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En 1930.
Collection Colette Pestel. Droits réservés.

Gabriel, Maurice, Royer naît le 27 juillet 1901 à Esternay (Marne – 51), chez sa grand-mère maternelle Louise Marion, fils de Henri Royer, 26 ans, facteur rural, et d’Ernestine, née Marion, 17 ans, domiciliés à Reims. Les témoins pour l’inscription du nouveau-né à l’état civil sont un porcelainier et un vannier.

Vivant encore chez ses parents, alors domiciliés au 91, rue Favart-d’Herbigny à Reims, Gabriel Royer commence à travailler comme facteur intérimaire aux PTT.

Le 5 avril 1921, il est incorporé au 5e régiment de dragons afin d’y effectuer son service militaire. Dès le 10 avril, il est envoyé participer à l’occupation des « territoires rhénans », mais est rapatrié le 21 octobre suivant. Cinq jours plus tard, la commission de réforme de Metz le réforme temporairement pour « dacryocistite de l’enfance » (inflammation du sac lacrymal), réforme qui sera renouvelée. Il retourne chez ses parents.

Le 13 octobre 1923 à Reims, il se marie avec Gilberte P., 25 ans. À la fin de cette année, ils habitent au 39, rue Dorigny à Reims.

En février 1926 et jusqu’au début des années 1930, le couple est domicilié au 40 bis, rue Jacquart à Reims (51). Gabriel Royer est alors employé de bureau aux Établissements Économiques. Il obtient le permis de conduire les automobiles.

Dans les années 1930, Gabriel Royer est domicilié au 40 bis, rue Jacquart à Reims (51). Il y obtient le permis de conduire les automobiles.

En août 1934, Gabriel Royer est venu s’installer en région parisienne, habitant un logement dans la cité d’habitations à bon marché (HBM) du 9, rue Paul-Bert à Colombes [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92).

Fin novembre 1935 / début 1936, il vit au 3, rue Guillot à Colombes, avec Geneviève, Marguerite, Vermeersch, née le 29 juin 1913 à Paris 14e, et divorcée en mai 1934 d’un précédent mariage, et ses deux enfants : Gabriel, dit Gaby, né le 28 août 1933, et Colette, née le 21 mars 1935 à Colombes (après ce divorce), qui portent le patronyme du premier mari de Geneviève.

À partir de novembre 1936, Gabriel Royer travaille comme tireur-soudeur à l’usine de la Société Industrielle du Matériel inoxydable (S.I.M.I.), 49, rue de l’Espérance prolongée, à Gennevilliers [1] (92), et dont le siège est à Versailles (Seine-et-Oise / Yvelines).

Le 2 juin 1937, un tribunal civil prononce le divorce de Gabriel Royer d’avec sa première épouse ; il est prévu qu’il reconnaisse Colette…

À partir de mai 1938 et jusqu’au moment de son arrestation, la famille recomposée est domiciliée dans un pavillon au 19, rue des Avants à Colombes [1] (92).

Le 31 octobre 1939 à Esternay, Gabriel Royer se marie avec Geneviève Vermeersch.

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Gabriel et Geneviève.
Collection Colette Pessel. Droits réservés.
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Gabriel Royer et ses enfants : Colette et Gabriel.
Collection Colette Pessel. Droits réservés.

Membre de son syndicat professionnel, la police ne lui connaît aucune activité particulière. En 1938, il adhère au Parti communiste, mais reste discret sur ses opinions dans son entreprise.

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Geneviève Royer avec Gabriel et Colette.
Collection Colette Pessel. Droits réservés.

Le 2 septembre 1939, Gabriel Royer est « rappelé » à l’activité militaire et affecté au 3e escadron du dépôt de cavalerie n° 26. Mais, le 29 octobre, il est classé affecté spécial au titre de la Société Industrielle des matières inoxydables, 38 bis, avenue de la République à Paris produisant pour la Défense nationale. Il est alors renvoyé dans ses foyers à Colombes.

Sous l’occupation, il poursuit son activité militante dans la clandestinité. Selon la police, il regroupe d’ex-militants du quartier de Saint-Denis à Colombes qui diffusent des tracts sous sa direction. Vers la mi-janvier 1941, ils tiennent une réunion d’organisation à son domicile.

