrondissement.

Pour gagner sa vie, Marguerite exerce tous les métiers : femme de chambre dans un palace de l’avenue Montaigne, gérante d’un kiosque à journaux dans une gare de banlieue, vendeuse de billets de la loterie nationale…

Le 6 décembre 1919 à Paris 20e, elle se marie avec Nicolas Pinck (un cousin ?).

L’engagement politique

Le 26 mai 1928 à Paris 7e, Marguerite se marie avec Jean-Louis Corringer, né le 8 novembre 1906 à Robert-Espagne (Meuse), graveur sur métal ; il sera graveur sur acier à la fabrique-caroucherie Gaupillat, au 43 bis, rue de Vaugirard dans le bas Meudon.

Militant communiste à partir de 1934, celui-ci devient trésorier de la cellule du Centre à Vigneux-sur-Seine. Élu conseiller municipal en 1935 sur la liste présentée par le Parti communiste dans cette commune, il est désigné comme maire-adjoint. Ils habitent alors au 2, rue du Maréchal Ney.

La Résistance

Dès 1940, le couple participe à la lutte clandestine. Jean Corringer met son appartement parisien, au 54, rue Haxo, à Paris 20e, à la disposition du Parti communiste clandestin. De son côté, Raymond Ballet, employé du métro, lui prête sa chambre au 57 rue de la Jarry à Vincennes. Marguerite partage la vie de son mari, les risques encourus, tout en menant des tâches spécifiques : surveiller le collage des affiches ; se procurer de l’encre [...]

Adélaïde, dite « Heidi » HAUTVAL – 31802

Heidi Hautval médecin face aux crimes contre l’HumanitéAdélaïde, dite « Heidi », HAUTVAL est née le 1er janvier 1906 à Hohwald, Bas-Rhin, où son père est pasteur, dernière d’une famille de sept enfants.

Adélaïde fait son doctorat en médecine à Strasbourg puis a travaillé dans des instituts neuro-psychiatriques et dans des hôpitaux jusqu’à son arrestation.

L’arrestation

Adélaïde est arrêtée sur la ligne de démarcation en essayant de passer en zone sud, en avril 1942. Au moment de son arrestation en gare de Vierzon, elle est témoin d’Allemands maltraitant une famille juive.

D’origine alsacienne, elle intervient calmement en allemand : « mais laissez-les tranquilles ! » – les Allemands répliquent : « vous ne voyez pas que ce ne sont que des juifs ? » – « Et alors, ce sont des gens comme les autres, laissez-les ! »

Amie des juifs

Elle est arrêtée comme « amie des juifs » et incarcérée à Moulins.

On lui présente le marché suivant : « retirez ce que vous avez dit sur les juifs et vous serez libérée. »

Elle refuse ; « alors vous partagerez leur sort ! » Elle est envoyée à Pithiviers puis à Beaune-la-Rolande où elle exerce son métier de médecin.

Ce dernier camp vidé, Heidi Hautval est emmenée en novembre 1942 à la prison d’Orléans – on lui ôte étoile et banderole – puis de là transférée à Romainville où elle arrive le 17 novembre 1942.

Auschwitz

À l’arrivée à Birkenau, elle n’est pas tout de suite reconnue comme médecin. Elle est mise au block 14, pour la quarantaine d’arrivée, mais elle quitte ce block après cinq ou six jours pour devenir médecin du revier.

Elle est affectée au block 22, où sont soignées les détenues allemandes.

Le block 10 d’Auschwitz I

En avril 1943, elle est envoyée comme médecin au Block 10 du camp principal (Auschwitz). C’est le block des expériences : stérilisation des femmes par injection de [...]