- En 1938…
© RATP/Archives définitives.
Edmond, Marie, Laurent, Delaume naît le 6 mai 1901 à Souvigny (Allier), chez ses parents, Gustave Delaume, trente ans, sabotier, et Louise Villechenon, son épouse, 31 ans, domiciliés rue de Queune.
Edmond Delaume obtient le certificat d’études primaires. Il exerce le métier d’électricien.
Appelé à effectuer son service militaire après l’armistice, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 4e régiment de tirailleurs le 5 avril 1921. Le 23 avril, il embarque pour la Tunisie. Le 10 septembre 1921, il est nommé caporal, mais cassé de son grade le 30 mars 1922. Le 1er mars 1923, il est de nouveau nommé caporal. Le 30 mai suivant, il est rapatrié et renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.
Il s’installe alors en région parisienne. En juillet, il demeure au 141, avenue Victor-Hugo à Gennevilliers (Seine / Hauts-de-Seine), puis il habitera rue du Goulet.
Le 9 juillet 1923, il entre à la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP [1]) comme receveur du tramway. Huit mois plus tard, il devient machiniste.
Le 15 janvier 1927 à Aubervilliers (93), il se marie avec Odette Villemin (le couple divorcera).
À partir du 15 février 1930 et jusqu’au moment de son arrestation, il est domicilié au 41, rue de Nantes à Paris 19e, du côté de l’avenue de Flandre.
Le lundi 11 juin 1934, il est muté du dépôt du Hainaut au dépôt de Flandre pour suivre la ligne d’autobus n° 50 (République-Aubervilliers).
le 27 octobre 1936 à Paris 19e, il épouse en secondes noces Marie Lallain. Ils ont un enfant.
Edmond Delaume adhère au Parti communiste en 1939, devenant porte-drapeau de la section de son dépôt.
Le 2 septembre 1939, il est mobilisé et affecté au 5e régiment d’infanterie coloniale (R.I.C.), dépôt n° 59. Il est blessé le 12 juin 1940 – lors de la défense de Souain (Marne), combat d’infanterie et de chars ? – et évacué en Angleterre. Rapatrié sur sa demande en octobre, il n’est renvoyé dans ses foyers que le 26 décembre.
Selon la police, Edmond Delaume poursuit son activité militante dans la clandestinité, distribuant notamment des tracts à l’intérieur du dépôt Flandre, mais sans pouvoir être pris en flagrant délit et sans que le fait soit connu de son encadrement.
Le 11 juillet 1941, Edmond Delaume est arrêté par des agents du commissariat de circonscription d’Aubervilliers comme « meneur particulièrement actif », et conduit le lendemain à la caserne désaffectée des Tourelles, boulevard Mortier, Paris 20e, “centre surveillé” dépendant de la préfecture de police de Paris. Le préfet a signé un arrêté collectif d’internement administratif, en application du décret du 18 novembre 1939, comprenant treize noms, dont ceux d’Edmond Delaume et Victor Jardin.
La direction de la STCRP le révoque à partir de cette date.
Dix mois plus tard, le 5 mai 1942, Edmond Delaume fait partie des 24 internés des Tourelles, pour la plupart anciens Brigadistes, que viennent « prendre des gendarmes allemands » afin de les conduire au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Edmond Delaume est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Edmond Delaume est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45438, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – la moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a été affecté Edmond Delaume.
Il meurt à Auschwitz le 6 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [2].
Déclaré “Mort pour la France”, il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 10-03-1988).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 373 et 401.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central) – Mairie du 19e (acte de décès) – Liste partielle du convoi établie par le Musée d’Auschwitz.
Archives départementales de l’Allier, site internet du Conseil départemental, archives en ligne : registres des matricules du recrutement militaire, bureau de Moulins, classe 1921, matricules de 500 à 1000 (1R943), n° 570 (vues 86-87/622).
Archives de la RATP, Paris : dossier individuel.
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais ; carton occupation allemande – Les Tourelles… (BA 1836) ; dossiers individuels du cabinet du préfet, dossier d’Edmond Delaume (1w0707-25980).
Jean-Marie Dubois, Malka Marcovich, Les bus de la honte, éditions Tallandier, 2016, pages 144, 145, 146 et 189.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 218 (34508/1942).
Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, délégation de l’Allier (AFMD-03), site internet.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 12-03-2017)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
[1] STCRP-CMP-RATP : Le 1er janvier 1942, le Conseil des Transports Parisiens, émanation du gouvernement de Vichy, impose la gestion par la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) du réseau de surface – les bus – précédemment exploité par la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP), fusion de fait d’entreprises privées qui prélude la gestion des transports parisiens par un exploitant unique.
La loi du 21 mars 1948 crée l’Office Régional des Transports Parisiens, nouvelle autorité de tutelle du réseau, et la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP), établissement public à caractère industriel et commercial, qui se voit chargée de l’exploitation des réseaux de transport publics souterrains et de surface de Paris et de sa banlieue. (source Wikipedia)
[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France :
Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.
Concernant Edmond Delaume, c’est le 1er janvier 1943 qui a été retenu pour certifier son décès (18-10-1948).
Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.