Dans la soirée du 8 février 1941, trois gendarmes de la brigade de Colombes exerçant une surveillance près du long viaduc ferroviaire de la ligne de Paris-Saint-Lazare à Ermont-Eaubonne, qui longe en surplomb l’avenue Ménelotte, remarquent trois hommes arrivés de la rue du progrès pour s’arrêter près d’un pilier de ce viaduc. Ayant aperçu les gendarmes, ceux-ci s’esquivent vers l’avenue Gambetta. Puis ils sont repérés de nouveau en revenant au viaduc à partir de la rue Saint-Hilaire. Quand les gendarmes s’apprêtent à les interpeller, deux d’entre eux s’enfuient. Le troisième est appréhendé : Émile Vallée, maçon de 35 ans, qui est alors escorté à la brigade pour vérification d’identité et d’adresse. « Fouillé, il a été trouvé en possession de deux oriflammes de couleur rouge portant au milieu, en jaune, une faucille et un marteau. Ramené aussitôt près du pilier du viaduc où il avait été vu la première fois, nous avons constaté qu’un tract venait d’y être apposé, et cet individu a reconnu que c’était lui-même qui l’avait collé, aidé de ses deux camarades. À proximité, nous avons retrouvé un pot de colle ainsi que des tracts épars sur la chaussée. Sur notre invitation, il nous a conduit aux endroits où d’autres tracts venaient d’être apposés, notamment rue du Progrès, avenue d’Argenteuil, boulevard Marceau, avenue Ménelotte, etc. » Plus de trente affichettes n’ayant pu être décollées sont lacérées par les gendarmes. Ces tracts et “placards” portent plus de dix textes différents, un des imprimés caricaturant Pétain défilant devant une “Galerie des ancêtres” avec un petit cheval de bois. Interrogé à la brigade, le militant déclare : « [Delauffre] s’est présenté chez moi et m’a demandé de l’accompagner pour coller des affiches du parti communiste. Le même jour, vers 21 heures, en compagnie de Delauffre et d’un autre individu que je ne connais pas, nous nous sommes retrouvés boulevard Marceau à Colombes et nous avons commencé le collage des affiches. Delauffre portait les affiches, l’inconnu le pinceau, et moi le pot de colle. »

Donnant immédiatement suite à cette déclaration, les gendarmes se rendent, dans la nuit, à 3 heures 30, au domicile de Modeste Delauffre, caoutchoutier de 36 ans, ex-militant de la cellule des Champarons à Colombes, et commencent par l’interroger. Celui-ci nie toute participation au collage nocturne, son alibi étant la présence chez lui de Louis Cocu, venu jouer aux cartes dans la soirée avec lui est son épouse. Confrontés (dans les locaux de la brigade ?), Émile V. et Delauffre maintiennent leurs versions respectives des faits. Les gendarmes mettent Modeste Delauffre en état d’arrestation afin de le conduire au procureur de la République, cependant, ils remettent leur suspect au commissaire de police de la circonscription de Colombes. Une perquisition opérée par les policiers au domicile de celui-ci amènera la découverte de matériel d’imprimerie, de tampons humide et de papier pour tracts.

Également conduit au commissariat, Émile V. y est de nouveau interrogé, avec une grande brutalité, par cinq policiers, dont deux inspecteurs de la brigade spéciale anticommuniste des Renseignements généraux qui se sont déplacés spécialement.

Ce 9 février, Adolphe Guyot, plombier de 31 ans, militant connu et déjà arrêté deux fois, est également appréhendé, puis longuement et brutalement interrogé au commissariat de Colombes. Par la suite, pour procéder aux divers interrogatoires et confrontations, plusieurs personnes sont détenues au commissariat pendant quelques jours ; en plus des menaces et des coups, la privation de nourriture fait partie des techniques utilisées pour briser les volontés. Alors que d’autres inculpés « passent aux aveux » et donnent le schéma de leur organisation, Adolphe Guyot, qui semble être leur responsable, persiste à nier, même lors des confrontations. Parmi les suspects arrêtés, Marc Maximilien Valette, manœuvre de 32 ans, sera libéré en juin, mais décèdera chez lui le 5 septembre suivant : il serait mort fou à la suite des coups reçus… Marcel Conrad, tôlier de 21 ans, qui refuse de parler, est relaxé au bout de deux jours de garde à vue, mais il a deux incisives brisées et subira une opération du tympan, avec une incapacité de travail de trois mois.

