François, René, Jean, Pelletan naît le 7 juillet 1911 à Pauillac (Gironde – 33), fils de Jean Pelletan, 26 ans, sans profession (?), et de Marie Louise (Lucienne) Hervé, 20 ans, alors domiciliés au lieu dit Mousset.
En décembre 1912, la famille est installée à Périssac (33).
En août 1914, rappelé à l’activité militaire par le décret de mobilisation générale, le père est considéré comme mobilisé à son emploi du temps de paix : cantonnier à la Compagnie des chemins de fer de l’État.
En 1915, un autre enfant, Marc ou May ou Marie, naît dans ce village. Au premier trimestre 1921, la famille habite au lieu dit Frouin, toujours à Périssac.
En octobre 1925, à 14 ans, François Pelletan entre comme apprenti aux chemins de fer de l’État, réseau qui fusionnera avec différentes compagnies privées au sein de la SNCF début 1938 [1]. Trois ans plus tard, il est ajusteur, confirmé l’année suivante.
Il s’engage volontairement dans la Marine pour quatre ans.
Le 31 mai 1934, il reprend son emploi d’ajusteur-mécanicien à l’atelier des Quatre-Mares à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure / Seine-Maritime [1] – 76).
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 35, rue du Pré (de la Bataille ?), à Rouen (76).
Il est marié avec Solange (Huguette) Foucault.
Le 17 septembre 1941, une distribution de tracts communistes est effectuée dans les ateliers SNCF des Quatre-Mares, sur le territoire de Saint-Étienne-du-Rouvray. Le commissaire de police de la circonscription de Sotteville n’en découvre pas immédiatement les auteurs. Cependant, il est invité par les autorités allemandes à assister à l’interrogatoire de plusieurs « suspects » arrêtés entre le 21 et le 27 octobre et détenus à la caserne Hatry de Rouen.
Entre fin avril et fin juin 1942, François Pelletan est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, François Pelletan est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45959 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; François Pelletant se déclare comme mécanicien (Mechaniker). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, François Pelletan est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Pendant un temps, il est assigné au Block 4.
François Pelletan meurt à Auschwitz le 1er septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique « bronchopneumonie » pour cause certainement mensongère de sa mort.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 27-08-1996).
Son nom est inscrit sur le monument aux morts SNCF de l’atelier des Quatre-Mares à Sotteville-lès-Rouen.
Notes :
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 377 et 416.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Haute-Normandie (2000), citant : Liste établie par Louis Eudier (45523), 2/1973 – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, page 1144
Base de données des archives historiques SNCF ; service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (0110LM0108).
Site du Groupe Archives Quatre-Mares (GAQM).
Archives départementales de la Gironde, site internet, archives en ligne : état civil, registre des naissance de Pauillac 1911 (4 E 19921), acte n° 48 (vue 25/52).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 916 (26653/1942).
Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : copies de pages du Sterbebücher provenant du Musée d’Auschwitz et transmises au ministères des ACVG par le Service international de recherches à Arolsen à partir du 14 février 1967, carton de L à R (26 p 842), acte n° 26653/1942.
Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, page 1144.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 24-12-2020)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.