Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Charles Coutereau naît le 11 février 1908 à Coulommiers (Seine-et-Marne), chez ses parents, Victor Coutereau, 37 ans, équarrisseur puis manouvrier, et Joséphine Prétat, 37 ans manouvrière, son épouse, natifs de Nangis, alors domiciliés dans le quartier de la gare, au hameau de Vaux. Au recensement de 1911, la famille loge toujours à cette adresse et compte trois autres enfants plus âgés, tous nés à Nangis : Marie, 16 ans, typographe chez Brodard, Victor, 14 ans, ouvrier d’imprimerie chez le même employeur, et Roger, 10 ans. Le foyer héberge également un enfant de trois ans né à Paris, pris sans doute en nourrice.

Le 15 avril 1917, le frère aîné de Charles, Victor – incorporé le 11 janvier 1916 – alors soldat de 2e classe au 4e régiment d’infanterie, succombe à ses blessures à l’hôpital d’orientation et d’évacuation (HOE) de Prouilly (Marne), à la veille d’une attaque au bois des Boches à Juvincourt  (Aisne), lors de la bataille du Chemin des Dames, offensive organisée par le général Nivelle.

Le 26 février 1937 à Coulommiers, Charles Coutereau, alors employé municipal, épouse Marthe Mangin, née le 15 avril 1911 à Pont-à-March (Nord), employée des PTT (Postes, télégraphe et téléphone), elle-même fille unique d’Honoré Mangin, 54 ans, employé des Douanes prématurément retraité des suites de la guerre, et de Claire, son épouse, 46 ans, couturière à domicile.

Marthe et Charles Coutereau ont un fils, Jean, né le 24 juillet 1937 à Bagnolet.

Charles Coutereau est un militant communiste, comme son épouse. Lors des élections cantonales d’octobre 1937, le PCF le présente comme candidat au Conseil d’arrondissement dans la circonscription de Coulommiers.

En 1938, la famille emménage à Bagnolet [1] (Seine / Seine-Saint-Denis). Celle-ci s’est élargie aux parents de Marthe, tous habitant au 8, rue Girardot.

Toujours employé communal, Charles Coutereau est gardien du cimetière de Bagnolet.

En 1938, il est élu au secrétariat de la section du Parti communiste de Bagnolet. Selon la police, il est l’homme de confiance de la municipalité communiste. Il est également membre des Amis de l’URSS.

Le 28 janvier 1939, à la demande de la direction générale de la Sûreté nationale au ministère de l’intérieur, et après avoir consulté ses sous-préfets, le préfet de Seine-et-Marne transmet à celle-ci un long rapport sur « l’organisation et l’activité de chacun des partis extrémistes » de son département dans lequel sont répertoriées les cellules du parti communiste. Pour la région de Coulommiers, il indique : « Les cellules de ce secteur ne paraissent pas grouper, à l’heure actuelle, un nombre d’adhérents dépassant la cinquantaine. En dehors des membres du bureau […], le principal animateur du parti […] est le nommé Coutereau Charles, ancien secrétaire du rayon […], qui vient fréquemment à Coulommiers réchauffer le zèle des militants communistes dont il est le chef incontesté. »

Le 29 août suivant, Charles Coutereau est arrêté par des agents du commissariat de police de la circonscription des Lilas pour distribution de tracts subversifs et conduit au dépôt de la préfecture de police, à Paris. Il est condamné à six mois de prison et 300 francs d’amende (date et tribunal à vérifier)

Le 1er octobre 1939, en réponse à une directive du préfet de Seine-et-Marne, le commissaire de police de Coulommiers transmets à celui-ci une « liste des partisans communistes non-mobilisés qui font l’objet d’une surveillance particulière de la part de [son] service » sur laquelle est inscrit en tête « Coutereau Charles, rue Jean Bobé, détenu à la Santé ».

Libéré, puis mobilisé dans la période suivante, Charles Coutereau est blessé au combat le 14 juin 1940.

En mars précédent, suspectant son beau-père, Honoré Mangin, d’activité communiste, les services du commissariat de police de la circonscription des Lilas ont organisé une perquisition du domicile familial « qui n’a amené la découverte d’aucun document subversif ».

Sous l’Occupation, la police française considère Charles Coutereau comme un « communiste notoire, principal animateur de la propagande clandestine à Bagnolet », recrutant « des meneurs et distributeurs de tracts ».