Le 10 février 1941, Gabriel Royer est arrêté par des agents du commissariat de police de la circonscription de Colombes « en flagrant délit d’apposition d’affiches et de placards communistes » sur les murs des maisons de la localité, en même temps que son épouse et d’autres individus qui en faisaient autant à Colombes, Courbevoie et Bois-Colombes. La perquisition effectuée à son domicile amène la découverte dans son grenier d’une « étoffe rouge semblable à celle ayant servi à confectionner des oriflammes trouvés accrochés aux fils électriques de la rue de Colombes à Asnières dans la nuit du 9 au 10 février », veille de son arrestation. Geneviève Royer, également conduite au commissariat de Colombes, y constate que son mari porte des traces de coups sur la figure. Lui demandant ce qui lui était arrivé, celui-ci lui dit avoir été frappé au cours de son interrogatoire.

Avec dix-huit membres du même réseau, ils sont d’abord écroués au dépôt de la préfecture de police de Paris (Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité), à la disposition du procureur.

En tout, trente-trois personnes sont inculpées d’infraction au décret-loi du 26-9-1939, dont son épouse et Raoul Bertrand (et Gino Foscardi ?). Treize d’entre elles semblent bénéficier d’un non-lieu au cours de l’instruction, dont son épouse et Raoul Bertrand.

Gabriel Royer est conduit à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

Le 4 juin 1941, les prévenus non-libérés comparaissent devant la 12e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine qui condamne Gabriel Royer à dix-huit mois d’emprisonnement.

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée.
(montage photographique)

Avec d’autres condamnés, celui-ci se pourvoit en appel auprès du procureur de la République.

Gabriel Royer est écroué à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne), où il commence à purger sa peine dans le secteur “correction hommes”.

Le 21 août 1941, Pierre Georges (futur colonel Fabien), jeune dirigeant de l’Organisation spéciale, tue l’aspirant de la Kriegsmarine Moser sur le quai de la station Barbès-Rochechouart du métro parisien, première action armée de la résistance communiste. En représailles, Hitler exige l’exécution par la France de six otages avant la fin de la semaine suivante. Pierre Pucheu, ministre de l’Intérieur, et Joseph Barthélemy, ministre de la Justice, mettent en urgence la dernière main au projet d’une nouvelle juridiction d’exception réprimant « l’activité communiste et anarchiste » : les Sections spéciales, siégeant auprès des Cours d’appel pouvant prononcer des peines de mort avec procédure juridique accélérée et application rétroactive, sans recours ni pourvoi. La loi est promulguée par Vichy le 22 août 1941, mais antidatée au 14 août afin d’établir un lien avec la manifestation communiste parisienne de la veille.

Après examen de nombreux dossiers de militants communistes emprisonnés par les autorités françaises et déjà condamnés, les juges retiennent six noms pouvant donner lieu à des condamnations à mort : Émile Bastard, André Bréchet, Adolphe Guyot, Lucien Sampaix, Abraham Trzebrucki et Jacques Woog. Le 27 août, quatre militants sont jugés en quelques minutes. Trois d’entre eux, Bastard, Bréchet et Trzebrucki, sont condamnés à mort, et seront guillotinés dans la cour de la prison de la Santé le lendemain. Mais, craignant que l’exécution de Lucien Sampaix, ex-secrétaire général et journaliste de L’Humanité – d’une toute autre notoriété – ne leur attire un jour de sérieux ennuis, la majorité des juges le condamne seulement aux travaux forcés à perpétuité. Un verdict “mitigé” qui ne satisfait guère les autorités d’occupation…

Le 7 septembre 1941, sous la signature de Pétain, chef de l’État français, le gouvernement de Vichy promulgue un décret instituant, « à titre temporaire », un tribunal d’État et dont l’article 2 stipule : « Le Conseil des ministres peut déférer au tribunal d’État les auteurs, coauteurs ou complices de tous actes, menées ou activités qui, quels qu’en soit la qualification, l’intention ou l’objet, ont été de nature à troubler l’ordre la pais intérieure, la tranquillité publique, les relations internationales ou, d’une manière générale, à nuire au peuple français. » Le procureur de la Seine commente alors : « On peut se demander si le législateur ne s’est pas engagé […] dans la voie d’un droit pénal moins formaliste et plus dynamique comme celui de législations voisines plus modernes », pointant ainsi l’influence à peine dissimulée de la philosophie nazie du droit, car le « peuple » n’est pas une notion juridique en France, à la différence du Volk allemand.

Ainsi, les condamnés de l’affaire de Colombes sont ramenés à la Santé afin de comparaitre devant la section de Paris – en charge de la zone occupée – du tribunal d’État.

