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Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Céleste Serreau naît le 9 mars 1912 à Monthou-sur-Cher (Loir-et-Cher – 41), fils de Maurice Serreau et de Joséphine, née Barrault, son épouse. Il a trois sœurs, dont une née le 8 janvier 1919, et un frère, Romain.

À une date restant à préciser, Céleste Serreau se marie avec Andrée Vitel ; ils n’ont pas d’enfant.

Au moment de son arrestation, est domicilié rue Nationale [1] à Thésée (41), village voisin de Monthou, dans la région des cépages de Touraine.

Thésée : de gauche à adroite, la rue Nationale, la voie ferrée et le Cher.  Carte postale années 1950-1960. Collection Mémoire Vive.

Thésée : de gauche à adroite, la rue Nationale, la voie ferrée et le Cher.
Carte postale années 1950-1960. Collection Mémoire Vive.

Il est bourrelier (profession qu’il déclarera à Auschwitz : « Sattler »).

Après l’invasion allemande, le Cher matérialise la ligne de démarcation entre la zone Nord, occupée, et la zone Sud, dite “libre”.

Le 30 avril 1942, à Romorantin (41), cinq résistants communistes sont découverts par des soldats allemands alors qu’ils distribuent des tracts. Armés, ils ne se laissent pas arrêter et blessent les soldats dont un sous-officier qui succombe à ses blessures. Les mesures de représailles prévoient l’exécution immédiate de dix communistes, Juifs et de proches des auteurs présumés. Vingt autres personnes doivent être exécutées si au bout de huit jours les « malfaiteurs » ne sont pas arrêtés.

Des rafles sont opérées dans la ville et dans le département afin de pouvoir « transférer d’autres personnes vers l’Est, dans les camps de travaux forcés. »

Le lendemain, 1er mai, Céleste Serreau est arrêté comme otage avec d’autres habitants de Thésée (tel Camille Impérial, connu de la famille).

D’abord détenus à Orléans, ils sont transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp vu depuis le mirador central. Les “politiques français” étaient dans le secteur constitué par la ligne de bâtiments de gauche (“camp communiste”) Photo Hutin, Compiègne, carte postale. Droits réservés.

Le camp vu depuis le mirador central.
Les “politiques français” étaient dans le secteur constitué par la ligne de bâtiments de gauche (“camp communiste”)
Photo Hutin, Compiègne, carte postale. Droits réservés.

Entre fin avril et fin juin 1942, Céleste Serreau est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Comme la plupart de ses camarades, Céleste Serreau jette depuis le convoi un message qui parviendra à ses proches, indiquant qu’il part pour « une destination inconnue ».

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Céleste Serreau est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46101 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage actuellement connu ne permet de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Céleste Serreau.

Il meurt à Auschwitz le 17 octobre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS (Sterbebücher) qui indique « Freitod durch Erhängen » : suicide par pendaison [2]. Cette cause “non naturelle” est très probable, car on imagine mal pourquoi les SS l’auraient inventée… Mais fut-elle volontaire – par désespoir – ou organisée par des kapos comme représailles contre un détenu, ou pour se “débarrasser” de lui ?

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Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne.
Droits réservés.

Déclaré “Mort pour la France”, Céleste Serreau est homologué comme “Déporté politique”.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Thésée, situé dans le cimetière communal, sur une plaque mentionnant quatre déportés dont trois “45000” (avec Camille Impérial et Serge Marteau) [3].

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Le monument aux morts de Thésée.
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Derrière les médaillons de Poilus,
une plaque avec les quatre déportés de Thésée
(à droite).

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 19-10-2002).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 365 et 420.
- Cl. Cardon-Hamet, message à Dominique Mouteau, sa nièce (03-2005), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Archives départementales du Loir-et-Cher : fiche d’arrestation de Céleste Serreau, dossier 889 (1375 W 64) ; fichier alphabétique des déportés du CRSGM (56 J 5).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : XLIII-89 (télégramme non daté du Militärbefehlshaber in Frankreich (MbF), signé par Carl Heinrich vonStülpnagel.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 1 (Reports), page 226 ; tome 3, page 1106.
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Bureau d’information sur les prisonniers : acte de décès au camp de Céleste Serreau (36349/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 41-Thésée, relevé de Sandrine Fleur-Curtil (2005).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 16-12-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Rue Nationale : rue principale du village, D. 176.

[2] Suicide par pendaison : sur les 68 864 hommes et femmes dont la mort au camp a été enregistrée entre fin juillet 1941 et fin décembre 1943, 119 suicides ont été notifiés, par pendaison ou électrocution sur les barbelés de l’enceinte (Freitod durch Erhängen / durch elektrischen Strom).

[3] Le quatrième déporté de Thésée est Désiré Marteau, né à Amboise (Indre-et-Loire) le 27 décembre 1897, déporté dans le transport de 1583 hommes parti de Compiègne le 27 janvier 1944 et arrivé au KLBuchenwald le 29 janvier (mat. 44354), affecté à Dora, au Kommando d’Ellrich où il succombe le 28 janvier 1945. C’est le convoi de Jorge Semprun (Le Grand Voyage, Gallimard, Paris 1963), de David Rousset et de Paul Rassinier… André Sellier, Livre Mémorial de la FMD, I. 173, tome 2, pages 94-95, 137.