Le 5 octobre 1940, le militant est appréhendé à son domicile par les services du commissariat des Lilas lors de la grande vague d’arrestations organisée dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise par les préfets du gouvernement de Pétain contre des hommes connus avant guerre pour être des responsables communistes (élus, cadres du PC et de la CGT) ; action menée avec l’accord de l’occupant. Charles Coutereau figure sur une liste annexe de vingt-et-un « syndicalistes et militants importants » devant être placés en internement administratif par application du décret du 18 novembre 1940. Après avoir été regroupés en différents lieux, 182 militants de la Seine sont conduits le jour-même au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé à cette occasion dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930. Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche.
Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Conçus à l’origine pour 150 malades, les locaux sont rapidement surpeuplés : en décembre 1940, on compte 524 présents, 600 en janvier 1941, et jusqu’à 667 au début de juin.

Après l’arrestation de Charles Coutereau, son épouse et les parents de celle-ci – Honoré et Claire Mangin – emménagent au 27, rue du Moulin de l’Épine, toujours à Bagnolet.

Le 23 mars 1941, Marthe Couterau est arrêtée pour avoir ouvert une souscription en faveur du Comité populaire d’entraide des femmes de Bagnolet (à vérifier…).

Le lendemain, 24 mars, un groupement de ménagères se présente devant la mairie de Bagnolet pour réclamer des tickets de pain supplémentaires.

Bagnolet, la mairie et le marché. Carte postale voyagée en 1937. Collection Mémoire Vive.

Bagnolet, la mairie et le marché. Carte postale voyagée en 1937. Collection Mémoire Vive.

La police française, qui soupçonne Honoré Mangin d’être l’un des animateurs de cette démonstration, l’arrête ainsi que son épouse pour « provocation à l’attroupement, détention et diffusion de tracts communistes ». Inculpés d’infraction au décret-loi du 29 septembre 1939, ils sont conduits le jour même au dépôt de la préfecture de police. Honoré Mangin est ensuite écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

Relaxé par la Justice le 8 avril, Honoré Mangin est libéré le lendemain, après avoir dû signer dans les locaux des Renseignements généraux, à la préfecture de police, un « engagement d’honneur de ne plus se livrer dans l’avenir à aucune activité communiste » ; de même, sans doute pour son épouse et sa fille…

Le 6 septembre suivant, Charles Coutereau est parmi les 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne), pour l’ouverture de celui-ci.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le 14 septembre, le commissaire de police des Lilas signale Claire Mangin comme « propagandiste acharnée et dangereuse ».

À partir de décembre, Honoré Mangin part en Mayenne pour se soigner. Sa fille et son épouse hébergent alors un « nommé Stein, recherché par les autorités d’occupation » (à vérifier…).

Le 9 février 1942, Charles Coutereau est dans le groupe de 52 « communistes » (dont 36 seront déportés avec lui) remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits par des Feldgendarmes à la gare de Poitiers. Enfermés dans deux wagons à bestiaux, ils sont transférés – via Paris – au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Un angle du camp de Royallieu vu depuis le mirador central dont l’ombre se profile sur le sol. Le renfoncement à droite dans la palissade correspond à l’entrée du Frontstalag 122.

Un angle du camp de Royallieu vu depuis le mirador central dont l’ombre se profile sur le sol.
Le renfoncement à droite dans la palissade correspond à l’entrée du Frontstalag 122.

Entre fin avril et fin juin 1942, Charles Coutereau est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Charles Coutereau est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46323 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Charles Coutereau.

Il meurt à Auschwitz le 12 novembre 1942, selon un relevé clandestin du registre de la morgue d’Auschwitz-I (Leichenhalle) réalisé par le groupe de résistance polonais des détenus.

Entre temps, Honoré Mangin était rentré de Mayenne vers la fin août ; en désaccord politique avec sa fille, il préparait son déménagement.

Le 24 septembre 1942, Marthe Coutereau et sa mère, Claire Mangin, qui habitent alors au 6, rue de Montreuil à Bagnolet (à vérifier…), ont été arrêtées par les services du commissariat des Lilas. Le lendemain, alors qu’Honoré Mangin s’y rendait pour apporter du ravitaillement à son épouse, il a été interpellé lui aussi. Tous trois – considérés comme suspects – ont été pris dans une mesure générale d’internements administratifs pris en application du décret du 18 novembre 1939. Le 20 octobre, les deux femmes ont été transférées au camp de La Lande, à Monts (Indre-et-Loire), tandis qu’Honoré Mangin a été dirigé sur celui de Pithiviers (Loiret). Le petit Jean, 4 ans, a d’abord été confié à l’Assistance publique avant d’être pris en charge par sa tante paternelle, Marie Pitois (sœur de Charles Coutereau), alors domiciliée avec son mari au 49, boulevard de Port-Royal (Paris 13e).