Les 19 et 20 septembre, celui-ci ramène à un an d’emprisonnement la peine de Gabriel Royer, y ajoutant ou confirmant amende et privation de droits civiques. Mais elle condamne à mort Adolphe Guyot – considéré par l’accusation comme chef de l’organisation clandestine à Colombes – ainsi que Jacques Woog, tous deux déjà pressentis pour être jugés par la Section spéciale. Ils sont guillotinés à La Santé le 24 septembre.

En octobre, Gabriel Royer est – comme Arthur Lepetit – transféré à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Yvelines).

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Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

À l’expiration de sa peine, le 23 novembre, il n’est pas libéré : le directeur de la prison à préalablement sollicité l’autorisation de l’Autorité allemande et, comme le rappelle une note des R.G., « …en exécution de la note allemande du 15 septembre 1941, du général Schaumburg, Commandant des forces militaires en France, Royer ne peut être remis en liberté qu’avec l’assentiment des autorités d’occupation ».

Le 23 décembre, son épouse écrit au ministre de l’Intérieur, place Beauveau, à Paris,  pour solliciter sa libération, indiquant que le président-directeur de la S.I.M.I., qui le considère comme un très bon ouvrier, est disposé à le reprendre. Le 6 janvier 1942, un cadre du ministère écrit au préfet de Seine-et-Oise pour lui demander « si la conduite et l’attitude de l’intéressé […] permettent d’émettre un avis favorable à une mesure de clémence à son égard. Votre rapport devant être soumis à la prochaine réunion des services de la police anticommuniste, il y aura lieu de ma le faire parvenir sous huitaine. »

Le 13 février 1942, Gabriel Royer est, avec Arthur Lepetit, parmi les vingt-quatre « militants communistes » de Poissy – composé pour moitié de futurs “45000” – transférés au dépôt de la préfecture « en vue d’une mesure d’internement administratif ». Le 25 mars, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif en application du décret du 18 novembre 1939, officialisant la situation ; décision confirmée par le ministre secrétaire d’État à l’Intérieur.

Le 16 avril, Gabriel Royer fait partie d’un groupe d’une soixantaine de détenus – dont quarante-quatre futurs “45000” – transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir), où il est enregistré sous le matricule n° 110.

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Entrée du camp de Voves.
Date inconnue, probablement après mars 1943.

Le 10 mai 1942, il fait partie des 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Gabriel Royer est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Gabriel Royer.

Il meurt à Auschwitz le 26 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Entre temps, le 1er septembre, le cabinet du préfet de police avait écrit au directeur des renseignements généraux à la demande du ministère de l’Intérieur afin qu’il lui transmette « son avis sur l’opportunité d’une mesure de clémence à l’égard » de Gabriel Royer « actuellement interné au centre de séjour surveillé de Voves » ! La réponse était négative.

Le 23 décembre 1944, le témoignage de Geneviève Royer figure dans le rapport d’enquête de la section d’épuration de la préfecture de police visant Paul Guillaume, commissaire de Colombes.

En 1945, celle-ci est employée chez un teinturier de la rue de Penthièvre (Paris 8e).

Le 3 mars 1947, le décès de Gabriel Royer est transcrit à la mairie de Colombes avec pour date « septembre 1942 ».

Gabriel Royer est homologué comme “Déporté politique”.

Geneviève Royer décède le 19 octobre 1974 à la Neuville-en-Hez (Oise), âgée de 61 ans.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de Gabriel Royer (J.O. du 27-01-1999) ; avec erreur sur la date («  fin juin 1942 »).

Notes :

[1] Colombes et Fresnes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

 

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 381 et 403.
- Cl. Cardon-Hamet, notice réalisée pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” du nord des Hauts-de-Seine, citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier national).
- Messages de Colette Pessel, fille de Gabriel Royer, avec documents d’archives familiales en pièces jointes (06-2012)
- Archives départementales de la Marne (AD 51), site internet, archives en ligne : registre des naissances d’Esternay, année 1901 (2 E 265/19), acte n° 18 (vue 102/108).
- Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 31 mai au 3 septembre 1941 (D1u6-5856).
- Archives de la préfecture de police (Paris), site du Pré-Saint-Gervais : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; carton “Parti communiste” (BA 1928) ; dossier individuel des RG (77 W 50 – 100748) ; dossier d’épuration de Paul Guillaume, commissaire de Colombes (77 W 4360-294139).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Association Arbre, marne-archives.com (n°8214).
-  Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1032 (37415/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 31-05-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.