Claude, Joseph, César, Dromard, né le 31 octobre 1910 à Seloncourt (Doubs), domicilié à Courbevoie (Hauts-de-Seine), mort à Auschwitz-I à une date inconnue.
Claude, Joseph, César, Dromard naît le 31 octobre 1910 à Seloncourt (Doubs).
Le 12 août 1933, à la mairie de Boulogne-Billancourt [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92), il se marie avec Mireille Martin, née le 30 avril 1915 dans cette commune. Ils auront deux enfants.
Au moment de son arrestation, Claude Dromard est domicilié au 39, rue des Fauvelles à Courbevoie (92) [1].
Claude Dromard est tôlier (dans quelle entreprise ?).
Sous l’occupation, la police française le considère comme un « meneur communiste actif ».
Le 8 mars 1941, Claude Dromard est arrêté – avec Alexandre Lafargue, de La Garenne-Colombes (92) [1], 35 ans, serrurier – par les services du commissariat de police de la circonscription de Courbevoie pour avoir « pris une part active dans le développement de la propagande clandestine » (diffusion de tracts). La perquisition opérée à leurs domiciles respectifs amène la découverte d’environ 1500 tracts (probablement trouvé chez Lafargue). Inculpés d’infraction au décret du 26 septembre 1939, les deux hommes sont conduits au dépôt de la préfecture à la disposition du procureur de la République.
Le 3 avril, Claude Dromard bénéficie d’une main-levée. Mais il n’est pas libéré pour autant…
Dès le lendemain, 4 avril, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant l’internement administratif de Claude Dromard, en application du décret du 18 novembre 1939. Le 21 avril, Claude Dromard fait partie d’un groupe d’internés transférés du dépôt au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé en octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.
Le 25 août, la 12e chambre du tribunal correctionnel de la Seine condamne son camarade Alexandre Lafargue à six mois de prison. Celui-ci vient alors d’accomplir sa peine en détention préventive, mais n’est pas libéré : le lendemain, le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif au camp français de Châteaubriant (Loire-Inférieure). Affecté ensuite comme travailleur surveillé sur un chantier de l’organisation Todt en Charente-Maritime, il s’évadera du camp de La Rochelle le 11 mai 1944.
Le 6 septembre, Claude Dromard est parmi les 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne), pour l’ouverture de celui-ci.
Le 22 mai 1942, Claude Dromard fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduit au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Claude Dromard est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Claude Dromard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45484 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau – Claude Dromard est dans la moitié des membres du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Là, il est assigné au Block 4.On ignore la date exacte de sa mort à Auschwitz ; probablement avant la mi-mars 1943 [2].
Son nom ne figure pas dans la liste établie par la mairie de Courbevoie de ses habitants fusillés et déportés.
Après la guerre, sa veuve, infirmière, habite au 6, rue Henri-Barbusse à Clichy-la-Garenne [1].
Il est homologué comme “Déporté politique” (27/9/1961). La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 24-03-1989).
Notes :
[2] L’état civil français a fixé le décès de Claude Dromard au mois de décembre 1942 (acte de disparition 24/9/1947). Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – s’appuyant sur le ministère des Anciens combattants qui avait collecté le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. La parution au J.O. rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 382 et 402.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2005), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier national).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “Occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374), liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; cartons Parti communiste (BA 1928) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 667-19082) ; registre de main courante du commissariat de Courbevoie, du 6 avril 1940 au 31 mars 1942 (C B 85-16).
Mémorial de la Shoah, Paris : archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC), liste XLI-42, n° 71.
Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) : registre du Block 4.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 18-06-2019)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.