Le 10 décembre suivant, Honoré Mangin écrit au préfet du Loiret afin que celui-ci intervienne en faveur de sa libération, évoquant son séjour de deux mois en Mayenne « pour me rétablir à la suite des trois semaines de prévention que j’avais dû faire à la Santé en attendant mon acquittement et pour une agitation auquel ma fille était mêlée et pour laquelle je n’y pouvais et n’y étais absolument pour rien ».

Début 1943, Marthe Coutereau écrit au préfet d’Indre-et-Loire pour solliciter sa libération en raison de son mauvais état de santé, certificats médicaux à l’appui, les soins qui lui sont nécessaires ne pouvant lui être donnés au camp. À une date restant à préciser, elle est transférée au camp de Poitiers (Vienne).

Le 2 février, Claire Mangin (assignée à la baraque 21) écrit au préfet d’Indre-et-Loire pour solliciter sa libération en l’absence de justification à son internement et en raison de son âge (53 ans).

Le 18 février, le préfet du Loiret prend un arrêté ordonnant la libération d’Honoré Mangin, qui a récemment subit une opération chirurgicale. Celui-ci quitte le camp de Pithiviers deux jours plus tard. À peine rentré chez lui à Bagnolet, il écrit au préfet de police pour solliciter la libération de son épouse afin que celle-ci puisse le soigner, certificats médicaux à l’appui. Le 9 avril, les RG rendent un rapport selon lequel « d’après les derniers renseignements recueillis dans l’entourage des époux Mangin, la fille de ces derniers est surtout mise en cause. En effet, il apparaît que cette dernière […] a voulu faire adopter par ses parents ses convictions politiques. Les époux Mangin ont pu subir l’influence néfaste de leur fille, car le père ne cesse de déclarer dans son entourage que c’est son gendre et sa fille qui sont la cause de ses ennuis et que c’est pour échapper à leur emprise qu’il a changé de domicile. […] En tenant compte des nouveaux renseignements recueillis, il semble que la libération de Madame Mangin pourrait être envisagée sans inconvénient sous réserve que celle-ci prenne l’engagement d’honneur de ne se livrer à l’avenir à aucune activité politique illégale ».

Le 23 avril suivant, le préfet d’Indre-et-Loire prend l’arrêté ordonnant la libération de Claire Mangin.

Marthe Coutereau reste internée au camp de Poitiers jusqu’au 4 août 1944 (à vérifier ; le 5 septembre, la ville elle-même est investie sans combat par les maquisard des Forces Françaises de l’Intérieur après le retrait des troupes allemandes).

Après la guerre, elle habitera avec son fils au 56, rue Pierre-Curie à Bagnolet, étant affectée au bureau de poste du 7, rue Raoul-Berton dans cette commune.

En janvier 1955, le conseil municipal  de Bagnolet autorise la section locale de la FNDIRP à apposer une plaque commémorative au nom de Charles Coutereau sur l’immeuble où la famille habitait (au rond-point de la Paix ?). Une autre sera déposée au nouveau cimetière (63 avenue Raspail ?).

La mention « Mort en déportation » est apposée sur les actes d’état civil de Charles Coutereau (JORF du 7-08-2011).

Sources :

- Jean-Pierre Gast, Bagnolet 1939-1940, éd. Folies d’encre, août 2004, liste « Résistants déportés » page 284, liste « Résistants internés » page 292-293.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 384 et 400.
- Site Gallica, Bibliothèque Nationale de France, L’Humanité n° 14095 du mercredi 21 juillet 1937, page 6, “neuvième liste…”.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais : Cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; cartons “Parti communiste” (BA 2447) chemise “1939, liste des personnes arrêtées” ; dossier individuel des RG (77 W 1448-16061) ; dossier collectif – avec la famille Mangin – au cabinet du préfet (1 W 87 43091).
- Nadia Ténine-Michel, Le camp d’Aincourt (Seine-et-Oise), 5 octobre 1940 – 15 septembre 1942, article in Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), sous la direction de Jean-Pierre Rioux, Antoine Prost et Jean-Pierre Azéma, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, novembre 1987.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, fonctionnaires appartenant au PCF (SC51242).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt, dossier individuel (1W104) ; notes (SC51241).
- Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 29-04-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Bagnolet : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).